Le S.I.A.E.S. est un syndicat d'enseignants académique indépendant et de proximité, a votre service, l'adhésion la moins onéreuse de tous les syndicats d'enseignants de l'éducation nationale, coordonnées du syndicat, qui sommes nous

courrier du S.I.A.E.S. n° 25 - juin 2005 -

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EDITORIAL
Mouvement intra-académique. Le point
ENTRANTS. Frais de déménagement
Compte rendu du débat " Discipline et autorité dans les établissements scolaires"

Assemblée générale exceptionnelle du Mercredi 18 mai 2005 Lycée Saint Charles .Marseille.
Il est des jours où l'on regrette de s'être levé !
Lettre à nos élèves…
Bien le bonjour de la France d'en bas!
BONNES VACANCES !

Agrégés Hors classe
Indemnité exceptionnelle de sommet de grade
CERTIFIES : Hors Classe CAPA 5 juillet 2005

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EDITORIAL

L'année scolaire s'achève, pour les syndicats comme pour les gestionnaires  du Rectorat, "sur les chapeaux de roue", avec des réunions en chaîne, pour le mouvement intra-académique et les CAPA d'avancement d'échelon, de révision de notes administratives et d'accès à la Hors Classe ( hormis les Agrégés ). CAPA reportées ou repoussées pour permettre de prendre en compte les retards d'inspection dans le premier cas et, pour la Hors Classe, la mise en œuvre d'un nouveau barème académique.
Pour la Hors Classe (Certifiés, Professeurs d'EPS, PLP) nous vous avons régulièrement informé des péripéties et de l'accouchement douloureux du barème ( à l'élaboration duquel le S.I.A.E.S. a activement participé ) qui sera mis en œuvre cette année dans l'académie ( voir les Courriers 23 et 24 , et les Lettres 27 et 28 ) et pour lequel le Bulletin Académique n° 317 du 7 mai donnait toutes indications.
Les CAPA concernées se tiendront fin juin - début juillet, sans que l'on puisse pour l'heure préjuger des conséquences induites par ce nouveau barème.
Comme il se doit le S.I.A.E.S. sera attentif à tous les cas et informera directement tous ses adhérents et sympathisants, comme toutes celles et ceux qui lui en feraient la demande (écrire avant le 30 juin à : SIAES J.Mille 133 rue Jaubert 13005 Marseille, + un timbre pour la réponse).
Pour les tableaux d'avancement d'échelon le report tient au fait que le Rectorat a enfin accepté de prendre en compte les retards d'inspection de très nombreux collègues, pénalisés par une note pédagogique ancienne pouvant les priver d'un avancement au choix ou au grand choix, quand on sait qu'une promotion se joue souvent à un dixième près !
Le S.I.A.E.S. n'avait eu de cesse de demander aux différents recteurs de remédier à cette injustice. Il est heureux de constater que cette demande a été - enfin - entendue et suivie d'effet. En conséquence tous les promouvables non inspectés depuis 5 ans ou plus verront leur note pédagogique relevée d'un point.
Cette décision a ainsi obligé les services du Rectorat à refaire tous les tableaux d'avancement, au prix d'un travail supplémentaire dont nous savons gré aux gestionnaires concernés.
Ces réunions, normalement programmées plus tôt dans l'année, ont dû s'intercaler dans le calendrier- non modifiable - du mouvement intra-académique, expliquant par là la charge de réunions prévues en fin d'année scolaire ( voir calendrier du Rectorat , page 2 ).
Pour le mouvement Intra lui-même , outre le calendrier traditionnellement mis en place fin mai- début juin, il convient d'ajouter la nouveauté d'un mouvement TZR prévu le 11 juillet.
Il s'agit là aussi d'une demande que le S.I.A.E.S. avait régulièrement formulée auprès des différents recteurs, et que nous voyons ainsi aboutir cette année.
Nos arguments partaient du constat que de nombreux TZR "vivaient mal " leur affectation en service à l'année ( AFA ) à la veille même de la rentrée, ce qui les mettait dans l'impossibilité de s'organiser, de préparer cours et leçons en fonction des classes attribuées, de formuler des vœux de service et d'emploi du temps… Autant de motifs d'ordre pédagogique et personnel soutenant nos propositions, mais que d'autres syndicats, le SNES entre autres, rejetaient au prétexte que des services "plus intéressants" pouvaient se découvrir à la rentrée. En fait plutôt après la rentrée, ce qui réduit l'argument, car les supports horaires ( blocs moyens provisoires ) connus au 27-28 août , et sur lesquels étaient affectés jusqu'ici les TZR à la veille de la rentrée, ne différaient guère de ceux connus au 10-11 juillet, sauf à penser que des "blocs" imprévus aient pu apparaître…pendant les vacances !
L'essentiel du mouvement TZR se fera donc le 11 juillet, avec complément d'affectation, essentiellement en rattachement ( RAD ) , le 26 août. Le Rectorat précise qu'il n'opérera aucun changement pour les affectations prononcées en juillet.
En définitive le S.I.A.E.S. a le sentiment d'avoir bien œuvré dans l'intérêt des personnels, en obtenant satisfaction sur plusieurs points d'ordre général qui lui tenaient à cœur, ainsi que sur de nombreux cas particuliers à propos desquels il a été amené à intervenir.
Jacques MILLE

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Mouvement intra-académique. Le point.
Les opérations se sont déroulées selon le calendrier prévu, non sans quelques problèmes liés à l'élaboration du barème académique. Le Courrier 24 et la Lettre 28 avaient exposé l'essentiel de ces problèmes , en particulier concernant les points APV. N'y revenons pas , mais constatons que la mise en œuvre de ce barème a, ici aussi, considérablement sollicité les personnels du Rectorat, pratiquement obligés de TOUT vérifier et reprendre à la main, quand l'informatique ne se révèle ni totalement fiable, ni à la hauteur. De même pour les représentants du personnel devant débrouiller l'écheveau des "codes" pour comprendre l'origine des points attribués en "bgi" ( bonification de gestion individualisée ) , avant que le Rectorat n'en fournisse la clef !
En définitive les groupes de travail " barèmes et vœux " ont repris entre 6 et 15 % des cas. Sans parler de ceux qui avaient été réglés en amont, directement dans les services. On peut ainsi estimer que, par rapport aux données SIAM, ce sont près de la moitié des barèmes qui ont été rectifiés, préalablement ou en groupes de travail, montrant à l'évidence l'utilité d'un suivi syndical quand l'Administration, même pleine de bonne volonté, ne peut faire face à tous les cas… surtout s'ils ne lui sont pas signalés.

ENTRANTS. Frais de déménagement.
Pour les entrants pouvant prétendre au remboursement des frais de changement de résidence après mutation dans l'académie d'Aix-Marseille, dossier à constituer auprès de la DIFIN dans le délai d'un an à compter de la date d'installation dans la nouvelle résidence administrative. Voir BA n° 320 du 30 mai 2005
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Compte rendu du débat " Discipline et autorité dans les établissements scolaires"
tenu au CRDP de Marseille le 6 Avril 2005
Organisé par l'ADEP ( Association de défense de l'Enseignement Public ), le S.I.A.E.S. , le SAGES et l' UDAF 13.

Le thème proposé ne concernait pas la violence en milieu scolaire, sujet désormais " classique " , mais le quotidien des professeurs confrontés au manque de respect et à l'indiscipline des élèves, ainsi qu' à l'exercice de l'autorité.
Exposés des intervenants et discussion avec la quarantaine de participants ont alterné au cours des deux heures du débat.
Si certains invités s'étaient fait excuser ( Monsieur Fillon, Madame Ségolène Royal, Monsieur Jean Pierre Chevènement , Monsieur Luc Ferry ) , avec des propos encourageants, ou s'étaient fait représenter ( Monsieur Jean Claude Gaudin ) , d'autres ont brillé par leur absence . Ainsi des syndicats , autres que ceux, S.I.A.E.S et SAGES, co - organisateurs du débat avec l'ADEP et l'UDAF 13 . Ainsi également de l'IUFM et des fédérations de parents d'élèves ( FCPE, PEEP ) ainsi que des Conseils Régional et Général, pourtant concernés . A croire que le sujet ne les intéressait pas… à moins qu'ils n'aient craint d'avoir eu à aborder un problème qui les gène ?
De même a-t-on dû déplorer le silence de la presse locale ( La Provence ) qui, informée par divers canaux, n'a pas cru bon d'annoncer le débat ni y envoyer un journaliste. Etrange conception de l'information, s'il ne s'agit pas d'une censure qui ne dit pas son nom.
Quoiqu'il en soit, la teneur des discours et des interventions a montré l'importance du sujet et l'intérêt qu'il suscite.
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Après la présentation faite par M.Zoppi sur la nature et la conduite du débat, un bref exposé a été fait par les intervenants à la tribune .
La parole est donnée en premier à M.Guy Chaigneau, Proviseur de la vie scolaire, représentant Monsieur le Recteur de l'académie.
Il rappelle qu'éducation et enseignement vont de pair, et qu'apprendre suppose, pour les élèves, un minimum de contraintes, d'où la place prépondérante de la discipline et de l'exercice de l'autorité. Autorité sans contrainte physique, ne consistant pas seulement à donner des ordres mais à être capable de les faire exécuter. Autorité exercée dans le cadre de règlements devant être respectés, sur la base d'un consentement commun, ce qui est la discipline. Cela pose le problème du rapport enseignant / enseigné dans lequel l'autorité du professeur est essentielle, car en son absence ce serait la "loi de la jungle". Il rappelle aussi que "la liberté peut opprimer" et que "la loi protège" et, citant Socrate, que "quand les enfants commandent, c'est toujours la récréation ". Il y a donc nécessité politique d'établir des règlements, de les faire connaître en leur donnant un sens, et de les faire respecter, en toute responsabilité. C'est bien ce qu'énoncent depuis longtemps les textes en vigueur dans l'Education Nationale et que reprend la loi Fillon.
M. Bettini ( UDAF 13 ) expose à son tour son point de vue qui est le résultat d'une enquête effectuée auprès des familles, c'est à dire les "usagers" de l'Education Nationale ( voir contribution jointe ).Il ressort que, pour les parents, la discipline doit tenir une place essentielle dans le fonctionnement de l'Ecole pour que l'enseignement soit intelligible et que l'apprentissage de la vie en société se fasse dans le respect des uns et des autres, tant au niveau du langage que de la tenue et des comportements.
M. Ortolland, au nom de l'ADEP, du S.I.A.E.S. et du SAGES , présente, après avoir remercié M.Chaigneau, le point de vue commun à ces trois organisations.
La discipline apparaît comme une condition nécessaire à l'enseignement et à l'éducation, un préalable indispensable. Elle est garante d'efficacité, fondement de la civilité et du civisme, facteur d'intégration pour les jeunes d'origine étrangère, élément structurant de la personnalité, moyen d'insertion dans la vie professionnelle ( employabilité ).
De ce fait la discipline, sans être une fin en soi, se révèle comme un élément essentiel de notre profession et , si elle n'est au cœur de l'enseignement, n'en est pas moins un de ses catalyseurs, tant pour sa réussite que pour son échec, comme elle est un révélateur et un angle d'approche pertinent des problèmes qui se posent à tout enseignant dans la conduite de son travail, en relation non seulement avec les élèves, mais aussi les parents, les collègues, l'administration.
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Participants.
L'ensemble est d'accord avec ces principes généraux. L'un insiste sur les problèmes d'application. Un autre témoigne par l'absurde " d'un élève de collège non sanctionné parce qu'ayant déjà… trop de sanctions" !
M.Roynard ( SAGES ) , après avoir constaté que la situation actuelle est caractérisée par un déficit d'autorité et de discipline, présente le fait qu'il y a deux situations à prendre en considération : l'autorité et la discipline dans la classe et hors de la classe. Dans le premier cas c'est un moyen pédagogique au service de l'enseignement et le professeur a une autorité à part entière qui lui est déléguée par la loi; dans le second c'est un moyen éducatif qui s'exerce conjointement avec l'administration ( voir contribution jointe ).

Jugement sur la situation actuelle.
M .Chaigneau énonce en préalable
que le chef d'établissement a un rôle éminent à jouer dans le domaine de la discipline et de l'autorité. S'il n'est pas le premier didacticien de l'établissement, il a vocation à en être le premier pédagogue, d'où son rôle.
Il fait ensuite un rapide rappel historique, en référence à H.Arendt ( " l'autorité a été abolie par les adultes refusant d'assumer leurs responsabilités", 1954 ), puis à l'évolution générale de la société et des comportements familiaux dans les années soixante, aux travaux de Bourdieu et Passeron, puis à ceux de Boudon ; 1968 a marqué le refus de l'autorité et de la discipline ( "il est interdit d'interdire" ) et disqualifié l'autorité tant des professeurs que des inspecteurs ; les parents se sont montrés de plus en plus exigeants, contestant l'autorité du maître face à un professionnalisme souvent crispé ; les classes hétérogènes, comme les établissements, ont créé des exigences contextuelles nouvelles ; la montée des incivilités s'est manifestée et la judiciarisation des conflits est apparue.
La situation actuelle révèle bien la multiplication des problèmes liés à la difficulté de faire respecter les règles, alors que ces règles existent, sont connues, admises, comprises et partagées par le plus grand nombre ! Le Rectorat enregistre ce phénomène, avec une hausse de plus de 20 % des comportements "sanctionnables" depuis la rentrée 2004.
Pour l'UDAF 13, M.Bettini indique que, d'après l'enquête auprès des familles, la situation apparaît très grave. L'autorité et la discipline font de plus en plus défaut ou, aux dires des parents, sont pratiquées dans l'incohérence ou l'incompréhension. Mais on en parle plus qu'auparavant. Il constate qu'il convient de nuancer en fonction des enseignants et des établissements. Il évoque aussi les "violences parentales" quand les parents soutiennent ou couvrent systématiquement leurs enfants fautifs.
M.Ortolland estime que la situation est préoccupante, et n'est pas nouvelle. Il faut en parler. C'est l'objet du débat.
Pour lui deux éléments sont à mettre en évidence : 1 ) la difficulté ou l'incapacité à faire respecter le minimum élémentaire ( il est des classes où l'on ne parvient pas, quoiqu'on fasse, à obtenir des élèves qu'ils aient leur matériel de travail ou qu'ils fassent silence… ), 2 ) l'insuffisance ou le manque de volonté pour faire appliquer la discipline par le respect des règlements.Haut page
La vie quotidienne dans les établissements révèle très vite ces comportements : professeurs taisant leurs difficultés auprès de l'administration pour ne pas apparaître incapables d'asseoir leur autorité et de faire respecter la discipline ( mais les mêmes se plaignant souvent en salle des professeurs des comportements des élèves ); professeurs "achetant la paix sociale " en classe par une notation laxiste, Administration minimisant ou étouffant les problèmes pour ne pas en avoir avec les familles, les élèves, les fédérations, les syndicats, la hiérarchie, d'où le leitmotiv " pas de vagues" ; il faut que "tout baigne" et sauver les apparences pour ne pas porter atteinte à l'image de l'établissement. Pire parfois, la volonté d'exercer autorité et discipline se retourne contre ceux qui voudraient en user, avec "l'aide" de l'Administration qui s'en sert contre eux comme d'un moyen managérial pour les pousser vers la sortie ( par exemple en demandant une mutation… ).
Mais la situation n'est pas uniforme selon les établissements, selon les séries, selon même les professeurs et leur "statut" dans l'établissement. Et les inégalités sont flagrantes en ce domaine.
En fin de compte l'observation montre le paradoxe que la discipline s'applique le mieux là où elle est le moins nécessaire, et fait défaut là où elle serait le plus !
M.Ortolland souligne que le sujet reste "tabou" , ou qu'il apparaît "ringard", ce qui explique sans doute les résistances de la presse locale et de certains syndicats pour lesquels l'autorité, la discipline, le respect du professeur ne sont pas considérés comme des préoccupations prioritaires.
Il expose les conséquences négatives de cette insuffisance ou de ce manque de discipline :
- cela grève l'efficacité de l'enseignement ( problème de productivité ) quand on doit passer un quart d'heure ( ou plus ) pour essayer de ramener un minimum d'ordre ou d'attention en classe, au détriment bien sûr du travail scolaire des élèves. Et que l'on ne vienne pas nous dire que cela ne concerne que des professeurs " sans autorité" , voire "chahutés", quand nous connaissons tous des professeurs chevronnés, qui n'avaient jamais eu de problèmes de discipline et qui s' y trouvent désormais confrontés
- cela aggrave les inégalités entre les élèves : les "bons" s'en sortiront toujours quand les plus faibles s'en trouvent pénalisés
- cela déstructure la personnalité des enfants fragiles, pour qui l'indiscipline, parce qu'ambiante, devient naturelle
- cela conduit enfin inévitablement à l'arrogance, aux incivilités, à la violence, voire à la délinquance, faute d'avoir voulu - ou pu - faire respecter à temps les règles de vie commune en classe et dans l'établissement.
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Participants.
Des témoignages confirment ces dires sur la situation actuelle, mettant l'accent sur le préjudice pour les élèves eux-mêmes. En revanche, là où ces principes s'appliquent la situation est meilleure. C'est ce qui explique la fuite constatée vers le Privé, en particulier au moment du passage en 6ème ( stratégie d'évitement ) y compris pour des enfants nouvellement arrivés en France. Un participant fait remarquer que l'Etat délègue une autorité qu'il n'exerce pas lui - même ( cf. recul sur le baccalauréat ). Un autre fait état des "facteurs externes" ( la société ) poussant au non respect des règles et des "facteurs internes" ne permettant pas d'exercer pleinement l'autorité et la discipline : il s'agit du rôle de chacun dans l'Ecole, les parents "devant rester à leur place", et de la baisse de l'encadrement par des adultes dans les établissements. L'encadrement est une nécessité si l'on veut faire appliquer les règles et respecter la discipline.
M.Labit intervient pour rappeler que faire respecter l'autorité " ne coûte rien" si l'on en a la volonté et que l'on veut assumer ses responsabilités, à tous les niveaux. Il évoque une "révolution silencieuse" qui a conduit les professeurs à avoir honte de l'être et d'avoir à exercer une autorité. Perte de responsabilité, synonyme de lâcheté. Il dit que l'autorité n'est pas un problème de rapport de forces, de manipulation, mais de la crédibilité que l'on a par l'exercice maîtrisé de l'enseignement dans sa discipline. Il souligne aussi l'arrière-plan affectif en matière d'autorité et l'imbroglio à tous les niveaux avec, entre autres, la confusion croissante entre ce qui relève de la famille et ce qui relève de l'Ecole. Une distance est nécessaire entre le maître et l'élève. Il conclut en insistant sur la nécessité d'un courage et d'une volonté collectives, face aux "lâches qui regorgent d'explications… "
M.Roynard parle du "droit à la protection" pour tout fonctionnaire, en écho à la judiciarisation évoquée par M.Chaigneau. Les textes existent mais on constate qu'ils sont très rarement mis en œuvre par l'Administration, et que les professeurs ont un "seuil de tolérance" élevé face aux problèmes de discipline et d'autorité. Mauvaise conscience ? Il observe aussi des "détournements de procédure" par l'administration des établissements qui, au lieu d'aider les professeurs en difficulté, les met parfois dans des conditions aggravant ces difficultés… pour pouvoir les sanctionner !
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Propositions pour améliorer la situation.
M.Chaigneau en expose quelques unes qui, dit-il, n'engagent pas l'Administration.

L'évidence est d'expliquer d'abord à tous droits et devoirs. Et aux élèves les règles pour qu'ils se les approprient, avant de sanctionner. Eduquer au respect et à la justice, car les jeunes sont très sensibles sur ce point. Le bon sens doit prévaloir pour ne pas revenir à une "autorité à l'ancienne".
Il pense que le problème se pose fondamentalement pour les jeunes professeurs : il leur faut une formation mieux adaptée en IUFM pour ne pas les envoyer "à l'abattoir" dès leur première nomination. A ce titre une affectation sur deux établissements de niveaux différents lui paraît envisageable, ainsi qu'un meilleur accueil dans les établissements pour les nouveaux nommés.
Pour les autres il croit en une " politique de projet " qui pourrait permettre une plus grande solidarité entre les personnels, dans le cadre d'un pilotage partagé, pour assurer le respect des règles.
Il estime que, pour tous, il y a nécessité que les personnes puissent s'adapter aux situations, et que chacun puisse compter sur le soutien de la hiérarchie.
M. Bettini donne le point de vue des familles ( voir contribution annexée ).
Pour M.Ortolland il faut évidemment respecter les personnes, en l'occurrence les élèves, sur lesquels on exerce autorité . Partant de là il est persuadé qu'une amélioration est possible sur les bases suivantes :
- "conversion" des dirigeants et des élites ( politique, presse, formateurs ) à la reconnaissance du bien-fondé de l'autorité et de la discipline
- modification de l'attitude de certains chefs d'établissement, trop laxistes vis à vis des élèves et des parents, voire recours des personnels contre certains, défaillants en la matière
- réflexion sur le statut des CPE dont la fonction est floue et parfois génératrice de tensions ( relations ambiguës avec les élèves, les familles, les professeurs, l'administration… )
- modification du comportement passif ou soumis du corps enseignant , trop souvent résigné
- dispositif réglementaire simple et uniforme, lisible par tous
- explications nécessaires des règles établies en début d'année et mise en application rapide de mesures en cas de manquement ( car il ne sert de rien de rappeler les mêmes consignes à longueur d'année, de "signaler" à de multiples reprises, de faire rapport sur rapport mais sans suites, sinon à se discréditer et montrer faiblesse et impuissance, c'est à dire en fin de compte encourager les élèves à continuer, sans risque )Haut page
- mise en place d'une échelle de sanctions éducatives proportionnées et rapidement mises en œuvre, en dehors du temps scolaire, en particulier sous forme de "retenues avec travail " ou de "travaux d'intérêt général", comme cela existe ici ou là. Question de volonté et d'accord de tous. L'exclusion temporaire, largement pratiquée, sans être à rejeter, devrait être limitée car contre-productive.
Au final M.Ortolland plaide pour l'allégement du système pour le rendre plus clair, plus compréhensible et plus efficace. Il faudrait aussi revoir les modes d'orientation et de diversification des parcours pour permettre aux élèves de travailler en fonction de leurs choix et de leurs capacités, car il est clair que les mauvaises orientations ou les passages forcés sont souvent source de démotivation, et partant d'indiscipline.

Participants.
M.Bourgat , représentant M.JC Gaudin, dit l'importance des sanctions. Mais face à la multiplicité des situations l'échelle est à revoir et une diversification s'impose. Un règlement doit être lisible, et la réponse donnée à son manquement adaptée et productive. La sanction est nécessaire car sinon il y a sentiment d'impunité et preuve d'impuissance pour celui qui détient l'autorité .
M.Zoppi tient à rappeler le contenu positif des deux notions d'autorité et de discipline. Pour la première c'est étymologiquement une "augmentation" , c'est à dire un moyen d'accroître les compétences , en particulier celles des élèves, grâce à son exercice, donc un moyen d'efficacité. Et il va de soi qu'autorité et liberté vont de pair, comme l'avait souligné d'entrée M. Chaigneau . Pour la seconde ce n'est évidemment pas l'image du fouet qui doit prévaloir, mais celle du respect des règles acceptées, par effort sur soi… quand on serait tenté de les transgresser. C'est à dire , pour l'élève, s'imposer une discipline, en tant qu'élément constructeur de la personne.
Deux intervenants redisent la nécessité de ne pas être "faible" ou "lâche" avec les enfants, et de se comporter en adultes courageux et responsables.
M.Roynard renvoie à la Constitution de 1946 disant que " l'organisation de l'enseignement est un devoir de l'Etat qui doit mettre en place les conditions propices à sa réalisation ". Et la discipline est l'une de ces conditions.
Il conteste le point de vue de M.Chaigneau sur la nécessité pour les professeurs d'accepter la situation et de s'y adapter. Il assimile cela à des soins palliatifs, quand il faut agir de manière préventive et curative.
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Au terme de plus de deux heures d'exposés et de débat le mot de la fin revient à M.Bettini ( UDAF 13 ) pour dire que tout doit être envisagé en partant des élèves et dans leur intérêt, étant acquis qu'il est de leur intérêt que l'enseignement qui leur est dispensé, pour leur être le plus profitable, le soit dans des conditions de calme et de respect , ce qui est la discipline.


Résultats de l'enquête de l'UDAF 13 auprès des familles sur les questions posées lors du débat sur " Discipline et autorité dans les établissements scolaires".

1) Quelle place accordez-vous à la discipline dans l'enseignement et l'éducation dispensés dans les établissements scolaires ?
- place essentielle pour transmettre, dans de bonnes conditions, un enseignement intelligible par tous les élèves, chacun avec ses particularités et ses différences
- apprentissage de la vie en communauté, écouter l'autre et le respecter
- discipline du langage, mais aussi de la tenue
- la discipline doit être évolutive en fonction des élèves et des classes

2 ) Comment jugez- vous la situation actuelle ?
- très grave, mais un sursaut
- la discipline actuelle est alambiquée, impraticable et vide de sens. Incompréhension totale
- la discipline dans un établissement n'est pas appliquée de la même manière suivant les enseignants
- violence parentale
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3 ) Quelles propositions pour améliorer la situation ?
Règlement intérieur.

- passer un contrat avec les élèves en début d'année scolaire, charte de la vie scolaire négociée avec les parents, les élèves et les enseignants
- application du règlement par tous, élèves, parents, personnels de l'établissement
- le règlement intérieur, dans ses généralités, doit être commun à tous les établissements scolaires
- les élèves sont demandeurs d'une discipline à condition qu'elle soit maintenue par tous et non arbitraire
Fonctionnement.
- cohérence de l'équipe pédagogique
- l'enseignant , seul maître à bord dans sa classe, doit être suivi par sa hiérarchie en cas de difficultés dans sa démarche pédagogique
- emploi jeunes
- parents responsables
- éducation des élèves à la responsabilité; formation des "responsables de classe" en participation avec les enseignants et la Direction de l'établissement, mais le "responsable de classe" ne doit pas être le larbin de service.
Formation des maîtres
- mettre des cours de civisme dans les programmes; cette discipline doit avoir autant d'importance que les matières essentielles. Formation adéquate des maîtres dans les IUFM à cette fin
- rendre obligatoire en IUFM un module sur les relations avec les familles

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Contribution de D .Roynard ( SAGES )

Comme suite au débat j'expose ici quelques considérations et analyses complétant mes propos tenus lors du débat.
Dans les exposés et le débat, bien que certaines considérations de fait ou de type affectif soient toujours amplement explicitées, bon nombre de considérations ne sont qu'implicites, exposées par prétérition et jamais vraiment débattues. Or il me paraît nécessaire de distinguer d'emblée , comme je l'ai fait dans une intervention, deux "zones" de l'établissement au regard des questions d'autorité et de discipline, à savoir la classe à proprement parler, i.e. là où c'est le professeur qui doit disposer en propre de l'autorité et de la discipline sur les élèves, et le reste de l'établissement qui doit être considéré, ainsi que les personnels qui y oeuvrent, comme un lieu administratif " comme un autre" .
J'ai surtout exposé que ne pas faire la distinction , c'est d'emblée ne pas considérer la salle de classe et le professeur pour ce qu'ils doivent être, poser en préalable que le professeur n'est qu'un employé administratif comme les autres, disposant non d'une délégation permanente et de principe fondée sur une autorité propre, d'une liberté et d'un pouvoir propres au sein de la classe, mais d'un employé de l'administration subordonné parmi d'autres.
Le problème , hélas! c'est que non seulement les chefs d'établissement, et avec eux toute l'administration, inspection y compris, ne font plus cette distinction, mais que la plupart des collègues admettent cette vision purement administrative, et réclament de l'administration non qu'elle satisfasse à ses devoirs, dont celui de mettre en œuvre les conditions propices à l'enseignement, mais qu'elle daigne leur venir en aide.
Sur le discours du représentant du Rectorat j'ai retenu deux passages significatifs :
- " le chef d'établissement est le premier pédagogue de l'établissement, mais pas le premier didacticien "
- " il faut que les IUFM s'efforcent de parvenir à une meilleure adaptation aux situations et de former les jeunes collègues à ce qui les attend"
Autrement dit, pour ce qui concerne le principal, le professeur est et doit être sous l'autorité et la discipline du chef d'établissement pour ce qui relève de la pédagogie , et il ne lui reste que comme accessoire " la niche didactique" . Pour le reste il ne s'agit nullement de remédier "aux situations" difficiles rencontrées par les professeurs au sein des établissements, mais de " former les futurs professeurs à ce qui les attend", soit non d'adapter les conditions d'exercice aux nécessités de l'enseignement, mais les personnels aux conditions d'exercice, et d'ailleurs pas nécessairement en vue d'une meilleure transmission des savoirs…
J'ai évidemment exprimé que pour le SAGES, ce n'étaient pas des soins palliatifs qu'il fallait, mais un traitement curatif, propre à réinstaurer l'autorité et la discipline.
Il m'est par ailleurs revenu en mémoire des images télévisées du tribunal de Bobigny où l'on voyait des parents et des relations des personnes jugées ou condamnées manifester agressivité et même violence à l'égard des magistrats. Or s'il est bien certain que la violence, l'indiscipline et le non respect de l'autorité ne sont pas propres à l'enseignement , il est frappant de constater que :
- on ne demande pas aux juges "une meilleure adaptation aux situations" du style de celles qui se sont déroulées au tribunal de BobignyHaut page
- la nécessité de "former les fonctionnaires à ce qui les attend", à ce tribunal et ailleurs, concerne ceux qui sont chargés d'y assurer le maintien de l'ordre, pas les juges eux-mêmes
- la science et le savoir-faire des professeurs relativement à l'enseignement sont assurément moins sujets à caution que la bonne application du droit par l'appareil judiciaire considéré dans son ensemble.
Je trouve évidemment normal que l'on cherche à maintenir l'autorité et la discipline dans les tribunaux, et ne réclame pas qu'on inflige aux juges le traitement inadapté et humiliant que l'on impose à la plupart des professeurs enseignant dans les établissements scolaires. Mais je suis sidéré de devoir constater que d'un côté on s'emploie à endiguer les débordements des fauteurs de trouble et de sauvegarder les prérogatives des juges, et que de l'autre il n'est progressivement même plus question de remédier aux troubles dont les professeurs sont victimes, et encore moins de sauvegarder leurs prérogatives, car ce serait revenir sur celles dont l'administration s'est progressivement et indûment emparée.
La question de l'autorité et de la discipline est indissociable de celle de la place et des prérogatives du professeur : si l'administration respectait les professeurs comme elle respecte les juges, elle ne considérerait pas anodin, voire normal, que les élèves et les parents leur manquent de respect, comme c'est souvent le cas.
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Assemblée générale exceptionnelle du Mercredi 18 mai 2005 Lycée Saint Charles .Marseille.
Voir Lettre du S.I.A.E.S. n° 28 du 25 avril 2005.
Ordre du jour : constitution de listes pour les élections aux CAPN de décembre 2005.
Le 14 mars 2005 ont été déposés à la Mairie des Pennes Mirabeau les statuts d'un nouveau syndicat à vocation nationale , le S.I.E.S. Syndicat Indépendant de l'Enseignement du Second degré, dont le préambule des statuts a été publié dans la Lettre n° 28 du 25 avril 2005.
En liaison avec la création de ce syndicat les adhérents du S.I.A.E.S. ont été appelés à se prononcer sur la question suivante : " Etes-vous d'accord pour que le S.I.A.E.S. s'associe avec le S.I.E.S. afin de constituer des listes communes en vue des CAPA et des CAPN lors des élections professionnelles de décembre 2005, dans les corps des Certifiés et des Professeurs d'EPS ? "
A l'unanimité des votants, représentant plus de la moitié ( 59, 7 % ) des adhérents à jour de leur cotisation, la réponse a été OUI ( 100 % ).
Le S.I.A.E.S. contribuera donc , dans le cadre du S.I.E.S. à l'élaboration et à la présentation de listes en CAPA (commissions académiques) et en CAPN ( commissions nationales ) en vue des élections professionnelles de décembre 2005, chez les professeurs certifiés et les professeurs d'EPS.
Pour les agrégés des listes seront présentées par le S.I.A.E.S. ( CAPA ) et par le SAGES ( CAPN )

Il est des jours où l'on regrette de s'être levé !

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Ce lundi matin, en se rendant à son lycée, François N . était plutôt de bonne humeur. Il avait passé un dimanche agréable, ses copies en retard étaient corrigées, son carnet de RdV vide et son travail préparé.
Dès son arrivée la nouvelle était tombée : à 9 h tous les cours étaient supprimés et remplacés par une heure de débats syndicaux sur l'avenir de l'éducation.
D'entrée le collègue délégué à l'échauffement de la salle avait lancé ses habituels " y a k'a ".
Yaka … créer des postes, nommer des surveillants, des aides- éducateurs, des infirmières, augmenter la DGH, les crédits, les salaires, les budgets, etc… Rien n'allait plus, disait-il. "On" cherchait à casser le service public ! A l'évidence il ne s'était pas aperçu que c'était déjà fait… Misère et précarité restaient les deux mamelles du discours.
Ce genre de propos rendait François hilare. Beaucoup approuvaient. Ils n'avaient, semblait-il, pas compris que nous n'étions plus en 1936, mais en 2005. Certains semblaient ignorer que notre Ministre n'était pas le patron. Que ça n'était pas ce malheureux homme politique qui payait les dépenses de "l'usine", mais les contribuables ! Certes l'avenir de nos enfants n'avait pas de prix, mais il avait quand même un coût. En terme d'argent public, un euro, c'est un euro. Ne serait-ce que parce qu'il ne nous appartenait pas, François pensait que nous devions veiller à ce qu'il soit dépensé avec économie et sagesse comptable. Mais il était bien le seul !
Son successeur à la tribune fut une jeune collègue, réputée pour ses harangues et représentante d'une grande nébuleuse protestataire qui n'osait jamais dire son nom. François l'avait baptisée " Mademoiselle je sais tout ". Les chercheurs en lutte, le réchauffement de la planète, les intermittents en colère, la mévente des artichauts, la guerre ici ou là, les élections, les OGM, la sécu en crise, la pollution de l'air, de l'eau, l'hôpital malade, ou la culture des arachides en Afrique… rien ne lui était étranger, véritable Pic de la Mirandole moderne, et" même cause, même combat" dans tous les cas. Cette touchante citoyenneté à sens unique n'était pas nouvelle et François se souvenait avoir fait grève, lui aussi, dans le passé, par solidarité, avec les électriciens, les sidérurgistes, les cheminots, les éleveurs de moutons du Larzac ou de lamas des Andes… Mais il se souvenait moins avoir vu un jour l'union syndicale des plombiers, des postiers ou des paysans entamer une action pour soutenir les enseignants en lutte. La comptabilité était vite faite : combien de journées chômées au prétexte des mauvaises conditions d'étude de nos élèves ? Combien de chèques adressés à l'amicale des profs en lutte… par les parents reconnaissants ?Haut page
Puis chacun avait été invité à s'exprimer "librement". Ce fut l'entrée en scène de tous ceux qui se sentaient une âme de "coach". Bien sûr il fallait mettre la pression et entraîner les troupes si on voulait les garder fraîches pour le grand sport national: l'activisme politique.
Mais d'abord une priorité absolue se manifestait : bannir le mot. Ici on ne faisait pas de politique. Jamais n'apparaissait le nom d'un parti , ni celui d'un chef charismatique. C'était un activisme masqué. Comme Monsieur Jourdain on faisait de l'idéologie sans le savoir, et pour certains de la politique tout en le niant.
Depuis plusieurs années François était habitué à ces situations : débats obscurs, distributions de journaux, grand messe œcuménique, propositions réchauffées, affiches envahissantes, pubs variées, questionnaires. Aucun effort n'était épargné.
Ceux qu'on arrivait pas à convaincre étaient regardés d'un air compassé et triste. Comme l' oeil d'un prix Nobel condamné à lire la copie d'un débile léger ! Pardonnons-leur, car ils ne comprennent pas .
Après cinquante minutes il fut décidé de voter la grève. Non pas pour satisfaire une revendication précise qu'on savait plus ou moins vouée à l'échec, mais pour "se compter" et savoir quel pourcentage de combattants serait disponible lorsque le grand jour planétaire arriverait. Mais ça faisait trente-six ans que François l'attendait !
Aucune occasion n'était laissée au hasard. Ou presque… car François aurait bien aimé voir la même ardeur se manifester pour défendre tel ou telle collègue qui, l'heure précédente, venait de se faire insulter ou menacer… et qui avait craqué, dans l'indifférence générale.
10 h sonnaient. Fin de la réunion. Les évangiles avaient été lus. "On" avait soigneusement oublié d'évoquer les questions gênantes : vandalisme, insécurité, les extincteurs vidés dans les couloirs, orientation, niveau des classes, discipline…
Chacun se précipitait vers la machine à café, plus ou moins satisfait d'avoir échappé à une heure de cours.
Une fois de plus, François pourrait écrire sur son agenda, à la date de ce jour : " rien d'intéressant"…
Michel AUTHEMAN

Lettre à nos élèves…
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"C'est parce que l'école a une fonction avant tout conservatrice qu'elle permet aux individus et aux peuples de faire surgir du neuf" Hannah Arendt
Nos élèves ont dû hurler aux oreilles de M.Fillon : " Nous ne voulons pas de votre réforme". Nombreux sont ceux qui faisaient, pour la première fois, l'expérience consistant à transgresser l'interdit des portes closes. J'ai cru un instant que le vent allait tourner. Mais non ! La loi Fillon a quand même été votée…
La vie de ces élèves s'est trouvée confrontée pendant ce moment d'épiphanie, d'histoire et d'espoir, à la barrière de l'inadmissible, de l'inacceptable , avec toutes les implications possibles et les conséquences politiques, humaines et personnelles qui en découleront.
"Jeunes, à la minute, vous seuls savez dire la vérité, en dessiner l'initial, l'imprévoyant sourire. " René Char.
Mon but est de vous aider à vous débarrasser du sentiment d'impuissance qui vous habite. Il faudrait vous ressaisir, retrouver la motivation qui vous permettra de supporter les petits rituels, parfois contestables, des maîtres que nous sommes. A vous de réagir, sans attendre que le système éducatif se réforme comme vous le souhaitiez, que les habitudes des maîtres se transforment et que les parents se remuent. A vous de découvrir ou de retrouver le "goût" , ce concept insaisissable qui existe dans l'art, la littérature, la mode ou la gastronomie, mais aussi dans les sciences, les mathématiques et la philosophie.
Mais, me direz-vous, le goût et l'esthétique, c'est bien joli, mais la seule chose qui compte, c'est quand même de réussir à l'examen.
Et vous aurez raison, il y a des échéances, des urgences. A l'école comme dans la vie. Mais chacun d'entre vous devrait aussi apprendre à voir au-delà des étapes scolaires, à prendre du recul et à s'autoanalyser : à quoi sert telle matière dans mon existence ? M'apprend-elle quelque chose ? Est-ce que j'aime ce que j'étudie ? Il ne faut pas attendre d'être dans une situation de crise pour s'interroger.Haut page
Et si vous en concluez que vous détestez les maths, par exemple ? Alors il faut apprendre à apprivoiser cette discipline, à survivre avec elle dans une sorte de modus vivendi , en déterminant l'apprentissage minimal nécessaire pour s'en sortir et pour qu'elle n'entrave pas les autres. Il faut comprendre pourquoi on n'aime pas une matière. Identifier l'obstacle : ce peut être l'effort de mémoire qu'elle impose ( mais cela s'améliore ) , la part d'abstraction qu'elle comporte ( certains en ont le goût, d'autres non ), ou encore la persévérance qu'elle exige…Il vous arrivera souvent de rater une étape , mais cela arrive même aux meilleurs. Il vaut mieux alors la cerner, chercher à comprendre en quoi cela consisterait si vous la connaissiez, faire preuve en quelque sorte "d'ignorance rationnelle ".
Nous vivons actuellement une période d'incertitude : on se demande pourquoi étudier telle matière plutôt que telle autre, tel auteur et non tel autre…Il ne faut pas céder à ce relativisme ambiant. L'école doit vous donner un savoir de base et le goût de le cultiver. C'est sa mission. C'est ce qui vous permettra d'avoir de l'épaisseur, en assimilant des connaissances qui "font souche". C'est ce qui suscitera en vous l'envie d'avoir un langage très élaboré, avec des phrases complexes et une grande diversité de vocabulaire, plutôt que de se contenter de l'utilisation de 2500 mots tout au plus.
Bien qu'aujourd'hui il n'y ait plus de savoir de base, celui que l'honnête homme se devrait de posséder, car le monde est trop complexe pour que chacun puisse l'appréhender en entier, on peut tout au moins saisir les racines des connaissances essentielles , leurs bases historiques, on peut se pénétrer de la logique d'une discipline et apprendre à bien utiliser les outils intellectuels. C'est cela le savoir de l'honnête homme moderne. Il ne peut pas se contenter uniquement de ce qui est supposé lui être utile pour réussir son examen. Il faut par conséquent réagir à cette obsession de l'immédiat, de la superficialité. Ne vous laissez pas, ne nous laissons pas envahir par le quotidien !
Mon pari est qu'on peut trouver du plaisir dans chaque discipline. Oui , si on réalise par exemple que la poésie est la musique quasi magique des mots et offre à ceux qui savent l'entendre un véritable enchantement. Oui, si on comprend que la philosophie n'est pas seulement une reconstruction de la pensée de quelques auteurs, mais aussi une éducation à la sagesse, une réponse aux grands problèmes de notre temps, et si, en allant puiser directement dans les textes des grands philosophes, on découvre qu'ils sont bien plus faciles à lire et bien plus passionnants que certains professeurs. Oui, encore, si on voit que dans les problèmes de changement de vitesse d'une bicyclette comme dans les questions de l'astronomie, la physique poursuit la même et fascinante recherche des invariants, des constantes de la nature. Oui, toujours, si on sait trouver dans l'histoire une clef pour comprendre l'évolution du monde et la réalité d'aujourd'hui. Oui, enfin, si l'on comprend que , dans le cadre de la cosmologie, la physique, la chimie, la biochimie, la biologie sont autant de chapitres de l'histoire du cosmos.Haut page
En définitive mon objectif et mon conseil sont d'ajouter du plaisir à l'effort.
Il ne servirait à rien de rêver à une école idéale. Mieux vaut tenter de survivre dans le cadre scolaire tel qu'il est, même s'il n'est pas aussi satisfaisant qu'on le souhaiterait. Apprenons à naviguer en eaux troubles sans attendre qu'elles s'éclaircissent , et essayons d'y trouver de la satisfaction. Tel est mon message. Et finissons-en avec cet esprit millénariste qui prend prétexte des difficultés du moment et de la vie moderne pour ne rien faire, ne rien changer, ne rien vivre. Mouillons nous
"Hissons la voile, il faut tenter de vivre" dit Paul Valéry dans un vers qui pourrait être un des emblèmes de ceux qui trouvent des raisons à la tristesse de pensée.
Théo HEIKAY ( EYIKE )

Bien le bonjour de la France d'en bas!
Bientôt disponible dans nos rayons, le prof SDF.


Vous avez sûrement, au lendemain du 29 mai, suivi avec attention les commentaires des uns et des autres, visualisé les débats, espéré des réponses. A défaut de lendemains qui chantent, vous avez guetté l'apparition d'une lueur d'espoir…Gros naïfs que nous sommes !
Il n'aura pas fallu plus de 48 heures pour que débarquent en force la politique politicienne, les spéculations éditorialistes, les commentaires à l'infini sur le couple Zyzy - Pinpin, les délires du Vieux Chef. Tant de choses qui ne nous intéressent pas. Car notre quotidien n'a pas changé, nos feuilles de paye sont toujours maigrelettes et 40 % de nos élèves entreront en 6ème à la rentrée prochaine sans savoir ni lire, ni écrire, ni compter .
Encore une fois, ils n'auront rien compris.
Tous. Ils tournent en rond, s'accrochent à leurs rôles, ressassent leurs vieilles convictions. Sonnés debout, certes, mais le discours à la main et le sourire aux lèvres.Haut page
Et quel mépris pour la " France d'en bas". Celle qui n'aurait voté "Non" que pour des raisons franco-françaises, quand on sait que beaucoup ont fait l'effort de lire le texte proposé, que tous se sont passionnés pour le débat.
Et quelles désillusions devant ce concours de langues de bois, cette foire d'empoigne à mille lieues de nos préoccupations !
Les hommes politiques , de quelque bord qu'ils soient, les dirigeants de tout poil ne peuvent s'empêcher d'avoir, concernant la "France d'en bas", des convictions de Romain : qu'on leur donne du pain et des jeux. Pour les jeux, ça va encore, la télé-réalité est prolixe, mais le pain nous est compté quand on découvre, au détour du casier, notre feuille de paye.
Retour à la réalité. Nos fins de mois sont laborieuses. Mois après mois. Nos heures de cours de plus en plus difficiles, devant des élèves de plus en plus ignares. Heure après heure. Le mépris de leurs parents devant notre impuissance, le bilan de nos désillusions, notre réveil amer. Notre plaisir d'enseigner qui s'effiloche. Qui fout le camp.
Revenons à nos beaux parleurs, nos contemplatifs du nombril, ceux de la "France d'en haut". Je parle là des hommes politiques, des dirigeants de tous bords, mais aussi des syndicats, des grandes centrales syndicales. Tous incapables de comprendre les raisons profondes de notre mal-être.
Langue de bois syndicale contre langue de bois gouvernementale. Cela ne me convient pas.
Et leur pitoyable talent de bateleurs de comices agricoles ne parvient pas, au bout du compte, à me faire oublier cette petite information : simple salarié de l'Etat, mon revenu est proportionnellement le même que celui d'un salarié des années 50, et je n'ai pas honte de l'avouer : j'ai le plus grand mal à boucler mes fins de mois. Après 26 ans de carrière !
Mais suis-je le plus à plaindre ? Prenons l'exemple d'une jeune collègue célibataire qui débute dans le métier…
Un salaire de TZR débutante, une affectation à l'année sans indemnités mais impliquant des déplacements coûteux, un "modeste" loyer ( et chacun sait combien les loyers sont modestes à Marseille !) , un crédit pour une petite voiture ( il faut bien pouvoir aller au collège ) …et voilà notre TZR quasi condamnée aux patates bouillies et aux pâtes, qui hésite à s'acheter de nouveaux vêtements, ne part pas trop loin en congé et guette avec anxiété les événements aggravants ( impôts divers, factures trimestrielles…). De quoi pratiquer dans la sérénité et l'enthousiasme " le plus beau métier du monde". Et l'an prochain affectée Dieu sait où, sans poste fixe !
Dans les salles des profs la colère pointe du nez et le dispute à une sourde désespérance.
Au train où vont les choses, s'il y a déjà des profs sans poste fixe, à quand les profs SDF ?
Et pour finir dans l'optimisme, je vous livre cette remarque : vous vous apprêtez sûrement à jouir de ces fameux " mois de congés payés". Ces deux mois que chacun feint de nous envier, et nous envoie à la figure des " privilégiés" que nous sommes. Haut page
Mais combien d'entre vous savent qu'en réalité ces deux mois ne sont pas payés, mais CHOMES. Et que le salaire d'un enseignant est calculé sur 10 mois, et réparti sur 12, pour des raisons de commodités. Alors vous pensez … un treizième mois !!!
Et maintenant, malgré tout, … bon chômage d'été à tous !
Richard TRONC

A toutes et tous,

BONNES VACANCES !… après une année mouvementée.
Le S.I.A.E.S. vous souhaite de récupérer au mieux … pour affronter les aléas de l'année 2005 - 2006, tout en nourrissant l'espoir d'une amélioration significative de vos conditions de travail et de rémunération.
On peut toujours rêver… On doit toujours rêver !

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Agrégés Hors classe
Nous avions évoqué dans la Lettre n° 28 du SIAES les problèmes posés par l'attribution de points "Recteur" par les IPR et le cas d'un collègue qui, n'en ayant eu aucun ( sinon ceux liés à sa réussite au concours), avait écrit à son inspecteur pour s'en étonner et l'interroger.
La réponse est arrivée rapidement, reconnaissant à mots à peine couverts "l'oubli" des mérites et de l'investissement de ce collègue, et lui laissant entendre ( " je prends bien note…") qu'il y aurait réparation… l'année prochaine. Un an de perdu.
D'autres cas nous sont revenus depuis, du même ordre avec lettre à l'inspection pour demander des explications sur un ZERO que tous estiment - et semble-t-il à juste titre - injustifié et inexplicable.
Tel ce collègue, non dénué d'humour, constatant à l'analyse de son barème que son inspecteur lui a généreusement octroyé , après de nombreuses années de bons et loyaux services … bien reconnus, ZERO sur VINGT, note qu'il ne met lui-même jamais, même à ses plus mauvais élèves ! Et demandant évidemment quelques explications.
Plus que jamais disons que toute notation doit être justifiée par écrit et clairement motivée, faute de laisser planer de sérieux doutes sur sa validité.
Cela vaut aussi bien pour les "points Recteur" de la HC des Agrégés que pour ceux qui seront mis par les IPR et les chefs d'établissement dans le cadre de la HC des Certifiés, PEPS et PLP.

Indemnité exceptionnelle de sommet de grade
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Petit bonus accordé annuellement à toutes celles et ceux qui ont atteint le "sommet" de leur grade et ne peuvent donc plus progresser indiciairement.
En l'occurrence 1,2 % du traitement brut du dernier échelon ou chevron.
Sous condition d'avoir atteint le dernier échelon ou chevron depuis 3 ans au moins.
* valable pour les retraités partis après le 31/12/2004
* en cas de temps partiel, versement au prorata de la quotité
* NBI et indexations exclues du calcul
Le Rectorat a en principe mandaté cette indemnité d'urgence, sur ordre du Ministère, fin mai.
Un travail supplémentaire, et imprévu, pour les gestionnaires en une période de presse extrême.
Qu'ils / elles en soient tous et toutes remerciés.

CERTIFIES : Hors Classe CAPA 5 juillet 2005
Si vous n'êtes pas adhérent(e) et souhaitez être prévenu(e) à l'issue de la CAPA, veuillez nous le faire savoir en nous écrivant avant le 30 juin, à :
SIAES J . Mille 133 rue Jaubert 13005 Marseille
en indiquant votre adresse et en joignant 1 timbre à 0,53 €.

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