Le S.I.A.E.S. est un syndicat d'enseignants académique indépendant et de proximité, a votre service, l'adhésion la moins onéreuse de tous les syndicats d'enseignants de l'éducation nationale, coordonnées du syndicat, qui sommes nous


Courrier  du S.I.A.E.S. n°28 - 1er mars 2006 -

 

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Editorial
Informations académiques - calendrier - Mouvement Intra académique
Hors Classe. Certifiés. Professeurs d'EPS. PLP .CPE
Hors classe barème définitif (mars 2006)
Compte rendu d'audience avec le Recteur de l'académie (10 février 2006) :
Collège, 6ème, ZEP, Ambition Réussite - EREA - Lycées 2de Orientation
 -
Reconversion - Contractuels - Postes à complément de service - Barèmes - Hors Classe - Mouvement Intra académique
Annonces : Naissance, Roumanie, Congrès du S.I.A.E.S.
Les pires choses ont une fin.. Richard TRONC
Culpabilisation
Docteur… au secours ! de Michel Autheman
La fin d'une époque. A mes amis laissés sur le bord de la route
Faut-il supprimer le bac ?
Un pichot tèste en lengo nostro pèr galeja…La Calculadouiro
Lecture…Marie DURU - BELLAT, L'inflation scolaire

 

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EDITORIAL
Se battre sur tous les fronts…
Les élections de décembre 2005 ont donné leur verdict : les abstentionnistes en sont les grands vainqueurs et sont majoritaires dans l'Éducation Nationale.
38 % des personnels du Second degré , au plan national, et 35 % dans notre académie, n'ont pas voté.
Désintérêt, repli individualiste, je m'en foutisme, désillusion ou découragement, sentiment d'impuissance ou d'inutilité, défiance envers les syndicats…
Chacun trouvera l'explication qu'il veut, mais sans doute faut-il voir là une forme de sanction contre les principaux acteurs syndicaux en place, à la fois co-gestionnaires et opposants au système, dans un exercice d'acrobatie et de double jeu qu'un nombre croissant d'électeurs finit par mettre au jour au fil des ans et des scrutins. Et ce, sans pour autant profiter de façon significative à d'autres syndicats.
Nul doute que le Ministère n'en soit discrètement satisfait, en constatant l'affaiblissement et l'émiettement du syndicalisme enseignant, et en se trouvant ainsi encouragé à poursuivre dans la voie des réformes dont nous connaissons, tous, les effets négatifs sur nos conditions de travail et de vie, ou les effets pervers derrière des affichages prometteurs et cela sans réel profit pour les élèves, sinon démagogique.
Quand il faudrait nous renforcer, l'abstention nous affaiblit.
Face à cette situation le pire serait de baisser les bras, de se décourager, de laisser le champ libre à l'administration et aux syndicats Janus . Il faut au contraire se mobiliser et se battre sur tous les fronts ouverts avec les armes du bon sens, dans l'intérêt bien compris de tous les jeunes qui nous sont confiés, par un enseignement tirant vers le haut par des formations adaptées et avec des enseignants rassérénés et confiants en leur mission et leur avenir.
Des syndicats libres et indépendants existent pour cela, et le S.I.A.E.S. en fait partie, auquel les professeurs de l'académie ont accordé une confiance accrue. Et l'interdiction, fort peu démocratique , faite par le Ministère et la justice administrative aux listes du S.I.E.S. pour les élections en CAPN , ne saurait nous décourager, comme on le verra bientôt.
Il n'y a , dans les objectifs cités, ni utopie, ni langue de bois, mais réalisme et question de volonté politique .
Qui peut en effet raisonnablement croire que l'on puisse avoir un enseignement et une éducation de qualité, au profit des jeunes et de la Nation, - ce qui fait consensus - , avec des enseignants dévalorisés ( à tous les sens du terme ) , démoralisés, déçus, aigris, contestés, menacés, violentés, culpabilisés, réduits à la servilité quand par ailleurs on proclame l'intangibilité de leur liberté pédagogique !
Il faut redonner confiance et espoir, et se battre contre tout ce qui réduit, dénature ou détruit notre fonction. Et le S.I.A.E.S. vous y aidera. Ne pas tolérer les violences , évidemment, ni se résigner ou subir les "incivilités". Ne pas céder au laxisme et à l'hypocrisie ambiante pour avoir une illusoire paix sociale . Résister aux pressions des "consommateurs d' école " ( les "usagers" ) et à leurs complices, dont les pouvoirs sont accrus, pour nous rendre plus dociles. Ne pas courber l'échine. Être courageux. Certes accepter les règles de l'Institution, comme il se doit pour tout fonctionnaire, mais être respectés en retour et non menacés de sanctions ou représailles déguisées, forme insidieuse d'abus de pouvoir ou de harcèlement moral.
Il faut aussi se battre pour que nos élèves puissent donner le meilleur d'eux-mêmes et réussir, non en les berçant d'illusions, en les trompant ou en leur mentant sur la réalité de leur niveau ou de leurs capacités, mais en les informant de façon lucide et en leur permettant de s'orienter, fût-ce dès 14 ou 15 ans, s'ils sont volontaires, vers les voies les mieux adaptées, professionnelles ou générales, tout en rendant possibles les changements par des passerelles, car rien n'est définitif à cet âge là .
D'autres combats existent , touchant à notre profession, qui peuvent, ou doivent, nous mobiliser : nos traitements en premier lieu quand nos charges de travail s'accroissent et notre pouvoir d'achat diminue; la formation des futurs enseignants et les postes mis aux concours, étant inacceptables les réductions drastiques et brutales opérées cette année; la réforme des ZEP et le programme "Ambition - Réussite" ; le Contrat Première Embauche, dont l'Éducation Nationale a été précurseur à sa façon avec les Contractuels… et tous autres sujets qui nous interpellent aussi en tant que citoyens… et électeurs devant un jour se prononcer, ou se réfugier dans le blanc-seing de l'abstention .
Jacques MILLE
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Informations académiques
 

Calendrier prévisionnel du Rectorat

(sous toutes réserves, car on en est déjà à la 4ème version !)

13 mars

CAPA

 Profs EPS

 Certifiés

Accès au corps

22 mars

CAPA

Agrégés

Accès au corps

24 mars

CAPA

EPS

Avancement échelon Réadaptation Réemploi

27 mars

CAPA

PLP

    Idem                            "                       "

28 mars

CAPA

Certifiés AE

    Idem                            "                       "

14 avril

GT

Tous corps

Congé formation professionnelle

2 mai

CAPA

CPE

Notation Hors classe Congé formation

Réadaptation Réemploi

3 mai

CAPA

Agrégés

Notation Congé formation Réadaptation Réemploi

3 mai

CAPA

PEGC

Mouvement Avancement échelon Hors classe  Classe exc.

9 mai

CAPA

PLP

Notation Congé formation

12 mai

CAPA

Certifiés AE

    Idem                "

15 mai

CAPA

EPS

    Idem                "       (  CE EPS Hors classe Classe exc. )

29 mai

CAPA

Agrégés

Hors classe


Mouvement Intra académique

Les FPMA du mouvement académique se tiendront entre le 7 et 15 juin 2006.
La circulaire académique fixant les règles et les modalités du barème étant en cours de discussion ( dernière réunion le 6 mars ) il ne nous est pas possible de fournir dans ce Courrier tous les éléments nécessaires à la préparation et la constitution d'une demande de mutation.
- Le S.I.A.E.S. éditera un numéro spécial, dès fixation définitive des règles et barèmes.
Pour les professeurs intéressés ou concernés, prière de nous demander ce numéro spécial, soit
- en nous renvoyant le coupon ci-dessous ( envoi gratuit )
- en nous adressant un mail à  jacques.mille2@wanadoo.fr
- en téléphonant au 04 91 42 18 55 ou 04 42 02 66 77
- ou par fax au 04 91 42 28 15.
 

Demande d'envoi gratuit de la Lettre du S.I.A.E.S. n° spécial   Mouvement  Intra  2006.

A retourner à  :  SIAES  J.Mille   133 rue Jaubert 13005 Marseille

 

Mme, Mlle, M.  ………………………………………………………………………………………………………………...

Discipline …………………………………………  Établissement ( ou ZR ) ……………………………………………

Adresse personnelle …………………………………...........................................................................................................

 

Téléphone ………………………

Adresse email

désire recevoir le numéro spécial  de la " Lettre du S.I.A.E.S. "                                              Signature

 consacré au mouvement intra-académique 2006.


En l'état il y aurait peu de modifications par rapport au barème de l'an dernier, sauf :
- 150 points de bonification sur vœu "tout poste département" pour la stabilisation des TZR (à noter, malgré une demande unanime, le refus du Recteur de rétablir les 20 points/an pour les TZR)
- en discussion : le dispositif transitoire ZEP non APV
- Rien de précis pour les candidatures sur postes spécifiques "Ambition Réussite" (bonification ? profil ?)
Les situations familiales seront prises en compte au 1er mars 2006
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Hors Classe, Certifiés, Professeurs d'EPS, PLP, CPE, Le feuilleton reprend et continue…
Deux groupes de travail se sont déjà tenus ( 12 janvier et 3 février ) sur la mise au point du barème académique 2006 pour l'accès à la hors classe des corps sus cités.
Le cadre est donné par le BO n° 47 du 22 décembre 2005 qui laisse au Recteur, comme l'an dernier et au titre de la déconcentration, l'élaboration du barème en "concertation" avec les organisations syndicales, au nom du "dialogue social".
On se souviendra des difficultés rencontrées l'an dernier, et de l'âpreté des discussions, pour parvenir au barème retenu et finalement appliqué lors de la CAPA de juillet 2005.
Parmi les sujets ayant fait le plus problème se trouvaient les points attribués par les inspecteurs et les chefs d'établissement au titre du "mérite", en fonction des directives données en ce sens par le Ministère.
10 points avaient été en fin de compte retenus ( 5 points "inspection" + 5 points "chef d'établissement ", sur une échelle 0, 1 , 3 , 5 ), soit 2, 5 % du barème total.
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- 12 janvier .Lors du premier groupe de travail le Secrétaire général de l'académie a d'emblée indiqué que le barème de l'an dernier, transitoire, ne serait pas reconduit car ne répondant pas aux objectifs du Ministère, et que la volonté du Recteur était de porter à 25/30 % du barème total les points en question, soit une "proposition" initiale de 140 points dévolus aux inspecteurs et aux chefs d'établissement, à parts égales. Cela à l'image du barème national défini pour la Hors classe des Agrégés, sur le même principe de valorisation du "mérite".
Par ailleurs on apprenait que les titres et les diplômes ne seraient plus pris en compte, ni l'ancienneté dans le 11ème échelon. En revanche une majoration serait attribuée pour un exercice en ZEP depuis 5 ans ou plus.
Tous les syndicats ont jugé ces propositions totalement inacceptables et ont refusé d'en discuter, non sans avoir rappelé le préalable nécessaire d'une harmonisation des notes pédagogiques, compte tenu des disparités entre les disciplines et de l'existence de nombreux retards d'inspection pénalisant beaucoup de professeurs susceptibles d'être promus.
A la suite de ce groupe de travail une lettre commune de tous les syndicats ( à l'exception du SGEN ) a été adressée au Recteur en vue de la réunion du 3 février.
- 3 février A ce groupe de travail le Secrétaire général a soumis aux syndicats un projet de barème dans lequel :
- les titres et diplômes n'étaient pas pris en compte
- l' ancienneté dans le 11ème échelon était rétablie ainsi que le mode d'accès au choix ou grand choix
- 20 points étaient attribués pour 5 ans , ou plus, d'exercice en ZEP
- 100 points étaient dévolus aux inspecteurs et aux chefs d'établissement, à parts égales, soit 23, 3 % du barème total.
Chaque organisation syndicale a exprimé son point de vue, avec convergence et unanimité d'opposition aux " 100 points mérite", soit par opposition de principe à la hors classe ou / et à la notion de mérite, soit par constat des difficultés à l'apprécier objectivement, et les inégalités et injustices pouvant en découler comme on a pu l'observer l'an dernier, la création d'un 12ème échelon étant, pour certains, préférable.
Pour le S.I.A.E.S. l'expérience de l'an dernier a été suffisamment révélatrice de cette situation pour justifier son refus, tout autant que le caractère "discrétionnaire" , sinon arbitraire, des points attribués, sans appel ou contestation possible.
Nous avons également dit que l'on ne pouvait accepter la non prise en compte des titres et des diplômes et avons demandé à ce que soient comptées dans les années ZEP celles effectuées antérieurement à l'affectation actuelle, au titre du parcours professionnel prévu dans la note de service.
De façon unanime a été rappelée l'exigence d'harmonisation des notes pédagogiques, et ce quel que soit le barème retenu.
- En réponse le Secrétaire général a réaffirmé qu'il n'était pas question de revenir au barème de l'an dernier et que la volonté du Recteur était de maintenir les "100 points mérite", la "barre" ne pouvant descendre au dessous de 20 % du barème total.
- Sur l'harmonisation des notes pédagogiques un travail est en cours avec les corps d'inspection qui proposeront une grille lors d'un groupe de travail , le 1er mars. On visera un "rééquilibrage" entre les disciplines, et un "système compensatoire" pour les notes trop anciennes . Aucune note ne sera diminuée. L'opération se fera sur deux ans , avec possible prise en compte pour les tableaux d'avancement ( promotion d'échelon ) de cette année , en reculant les dates des CAPA concernées, mais probablement pas pour l'accès à la Hors classe ( CAPA prévues début juillet ).
- Sur les titres et diplômes le Recteur est prêt à reconsidérer son point de vue.
- Sur les années ZEP antérieures , réponse négative, mais cela pourrait être pris en compte dans les points "mérite".
- Sur les observations faites par tous à propos des problèmes posés par l'évaluation du "mérite" , sur les notes mises l'an dernier par les inspecteurs et les chefs d'établissement et les aberrations constatées, le Secrétaire général indique qu'il y aura un "cadrage" et des "recommandations" ( publiées au Bulletin académique) pour "varier les appréciations", "éviter les disparités" et "assurer la transparence". Un groupe de travail, préalable aux CAPA Hors classe sera réuni, pour vérifier les propositions rectorales, avec recours possibles.
Dont acte… pour l'instant, en attendant le, ou les, prochain(s) épisode(s) d'une" concertation " et d'un "dialogue " qui ressemble plus, jusqu'ici, à un dialogue de sourds qu'à un dialogue social !
Le S.I.A.E.S. ne manquera pas de vous tenir informés de l'évolution des discussions par ses publications et par son site Internet www.siaes.com à consulter régulièrement.

Pour apprécier votre "mérite", se reporter au BO n° 47 et consulter la liste des critères (non paramétrés) pour jauger votre "expérience et votre investissement professionnel ", votre " parcours de carrière" et votre "parcours professionnel".
Et renseigner I- Prof en conséquence

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HORS CLASSE ( Certifiés , Profs EPS, PLP , CPE)

 

Barème définitif (mise à jour mars 2006)

 

Lors du dernier groupe de travail (14 mars) le barème d'accès à la Hors Classe a été arrêté.

Voir Courrier du S.I.A.E.S. n° 28  du 1er mars 2006 et lettre du 13 mars.

 Pas de candidature, mais accès à I-prof  pour tous les promouvables, à compter du 7ème échelon,  pour vérifier, corriger, compléter ("enrichir") leur dossier.

Le serveur sera, en principe, ouvert à compter du 31 mars  (voir Bulletin académique Internet)

 

Comme prévu le Recteur a imposé un barème dans lequel le "mérite" (investissement professionnel) sera pris en compte à la hauteur de 90 points sur 440  (20, 45 % du barème total), contre 10 points l'an dernier, ce qui va modifier profondément  la liste des promus, au bénéfice de certains et au détriment d'autres, à nombre donné de promus.

Ces points seront attribués par le Recteur après examen des propositions des IPR et des chefs d'établissement (50 et 40 points) sur la base de quatre niveaux d'appréciation :      Exceptionnel   /  Très favorable   /  Favorable   /   Sans opposition 

+  avis "Défavorable " le cas échéant.

L'avis "Exceptionnel" sera contingenté à 20 % pour chaque chef d'établissement. Les avis des IPR seront pondérés en fonction du "poids" des disciplines.

De façon unitaire tous les syndicats ont déclaré être opposés à ces 90 points.

Après discussions, et suite à nos demandes, a-t-on tout au plus pu obtenir des précisions  sur les modalités de mise en œuvre des appréciations (avis) et des "points Recteur".

Un Bulletin académique devrait préciser, avant fin mars, ces modalités. Tous les intéressés pourront consulter les avis mis par les IPR et les chefs d'établissement. Un groupe de travail  se tiendra en juin pour préparer les  CAPAs  Hors Classe (début juillet) et examiner les barèmes des "mieux placés" (un millier ?).

D'après la simulation opérée par le Rectorat sur la base du barème retenu, tous les promus seraient au 11ème échelon (ce qui est conforme à la Note de service).

Pour plus de précisions, nous consulter.

 

Barème.

 

 

2005 - 2006

Pour mémoire

2004- 2005

Echelon

10 pts par échelon. 30 pts pour le 11ème

Max.   130 pts

130

Ancienneté dans le 11ème

5 pts/ an

Max.     70 pts

70

Accès 11ème Grand choix ou Choix

10 pts

              10 pts

10

Titres, diplômes

DEA, DESS

Doctorat

Bi-admissible

10 pts

20 pts    Max  30 pts

10 pts

 

70

ZEP 5 ( 5 ans ou  + )

 

              10 pts

10

Note administrative + note pédagogique

 

Max .  100 pts

100

Avis Inspection + chef d'établissement

 

Max.     90 pts

10

Total

 

            440

400



Compte rendu d'audience avec le Recteur de l'académie (10 février 2006)
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Délégation composée de Jacques MILLE, secrétaire académique, Frédéric BOGEY, commissaire paritaire à la CAPA des Agrégés, Richard TRONC, commissaire paritaire à la CAPA des Certifiés, Fabienne CANONGE (TZR)

L'audience a duré deux heures et a permis d'aborder de nombreux sujets, dans une discussion ouverte.
Collège, 6ème, ZEP, Ambition Réussite
La question est posée à partir du constat du niveau des élèves entrant en 6ème, plus d'un quart ne maîtrisant pas les acquis fondamentaux. Il nous semble primordial que les efforts prioritaires portent sur l'Ecole primaire et la classe de 6ème.
C'est bien ce que nous confirme le Recteur qui dit vouloir "mettre le paquet" sur cette classe par le biais des PPRE dont la forme n'est pas encore précisément définie. Il souhaite privilégier une approche pragmatique, mais conforme à la loi, et favoriser les expériences et les innovations s'attaquant à ce qui fait problème, en sachant que cela se traduira par une certaine diversité dans la mise en œuvre.
Cet objectif s'inscrit dans le cadre du programme "Ambition- Réussite" sur lequel nous l'interrogeons.
Comme annoncé, 26 collèges seront ainsi "labellisés" dans l'académie et dotés de moyens en conséquence. En l'occurrence 121 emplois seront créés et mis au mouvement sous forme de postes spécifiques et profilés. En l'état de la réflexion les professeurs "expérimentés" nommés sur ces postes auraient une charge d'enseignement à mi-temps, l'autre partie de leur service consistant en activités spécifiques de soutien, de conseils, de travail en réseau avec les écoles primaires. Ces professeurs seront soit déjà en place dans l'établissement, soit affectés au mouvement intra, sans qu'il soit pour l'heure déterminé si cela se fera au barème ou sur profil. En tout état de cause les affectations se feront dans le cadre paritaire ( groupe de travail, FPMA ) avec consultation des représentants élus des personnels. Ce seront entre 2 et 5 postes par établissement qui seront ainsi attribués, générant d'autres postes par les demi-services libérés ( 2 par exemple pour 4 postes "ambition-réussite" ). Les DGH des établissements seront calculées en conséquence . Le travail est en cours dans les IA et au Rectorat pour formaliser cette opération dans laquelle le Recteur voit un facteur intéressant de mobilité pour les enseignants.
Il nous est confirmé que pour l'année à venir les établissements ZEP non labellisés conserveront les moyens antérieurement attribués. Mais quid de l'avenir et du maintien , ou de la sortie, des établissements en question dans le réseau des établissements prioritaires ? Réponse : rien n'est définitif , ni figé, et tout sera discuté avec les syndicats.
Affaire à suivre de près. Nous vous en tiendrons évidemment informés par nos prochaines publications et sur notre site Internet www.siaes.com .
EREA
Question sur les EREA dont l'avenir n'est pas clair dans le contexte actuel.
Le Recteur connaît les problèmes et se dit inquiet à leur sujet. Un audit est en cours.
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Lycées. 2de. Orientation.
Nous signalons au Recteur les difficultés qu'éprouvent tous les professeurs avec les classes de 2de du fait de l'hétérogénéité des niveaux et des choix d'orientation prioritaires vers les filières d'enseignement général. Nous évoquons les mécanismes de "surnotation" au collège permettant le passage au lycée d'élèves qui s'y trouvent vite en difficulté, et les désillusions qui sont les leurs ( ainsi que celles de leurs parents ) lorsqu'ils découvrent l'insuffisance de leur niveau et la médiocrité de leurs notes, ce qui débouche souvent sur la mise en cause de la notation des professeurs à cette occasion. Le thermomètre étant impitoyable, certains sont tentés de le trafiquer , voire de le casser, au risque de tromperie ( cf. p. 9 ).
Le Recteur est conscient de cette réalité et s'en dit préoccupé, comme du niveau élevé de redoublements et des réorientations. Manifestement l'aide individualisée en 2de n'a pas donné les résultats escomptés et le redoublement , auquel il n'est pas par principe opposé, n'est pas la solution idéale même s'il est parfois profitable à quelques uns . Il pense qu'il faut orienter les efforts vers des choix de fin de 3ème en faveur des enseignements professionnels et techniques, en particulier pour les jeunes filles sous représentées dans ces voies. A ce titre la " découverte professionnelle" en 3ème lui paraît profitable, d'autant plus qu'il a pu constater que des élèves en perdition au collège s'épanouissaient en lycée professionnel et s'y refaisaient une santé.
Nous lui confirmons cela pour l' avoir observé dans de nombreux cas , comme peuvent le faire tous les professeurs qui s'intéressent au devenir des élèves ayant quitté le collège où ils " s'ennuyaient " , ou le lycée après une 2de ratée.
Dans la même optique le Recteur nous dit, en réponse à une question sur les sections techniques, avoir l'objectif d'une division supplémentaire de STI par bassin ( soit 16 divisions pour l'académie ). Pour ce faire il faut obtenir que 4 à 5 élèves de plus par collège choisissent l'option ISI seule ou ISI +ISP en 2de. Une action est en cours en ce sens qui mobilise les professeurs principaux, les élèves et les parents.
La difficulté majeure à ses yeux se trouve , dans notre académie, du côté des parents , peu enclins à ce type d'orientation, d'où la pléthore observée dans les filières générales et tertiaires. Une campagne de sensibilisation des familles, et des jeunes filles, est engagée. Mais, même en cas de succès, il ne faut guère attendre de créations de postes car le succès serait déjà de remplir les sections les sections existantes !
Reconversion
La question porte sur les possibilités de reconversion des professeurs , essentiellement des TZR , sur la base du volontariat, dans les disciplines "excédentaires" ( STI, Physique appliquée, Allemand … ) où peu de postes seront disponibles dans les années à venir.
Le Recteur n'a aucune réserve sur le principe. Le "parcours" est possible sur 2 ou 3 ans : volontariat, inspections, attribution d'un service dans la discipline souhaitée, validation dans la nouvelle discipline, participation au mouvement intra avec 1500 points, de type "carte scolaire".
Pour l'Allemand nous évoquons les TZR amenés à exercer dans plusieurs établissements et intervenir parallèlement en Primaire , et le sort tragique d'une collègue confrontée à cette situation.
Le Recteur reconnaît les difficultés des enseignants de cette discipline et constate une reprise de l'Allemand en LV1. Il plaide pour la cohérence des actions entre les établissements du Primaire et du Secondaire, ce qui n'est pas toujours conforme aux souhaits des TZR sollicités .Il confirme le volontariat et l'envoi d'une lettre de mission pour intervenir en Primaire
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Contractuels
Nous disons au Recteur que nous ne sommes évidemment pas favorables à l'emploi de non titulaires et à la précarité. Néanmoins nous constatons que de nombreux contractuels sont devenus, forts de leur expérience et via les concours, d'excellents professeurs titulaires. Aussi les priver désormais de présenter le concours réservé nous paraît une mauvaise politique puisque, ce faisant, l'Education Nationale se prive elle-même d'un recrutement ,dans le vivier des contractuels, d'enseignants déjà formés, - certes sur le tas - , et qualifiés. Nous demandons de faire remonter l'information ( cf.p. 7 ).
Remplacements de courte durée.
Nous demandons au Recteur de faire le point sur l'application du décret. En l'état nous n'avons eu que peu de remontées à ce sujet, nous laissant à penser que le volontariat s'applique et que la désignation d'office n'a pas été mise en œuvre jusqu'ici.
Le Recteur nous indique que le décret vise avant tout à assurer le remplacement des absences prévisibles dans le cadre du protocole établi dans chaque établissement. Nous apprenons que tous les établissements n'avaient pas , au 10 février, établi un protocole , mais que leur nombre diminuait rapidement.
Le décret est "mis en suspension" en attendant les remontées des taux de remplacement. S'il s'avérait que ces taux, sur la base du volontariat, soient insuffisants, le décret serait appliqué alors dans toute sa rigueur et ses obligations.
Postes à complément de service
Question récurrente, mais nécessaire quand on sait les surprises que certains mutés ont connues lors du mouvement intra 2005. Tel quittant son poste pour un poste affiché "complet" et se rapprocher de son domicile , et se retrouvant en complément pour la moitié de son service ( et parfois plus ) bien au delà de son établissement de départ ! Tel autre croyant arriver sur l'établissement de son choix et découvrant, parfois la veille de la rentrée , que l'essentiel de son service se trouve dans un autre établissement pour lequel il n'avait pas , sciemment, postulé !
Le Recteur convient de ces dérapages et a donné consigne d'améliorer l'affichage de ce type de poste.
Acceptons en l'augure. Mais nous serons très attentifs à toute affectation sur poste à complément de service non prévu et interviendrons en conséquence, comme nous l'avons fait pour plusieurs collègues à la suite du mouvement 2005.
Barèmes - Hors Classe - Mouvement Intra académique
Les questions sont liées aux discussions en cours sur l'élaboration des barèmes académiques dans le cadre de la déconcentration, et des nouvelles orientations du Ministère (prise en compte du "mérite" pour la Hors Classe ; mise en place des APV et des postes "Ambition - Réussite", TZR pour le mouvement intra académique) . Des groupes de travail étant réunis sur ces sujets nous ne les avons pas, d'un commun accord, approfondis.
Pour plus de précisions voir pages 5 et 6 .
Hors Classe (Certifiés, Professeurs d'EPS, PLP, CPE)
Nous indiquons brièvement les principaux points faisant problèmes : harmonisation des notes pédagogiques, prise en compte du "mérite'" par la notation des inspecteurs et des chefs d'établissement.
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Le Recteur nous précise
-
qu'il n'est pas question de reconduire le barème de l'an dernier qui a servi de "test méthodologique"
- sa volonté de voir la part "qualitative" du barème relevée : il s'agit d'un principe intangible dont l'application sera encadrée
- que les règles seront précisées aux notateurs et des préconisations faites à fin d'harmonisation et pour éviter tout arbitraire ou tout aspect discrétionnaire. Ces appréciations ou notes seront portées à la connaissance des intéressés et susceptibles d'appel.
Il pense que la notation sera plus sérieusement faite que l'an dernier, par le fait même d'une note plus élevée qui "valorisera et responsabilisera les notateurs" mieux que les maigres 5 points qui leur avaient été alloués en 2005 !
Mouvement Intra académique
Nous rappelons notre volonté de ne pas voir les TZR pénalisés par la suppression des 20 points annuels, compte tenu , pour beaucoup, des difficultés d'exercice dans cette fonction.
Le Recteur nous dit ne pas y être favorable mais se déclare prêt à attribuer un forfait pour un nombre d'années d'exercice en tant que TZR.

L'audience se termine sans qu'aient pu être abordés tous les sujets prévus (sur les TICE en particulier), remis à plus tard ou sous une autre forme.
Avant de nous quitter le Recteur nous rappelle qu'il serait utile que tous les enseignants relisent la circulaire de 1997 sur la mission des enseignants consistant en leur travail en classe, en la participation à la vie de l'établissement et à toute action en faveur du système éducatif.
Nous le savions évidemment, mais en ajoutant que cela ne signifie pas pour autant que nous soyons à la disposition absolue de l'Institution sur les seuls principes très généraux ainsi exposés dans une simple circulaire !
Pour la délégation: Frédéric BOGEY, Jacques MILLE

Annonces
Naissance
Le S.I.A.E.S. et le SIES ont la joie de vous annoncer la naissance d'un petit frère ligérien, dans l'académie de NANTES : le SIES - L
Nous lui souhaitons longue vie et tout notre soutien.
Si vous avez des collègues dans cette académie, dites leur de prendre contact avec J.C . CRINCKET
Lieu dit l'Année 56350 St Gorgon Crincket2@aol.com
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Liens d'amitié avec … la Roumanie
Le S.I.A.E.S. a établi des liens avec un syndicat d'enseignants roumains qui ont été séduits par notre démarche et notre indépendance.
Un besoin d'aide et de conseil , dans ce pays où le syndicalisme libre en est à ses débuts, ont amené ces collègues roumains à se mettre en relation avec nous et à développer des liens, renforcés au fil des correspondances.
Ainsi, si le Ministère n'a pas daigné reconnaître l'audience "nationale" du SIES / SIAES, du moins cette reconnaissance "internationale" nous met- elle du baume au cœur !

CONGRES ANNUEL du S.I.A.E.S.
Le S.I.A.E.S. tiendra son congrès 2005 - 2006 , conjointement avec celui du SIES,
Jeudi 6 avril 2006
toute la journée
à l' Auberge La Guérine Cabriès Calas 13480
Chaque adhérent recevra sous peu une convocation avec autorisation d'absence, ainsi que l'ordre du jour des congrès, et toutes indications nécessaires pour se rendre sur place.
Le repas sera pris sur place pour ceux qui le désirent, le S.I.A.E.S. prenant en charge la moitié du prix pour tout adhérent à jour de sa cotisation.
Les sympathisants sont cordialement invités.
Prière de se faire connaître pour être destinataire de la convocation et de l'autorisation d'absence.
Contacter J.MILLE par lettre, téléphone, fax ou courriel (voir fiche S.I.A.E.S. service)

LES PIRES CHOSES ONT UNE FIN
réflexions de morte saison, en attendant les mimosas...

Des générations de gosses mal élevés arrivent sur les bancs de nos écoles. Vous l'aurez remarqué, quand on les sanctionne, la plupart du temps ils ne comprennent même pas ce qu'on leur reproche. Ils sont systématiquement victimes d'une injustice. Et leurs parents derrière !
A quand ceci : " Ouais l'autre, hé comme il me traite... Même pas j'ai le droit de poignarder ma prof, je te jure, j'y crois pas... Sa mèèèèère ! "
Nous avons souvent en face de nous des élèves pour qui l'incivilité est la norme, et qui lorsqu'ils sont sanctionnés refusent systématiquement d'endosser leurs responsabilités. Mais vous n'avez pas encore touché le fond... Nous allons bientôt avoir à nos côtés les enseignants les moins bien formés que nous ayons jamais eus : la réforme des IUFM telle qu'elle se dessine me fait craindre le pire. Sur le point d'être intégré à l'Université, l'IUFM n'y va pas la tête haute, fière de son particularisme et convaincue du bien-fondé de sa mission. Elle y rentre la queue entre les jambes, prête à se dissoudre dans le moule. Ancien Normalien, attaché à cette institution, je l'ai, comme on dit, un peu « en travers ».
Car désormais ce sont des Universitaires et des chercheurs qui auront pour mission de former nos futurs instits... Autant demander à un gang de Khmers rouges d'écrire la nouvelle version des droits de l'homme et du citoyen .
L'Éducation Nationale marche sur la tête, et nous allons en payer le prix fort.

« Je me souviens d'époques pas si lointaines où la France se mettait en grève pour moins que çà ! » nous écrivait il y a quelque temps un jeune sympathisant indigné. Indigné par la quasi indifférence des français face à la tentative d'assassinat d'une enseignante en pleine classe cet hiver. Indigné par l'absence de réactions des syndicats qui se sont à peine fendus, pour la plupart, d'un communiqué de presse mollasson – je résume : Des sous ! Des moyens ! C'est la faute des autres !
Il y a quelques années en effet, le corps enseignant unanime se serait retrouvé dans la rue, convaincu de faire bouger les choses. Seulement voilà... Les choses, cela fait un moment qu'elles ne bougent plus. L'époque est à la morosité et nous nous sommes laissés convaincre qu'elles allaient empirer : sécu, retraites, baisse du pouvoir d'achat. Nous avons laissé passer les remplacements de courte durée, nous allons accepter l'idée de bivalence. A quand la semaine de 35h de cours et la révocation pour congé maladie abusif ? Sous les coups répétés, nous courbons l'échine de peur d'avoir encore plus mal au dos en cas de révolte. De grèvounettes sans effets en combats perdus, nous y avons laissé tellement de plumes que chacun se replie frileusement dans sa petite coquille. Même la perspective d'une éventuelle confrontation Ségolène – Sarkoko ne nous émeut pas plus que ça, alors vous pensez... sept coups de couteaux de plus ou de moins !...
Le SIAES souhaite que dans chaque établissement soit instaurée une tolérance zéro des incivilités, grossièretés, menaces. Pour chaque incident, un rapport, une sanction appropriée. Il faut systématiquement mettre la hiérarchie en face de ses responsabilités. Et que l'on cesse une bonne fois de culpabiliser les victimes ! De se tromper de cible... Un enseignant victime d'une agression - quel que soit le degré de gravité de l'incident - n'a pas de comptes à rendre sur sa réaction. Pas plus que la victime d'un viol n'a de comptes à rendre sur la longueur de ses jupes ou la couleur de son fard à paupières.

Je me pose beaucoup de questions...
Jusqu'où vont-il réussir à nous enfoncer la tête dans la boue, avant que la cocotte en ébullition ne leur éclate au nez ?
Et lorsque la cocotte va exploser, n'y a-t-il pas le risque que cela prenne la forme d'un embrasement général et nihiliste - de type feu de banlieue - qui finira par retomber et nous laissera une fois de plus bons perdants, avec un goût de cendre dans la bouche ?
Est-il déraisonnable de penser qu'à ce stade, le mieux qui puisse encore nous arriver est une grande fête printanière de type « Mai 68 » qui déboucherait sur de nouveaux accords de Grenelle ?

«Maintenant, ils vont me contraindre à ce qu'ils m'interdisaient, et m'interdire ce à quoi ils me contraignaient, mais toujours avec la même fougue partisane. Car si chez nous tout est instable, il y a tout de même une constante : l'exaltation pédagogique de nos cadres pour des théories qui, elles, changent sans arrêt. »
Vous l'aurez compris, les pires choses ont aussi une fin et cet hiver, ils ont interdit la méthode globale... Enfin, ne vous réjouissez pas trop bruyamment du retour de « Léo et Léa » - dont le succès en librairie auprès des parents initiés ne s'est jamais démenti : un IPR de français à qui je rappelais la bonne nouvelle m'a affirmé, droit dans ses bottes : « Monsieur Tronc, la méthode globale n'a JAMAIS existé. ». Subtil jeu de mot, qui illustre bien la dangerosité du personnage. Nos IPR, qui ne sont pas forcément tous de mauvais bougres, sont bien plus que nous au service de l'État. Ce qui leur permet d'affirmer en l'espace de quelques années tout et son contraire. Avec les mêmes trémolos sincères dans la voix, sans aucune honte ni aucun état d'âme. Après tout, c'est pour la France !
Bon, appelez-la comme vous voulez, Gestaltheorie en Allemagne dans les années 1930 ou méthode-naturelle-semi-globale-à-hypothèse ces dix dernières années, le constat est le même : cette méthode élaborée pour des enfants sourds aura généré bien des dégâts dans la population des bien-entendant... Même si elle n'a jamais existé !
Aujourd'hui, j'aurai une pensée pour les victimes oubliées de cette boucherie pédagogique, les derniers instituteurs syllabiques. Petit noyau d'irréductibles, leur nombre a fondu comme neige au soleil en « soixante ans de catastrophe naturelle ». Il a bien fallu choisir entre réussir sa carrière ou réussir son enseignement, car chez nous on sélectionne sur l'orthodoxie... Persister à maintenir ses élèves sur le chemin de la réussite scolaire à coups de méthode Boscher , cela ne se fait pas Madame, cela déclenche les foudres de l'Inspection. C'est à coup sûr renoncer à devenir un jour professeur des écoles et gagner 500 euros de plus par mois.
Reste la satisfaction d'avoir fait du bon boulot. De n'avoir pas gâché la marchandise. C'est énorme. Aujourd'hui, ils ne sont pas plus riches mais réhabilités : la méthode globale est abolie !

Page 33 du document "évaluation 6e" je lis avec plaisir, à propos de l'illettrisme : "Pour faire progresser ces élèves, le collège doit se donner les moyens de les prendre en charge spécifiquement et sur une durée longue; cela ne peut se confondre avec l'utilisation d'une ou deux heures hebdomadaires de « soutien » [...] Cela suppose qu'une équipe interdisciplinaire [...] fasse converger les différents enseignements vers des objectifs accessibles et communs."
Et bien.... pas trop tôt, messieurs !
Cela fait maintenant trois ans, que de commissions de projet d'établissement en réunions pluridisciplinaires, je réclame dans mon collège la création d'une classe de 6ème spécifique pour les élèves en très grande difficulté. Classe à effectif réduit, prise en main par une équipe de volontaires et bénéficiant d'un programme adapté. Trois ans que je me bats contre le saupoudrage d'un soutien inadapté, qui n'a jamais récupéré les cas désespérés et n'a su profiter aux élèves moyens, faute de places .
Mais créer une classe spécifique !... Beaucoup ont tortillé du c... et de la bouche. Ce qui cause problème voyez-vous, c'est la création d'une "classe de niveau". Hoooorreur, certaines « sensibilités » s'y refusent. Quelle tartufferie ! Les classes de niveau nous les avons déjà : les élèves du « pôle de réussite langues », futurs « classes européennes » sont regroupés en deux classes par niveau, et ces élèves sont quasiment tous inscrits en latin !
Ce que nous mettons en oeuvre pour la réussite des meilleurs, n'avons-nous pas obligation de l'organiser pour sauver les plus démunis ? Le concept de « classe de niveau » ne me gêne en rien... Les mots ne me font pas peur, je suis un pragmatique. J'aime ce qui marche, je suis au service de mes élèves. Et même si je renâcle parfois à l'admettre, je dois aussi quelques comptes à leurs parents, qui remplissent mon garde-manger en payant leurs impôts. Alors l'idée d'apprentissage dès 14 ans pour les élèves qui le désirent ne me gêne pas non plus, puisqu'elle va dans le sens de l'épanouissement de l'enfant et la réussite de sa vie.

Ce qui explique aussi que je n'adhère pas à la vraie fausse bonne idée du moment, les PPRE (projet personnel de réussite éducative). Les naïfs s'enthousiasmeront : « chic, un nouveau sigle ! » mais entre nous, depuis le temps, s'il y avait un remède miracle pour vaincre l'échec scolaire et générer la réussite, ça se saurait !
Un élève en grande difficulté, ce n'est pas une voiture moderne à laquelle on branche un gadget électronique pour détecter les quelques défaillances. Avec à la clé un devis précis : signature des parents, signature du pékélou, signature de l'Institution, et cochon qui s'en dédit. Réparation express et garantie trois ans. Un élève en grande difficulté, c'est un navire qui coule, un bateau qui fait eau de toute part et le renflouage est une affaire sérieuse. Ça doit être confié à une équipe de spécialistes et ça va prendre du temps. C'est pour cela qu'à un saupoudrage de soutien, je préfère la création d'une classe spécifique. Et encore...
Une méthode qui marche ici, ne marchera pas forcément là. Ce n'est pas LA - THE - méthode qu'on sort du chapeau, parée de toutes les vertus. C'est avant tout un enseignant - ou une équipe - qui y croit, qui y met tout son coeur et ne lésine ni sur son temps ni sur l'huile de coude. Alors, plutôt que disperser régulièrement de la poudre de perlimpinpin ou dégainer un sigle vengeur, ne ferait-on pas mieux de rendre la place qui lui est dû au Facteur Humain ?
Pour terminer, je le dis et le redis : intellectuels que nous sommes, brasseurs d'idées, amateurs d'abstractions, sachons de temps en temps redevenir humbles. Admettons une bonne fois qu'un élève en refus scolaire n'a pas forcément envie qu'on remette une couche de français ou de math sur sa jambe de bois. Que ce n'est pas en le punissant... heu, pardon... en le gavant de soutien qu'on réussira à le sauver. Nous ne les sauverons pas tous, mais sachons écouter leur demande de sortir de l'école, leur désir d'aller se frotter aux métiers manuels. Demande de stages, demande d'alternance, volonté d'échapper à l'échec et d'aller tenter sa chance ailleurs.
Tiens, simple suggestion : chers diplômés, chers amoureux d'une école que vous n'avez pas su quitter, ayez la curiosité d'aller voir ce que deviennent vos élèves en échec, vos casse-pieds, vos bêtes noires, lorsqu'ils sont en stage d'entreprise ou chez un artisan. Allez goûter à ce bonheur !
Ceux qui ont tenté l'expérience savent de quoi je parle...

Mettre une bonne fois à la poubelle, les dogmes, les sigles, la peur de certains mots; s'offrir une bouffée d'efficacité et une goulée de bon sens... Mon souhait, pour vous, au seuil de ce printemps.

Richard TRONC – Secrétaire Adjoint. Élu CAPA certifié
richard.tronc@siaes.com


Culpabilisation

A la suite de l'agression au couteau d'un professeur à Etampes le rapport de l'inspection administrative a conclu ainsi :
" c'est le contraire du laxisme qui a conduit à l'agression ".
Traduction : c'est la rigueur - qui est bien le contraire du laxisme- qui a conduit à l'agression.
Soit, si l'on veut bien le comprendre, que le professeur agressé est en fin de compte responsable de ce qui lui est arrivé.
Excessif ? Certes non quand on sait le nombre, croissant, de collègues dénonçant ce " principe de renversement des rôles".
On interroge les élèves : " le prof est une peau de vache", "il est trop exigeant", "il note trop sévèrement", "il n'est pas à l'écoute"…
Quelques "témoignages" bien choisis, et voilà le professeur mis en accusation et morigéné par l'administration, quand il n'a pas droit à une inspection diligentée et orientée : " il faut revoir votre comportement", "reconsidérer (sic) votre notation " , "donner des exercices moins difficiles", "vous adapter aux élèves d'aujourd'hui", " les valoriser et non les traumatiser"…
Faire profil bas et acte de contrition. L'année d'après se retrouver avec des classes "pourries" ( oui, ça existe, et même dans de "bons" établissements ! ) avec lesquelles on aura des difficultés qui permettront de vous enfoncer un peu plus, parfois jusqu'à la dépression ou au désespoir.
La notation à l'avenant, bien sûr. Avec le pire à venir par une appréciation du "mérite" sur des critères où la subjectivité des notateurs sera fortement valorisée, et leur impartialité sujette à caution quand on n'aura pas accepté de se plier à leurs desiderata, sous le couvert bien intentionné de" l'intérêt des élèves" et du "service public" …
Enfin faut-il aussi parler de la vindicte de certains parents, venant à la rescousse, et ayant juré d'avoir "la peau" d'un professeur qui ne leur convient pas .
Les uns, bien "éduqués", écrivant à l'inspecteur d'académie, au recteur, au ministre, mobilisant telle fédération de parents d'élèves, et demandant rien moins que des sanctions ou le déplacement du professeur visé. Pas de fumée sans feu, dit-on, et le tour est joué.
D'autres, moins policés ou moins au fait des subtilités du système, recourrant à des méthodes plus directes quand le grand frère ( ou toute la famille ) vient s'en prendre verbalement, voire physiquement, à l'intéressé, ce qui suscite l'émoi - passager - de la communauté scolaire et de l' Institution… qui finit toujours par s'interroger sur les méthodes ou le comportement de ce collègue. Et après tout, si … ?
Nous ne voulons certes pas faire généralité de ces situations. Mais ce qui nous inquiète et nous alarme est le constat de leur montée en puissance, et voir ce qui était exceptionnel jadis devenir tristement banal aujourd'hui. Ce qui ne touchait que quelques établissements, justement pointés pour leurs difficultés, n'en épargner aucun aujourd'hui.
L'administration est au fait de cette situation par le nombre croissant de lettres reçues à l'Inspection académique et au Rectorat ( sans parler de celles adressées aux chefs d'établissement ) qui mettent en cause des professeurs, parfois chevronnés, jusque dans leur enseignement et leur pédagogie.
Affaires parfois sans suites quand la baudruche est dégonflée, mais laissant toujours des traces chez les intéressé(e)s … et dans les dossiers administratifs, pour resurgir opportunément quelques années après.
Alors, calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose.
B.S.
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Docteur… au secours !
Nouvelle tendance dans les collèges, l'utilisation de plus en plus fréquente d'attestations médicales.
Généralistes, spécialistes en tout genre, neuropédiatres, ré-éducateurs en motricité, orthophonistes…Jamais je n'avais trouvé dans ma boîte aux lettres autant de certificats, généreusement fournis par les parents.
Les diagnostics sont variés : stress de l'échec, dyslexie de surface, dysorthographie importante, dyspraxie visio-spatiale, dyscalculie sévère, déficit de mémoire à long terme ou procédurale… la liste n'en finit plus.
Les conséquences en sont inquiétantes.
- Tout d'abord un obscurcissement du débat. Si ce vocabulaire hyper spécialisé a certainement un sens pour les cliniciens, pour nous il a l'allure d'un jargon qui n'éclaire en rien notre route. On voudrait nous égarer qu'on ne s'y prendrait pas différemment.
- Les priorités sont déplacées de façon radicale. Ces enfants étant des malades, ils relèvent de la faculté. Nous ne sommes pas médecins, donc ces cas nous échappent. Toute appréciation , toute décision de note ou d'orientation est gommée et passe au second plan … ( ceux qui ont eu le bonheur de participer à quelques commissions d'appel me comprendront ).
- Dès le départ un bataillon en ordre de combat se met en place ! Sitôt posé le diagnostic entraîne inévitablement une à deux réunions par an. Sans compter le bilan du mois de juin. Pour ces grandes manœuvres l'équipe est au grand complet , les parents, le médecin scolaire, tous se concertent longuement. Généralement en dehors des moments de service. Bien entendu ces heures supplémentaires ne sont jamais comptabilisées.
- Ces rencontres sont l'occasion d'exprimer une profonde résignation. Quoi que nous fassions la guérison n'est pas d'actualité. il faut accepter la situation telle qu'elle est. Face à cette fatalité les enseignants ne peuvent que se taire. On ne leur demande d'ailleurs rien de plus.
- Avant-dernière étape : il est indispensable de changer de registre. Le mot est donc lâché, ces troubles constituent des "handicaps", et ces enfants sont des "victimes". Nous tombons alors sous le coup à la fois d'une obligation d'empathie et de règles juridiques précises régissant l'accueil des "personnes handicapées". On appelle cela un PAI.
- Ultime conséquence :au nom du mot précédemment évoqué et du dossier de PAI les exigences les plus variées fusent : donner à l'enfant plus de temps, moins de travail, moins de devoirs, des sujets allégés, des barèmes adaptés, une notation plus généreuse, ne pas tenir compte de l'orthographe texto-SMS, de l'écriture illisible, du graphique raté, de la calligraphie surréaliste, de la page blanche, de la mémoire défaillante, etc…
Le point de vue des parents peut se résumer ainsi : " Au diable les autres élèves. Au diable l'égalité républicaine. Facilitez la scolarité de MON enfant, c'est tout ce qui m'intéresse".
Nous avons eu successivement en classe des " mauvais élèves" , puis "des élèves en échec". Ils ont maintenant disparu et nous avons exclusivement des "cas pathologiques".
Notre devoir ne peut être que de les aider. Attention ! si, dans ce domaine, ces malheureux enfants ont droit à l'erreur… Nous pas !
Il est évident que la citoyenneté passe par l'obligation de donner à chacun sa place dans la société. Et bien entendu, l' inégalité des chances est chose insupportable.
Mais il ne suffit pas de "nommer" un trouble et de le médicaliser pour que l'injustice faite à certains par le hasard se transforme en justice immanente et les professeurs en redresseurs de torts.
Je peux imaginer la douleur des familles d'avoir un enfant en marge du droit chemin des études brillantes. Je peux comprendre qu'au nom de cette douleur les parents n'aient qu'un souhait : se rassurer et demander à bénéficier de quelques "aménagements" ( auxquels je ne suis pas systématiquement opposé, s'ils restent modérés) . Je suis conscient de la souffrance de ces enfants. Mais je m'explique moins la complicité de notre Institution. Car ces demandes, érigées en système et encouragées tacitement par notre hiérarchie, sont la porte ouverte à beaucoup d'abus.
En effet mes avertisseurs d'alarme clignotent tous de façon surprenante :
- Je remarque que 8 fois sur 10 le diagnostic est posé très tard , en CM2 souvent. Si pendant cinq ans ou plus, rien n'a été fait, tout à coup en entrant en 6ème, ça change. Il devient tout aussi urgent d'agir au collège qu'il était inutile de le faire auparavant. Bien entendu, on devine aisément sur les épaules de qui repose cette responsabilité d'autant plus pressante qu'elle est nouvelle.
- Ils nous débarquent tous du Primaire à l'age standard. C'est donc qu'ils ont suivi un cursus scolaire normal. Aucun redoublement ne permettant de combler peut être quelques lacunes n'a jamais été effectué. Rien n'a attiré l'attention des familles. En cinq ans personne n'a rien remarqué. Personne n'a eu le courage de prévenir les parents qu'un niveau quasi illettré ne permet pas le déroulement d'études valorisantes.
- Dès le départ on vous prévient : "l'intelligence de l'enfant n'est pas en cause". Ce dont je ne doute pas. On oublie que sur le marché des études ou de l'emploi de deux candidats qu'on peut supposer "également intelligents" , celui qui, en plus, sait lire, écrire, compter et mémoriser sera préféré à celui "aussi intelligent" qui n'y arrive pas facilement.
- Pour enfoncer le clou, certains parents n'ont pas hésité à me signaler qu'Einstein lui même était dyslexique ( mais oui ! ). J'ignore si l'information est exacte. Pauvre Albert, s'il savait à quelle hypertrophie de l'ego son nom est associé!
- N'hésitant devant aucune irrationalité, ces mêmes familles vous expliquent pourquoi l'enfant n'est pas apte à apprendre et restituer une leçon, mais restent persuadées que ce même sujet sera capable de retenir sans difficulté le code de la route, donc de passer plus tard son permis de conduire… car il veut devenir routier.
- Enfin je ne parle pas de ceux qui vont jusqu'à se demander si, au delà de si mauvaises performances scolaires, on ne serait pas sur la piste d'un surdoué qui s'ignore et qui s'ennuie en classe !
Je ne suis pas compétent pour contester la justesse de cet étiquetage médical. Je m'interroge simplement sur l'usage qui peut en être fait.
La maladie est toujours injuste. C'est souvent une douleur, parfois un dépassement, mais ce ne doit pas être un paravent.
J'ignore si nos connaissances du cerveau humain et de ses capacités d'apprentissage permettent de poser à notre niveau des diagnostics aussi précis que définitifs.
Si oui, vers quelle école allons-nous ? Verra-t- on bientôt des élèves dispensés, pour raisons de santé, non seulement de sport mais aussi de leçons , de dictées ou de mathématique ? Vers quelle société allons-nous ? Pourra-t-on, dès l'école maternelle, à l'aide de dépistages variés, décider de nos exigences futures envers les individus ?
Et pourquoi s'arrêter en fin de scolarité ou de formation ? Les contrats d'embauche seront-ils soumis à ce type de contrainte , sous peine de discrimination ? Certains salariés ( donc nous ! ) payés pourtant comme les autres seront-ils exonérés des tâches dans lesquelles ils ne réussiraient pas ? ( chic ! ) . Devant cette aubaine , nous n'aurons tous qu'un seul souhait : être déclarés porteurs de tel ou tel handicap. Mais, assaisonné à une pareille sauce, ce mot , pourtant noble et respectable, n'aura alors plus de sens.
Il faut savoir rester prudent face à ces excès. Si certains cas sont dignes d'intérêt, pour d'autres il ne s'agit que d'étoffer le système D. Savoir séparer le bon grain de l'ivraie.
Tous les moyens sont bons pour gommer de notre culture le mot "échec" et, réussite oblige, autoriser l'acharnement pédagogique.
Tous les prétextes sont utilisés pour cantonner les enseignants au silence et à la résignation.
Tous les trucs sont possibles quand il s'agit de rendre le résultat de notre travail plus opaque et notre liberté de jugement plus muselée.
Mais peut être qu'une prochaine découverte des neurosciences démontrera que beaucoup d'enseignants ont un cerveau hermétique à certains discours.
Nous appellerons cela une " lacune dans l'indexation des informations" associée à un "stress majeur de culpabilité" , le tout alourdi par un "déficit de mémoire d'usage".
Interdiction sera alors faite aux parents de tenir aux "professeurs handicapés" des propos aggravants, et de leur imposer la lecture d'avis médicaux aussi perturbants qu'inutilisables en classe !
Michel AUTHEMAN
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La fin d'une époque. A mes amis laissés sur le bord de la route
C'est récurrent : les nouveaux professeurs qui sortent de l'IUFM soulignent tous le fait qu'on ne les a pas suffisamment préparés au quotidien du métier, à la gestion parfois difficile d'une classe.
L'IUFM c'est bien pour les savoirs disciplinaires. Pour le reste ce ne sont que des stages effectués dans des conditions idéales, à temps partiel, et surtout des conseils donnés par des formateurs qui ne sont plus vraiment dans le coup.
Au final, on s'aperçoit que le métier ne s'apprend véritablement qu'une fois sur le terrain.
C'est donc avec leurs 18 heures de cours par semaine que ces jeunes enseignants, frais émoulus de l'IUFM, réaliseront que l'amour de la discipline et les bonnes notes au concours ne suffisent pas. S'ensuit, pour certains, une période difficile d'apprentissage : ça passe ou ça casse. Beaucoup retroussent leurs manches et s'accrochent. D'autres enchaînent les arrêts maladies, voire de longue maladie. Car ce métier est un métier de plus en plus difficile à exercer, qui ne convient pas à tout le monde. Que faire? Changer de voie ? Démissionner de l'EN, quitter cette sécurité de l'emploi si durement acquise? Certains le font. Et c'est du gâchis : pour les enseignants, pour les élèves, pour l'Éducation Nationale.
Voilà le parcours IUFM. Il vaut ce qu'il vaut et il convient certainement de l'améliorer.
Voici maintenant un parcours qu'il ne sera bientôt plus possible d'entreprendre, celui des " petites mains dans le cambouis " ou le " fabuleux destin" des salariés précaires de l'EN : contractuels et vacataires !
Comme pour nos élèves, certains d'entre nous - et j'en suis - ont fait le choix de " l'apprentissage ". Par hasard, par conviction ou... parce que le niveau pour le concours externe n'était pas au rendez vous !
Comme la plupart de mes collègues précaires, j'ai immédiatement été parachutée en ZEP. Paf ! Avec comme bagage un passage à l'IUFM peu convaincant, une expérience de surveillante, le BAFA (outil indispensable pour une bonne connaissance des ados) et un ordinateur pour pomper, via internet, des idées sur les sites académiques et autres. Il ne me restait plus qu'à passer de longues soirées d'hiver à préparer mes cours.
Mais j'ai su dès cette première année que je ne m'étais pas trompée de chemin. Mon seul regret aujourd'hui est de n'avoir pas été contractuelle plus tôt.
Si certains d'entre nous ont passé le CAPES interne, d'autres ont préféré changer de métier sans perdre plus de temps. Dans cette affaire, tout le monde y a gagné... Surtout l'EN qui titularise ainsi des enseignants expérimentés, motivés, qui ont, pendant au moins 3 ans, dû faire leurs preuves chaque année pour espérer être réembauchés l'année suivante.
L'emploi précaire nous a permis de conforter nos choix, d'apprendre le métier d'une manière moins conventionnelle, ce qui certainement nous convenait mieux.
Malheureusement ce deuxième parcours va disparaître : une directive européenne de 1999 incite les gouvernements à limiter l'emploi précaire, ce qui paraît normal.
Ainsi, d'après l'EN, avec une meilleure gestion des enseignants titulaires et la loi Sapin (instauration de concours réservés et examens professionnels de 2001 à 2005) le pourcentage de contractuels est passé de 15% dans les années 80 à 3,5% en 2004-2005.
Oui mais beaucoup de contractuels se retrouvent au chômage et leur chance de pouvoir être titularisés un jour diminue d'année en année. Les postes offerts aux concours internes fondent comme neige au soleil et ne sont pas suffisants pour intégrer la totalité des non titulaires. Pire encore : certains concours sont carrément supprimés, c'est le cas du CAPES interne d'Éducation Musicale.
Deux remarques.
D'une part, il est regrettable de voir l'Éducation Nationale se priver ainsi de la chance de recruter ses enseignants parmi un personnel expérimenté et motivé. Un personnel certes non formaté IUFM, mais franchement... est-ce un mal ?
Au SIAES, nous ne réclamons pas une intégration sans concours du personnel précaire, mais ne serait-il pas raisonnable, au moins pour les deux ou trois prochaines années, de favoriser un recrutement massif de ce personnel, via les concours internes et professionnels, pour ne pas laisser se perdre ce vivier de professeurs « de terrain ».
Deuxième remarque : ce sera bientôt la fin de la diversité des parcours en matière de formation des enseignants... on peut le regretter. Les concours internes finiront par disparaître avec la résorption de l'emploi précaire, au profit des concours externes qui offrent par ailleurs de moins en moins de postes. Seuls les meilleurs seront élus... Mais les meilleurs QUOI ?
Croyez-vous sérieusement que les "bêtes à concours " feront à coup sûr les meilleurs pédagogues?
Fabienne CANONGE
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Faut-il supprimer le bac ?
La question était posée lors du débat organisé à Marseille , le 8 février, à l'initiative de l'ADEP, du S.I.A.E.S. , du SAGES et de l'UDAF 13 avec Patrick FAUCONNIER , journaliste au Nouvel Observateur , fondateur de la revue Challenges et auteur du livre " La fabrique des meilleurs " ( 2005 ).
P.Fauconnier a ainsi exposé devant un auditoire attentif son point de vue sur le bac et le système éducatif français, après nous avoir remercié pour notre invitation et souligné que nous étions les seuls, parmi tous les syndicats et organismes éducatifs, à l'avoir sollicité pour discuter de son ouvrage. Sans doute parce que nous faisions preuve d'ouverture d'esprit alors que les autres avancent bardés de certitudes ou ne dialoguent qu'avec ceux qui pensent comme eux !
Or le sujet est tabou, la question iconoclaste. Faut-il supprimer le bac ?
Pour P.Fauconnier , la réponse est OUI sans équivoque, mais cette suppression n'est qu'un élément d'une réflexion plus vaste, et très critique, sur le système éducatif français.
Il met en évidence, à grands traits, les points fondamentaux suivants :
- un jeune sur trois sort du système scolaire sans qualification ou un bagage monnayable sur le marché de l'emploi, d'où un chômage des jeunes élevé et la violence;
- depuis plus d'un quart de siècle les gouvernements, de droite ou de gauche, ont multiplié les plans "emploi-jeunes", sans réduire significativement le chômage;
- les formations sont inadaptées, le système fonctionnant comme une "raffinerie" visant à produire des "essences" de qualité ( les" meilleurs " ) en rejetant les "déchets" ( l'échec scolaire");
- on dépense ainsi beaucoup pour faire émerger les meilleurs ( Grandes Ecoles ) et produire des élites qui ont un regard méprisant et condescendant pour les autres "qui n'ont pas su réussir" et feront l'objet de la "charité publique";
- les filières générales sont survalorisées par les familles au détriment des voies professionnelles et techniques, ou de l'apprentissage considéré comme une déchéance;
- on privilégie ainsi en France Platon à Aristote. L'enseignement théorique, abstrait, les idées pures plutôt que l'expérience, la pratique, le concret. L'intellectuel plutôt que le manuel.
- le fossé entre le monde éducatif et le monde des entreprises est très important, et n'a guère varié depuis un demi siècle. Les enseignants en sont en partie responsables, à l'image de leurs syndicats dominants résolument hostiles, par idéologie, à l'entreprise et au patronat qu'ils diabolisent ;
- les jeunes réalisent très tôt l'inanité du discours sur l'égalité et la poursuite des études, quand il voient que le diplôme ( le bac ) ne débouche sur rien, d'où perte de respect pour l'Institution et ses représentants;
- l'école traditionnelle, quoiqu'elle ait voulu, n'est pas parvenue à être égalitaire. Le collège unique est une illusion. L'hétérogénéité est la règle ( voir la diversité des bacs ) et ce sont toujours les plus aisés, socialement ou financièrement, qui s'en sortent en prolongeant leurs études et en ayant recours à des "écoles bis" payantes. Les inégalités se sont ainsi accrues alors qu'on n'a jamais cessé de clamer la volonté de les réduire !
Dans cette optique P.Fauconnier estime que le bac doit être désacralisé, qu'il ne sert plus à rien, est inutile - voire néfaste- car dévalorisé, et dévalorisant pour ceux qui ne l'ont pas . Avec 60 à 65 % de jeunes d'une génération ayant le bac : un tiers est laissé en route, stigmatisé par l'échec, alors que ce sont souvent des jeunes qui ont des capacités, des talents, des qualités autres que celles requises par l' Institution et que cette dernière ne sait pas faire émerger. Et la majorité des deux tiers qui ont le bac découvre vite l'hypocrisie du diplôme pour tous et l'impitoyable sélection de l'enseignement supérieur, où la "décantation" finit toujours par s'opérer.
Il lui apparaît plus sain de remplacer le bac par une "certification de fin de scolarité secondaire" sur contrôle continu étalé sur deux ans ( Première et Terminale ) , en mettant en valeur les points forts des élèves pour des choix motivés et en les responsabilisant sur ce qui les attend dans le Supérieur. Il faudrait aussi professionnaliser les formations supérieures, sur le modèle américain qui a un Secondaire "nul" mais des Universités réputées et de qualité.
Par ailleurs le bac actuel coûte très cher et désorganise la fin de l'année scolaire. Même plus accessible qu'autrefois il est facteur de stress, crée la psychose du diplôme, conduit au bachotage et fait le bonheur des boîtes payantes de rattrapage scolaire, telle Acadomia cotée en Bourse !
Enfin la multiplication des bacs n'a résolu que le problème statistique ( faire du chiffre ) et non la valeur du diplôme ( " le bac pour tous, un passeport pour nulle part " ) auquel les employeurs n'accordent guère de crédit, c'est à dire une rémunération en conséquence ( voir la caissière de supermarché avec le bac ). Quant au bac pro qui devrait déboucher sur la vie professionnelle, il conduit de plus en plus vers la poursuite des études et l'échec des deux tiers des intéressés.
En conclusion de son exposé P.Fauconnier estime que le bac est un élément de blocage du système, par son caractère sélectif, créant de l'exclusion pour ceux qui ne l'ont pas et auxquels il faut s'intéresser, sans pour autant donner un viatique valable à ceux qui l'ont obtenu. Et la comparaison avec d'autres pays où le bac n'existe pas n'est pas forcément à l'avantage de la France, tant en matière de nombre et de niveau des étudiants, que de chômage des jeunes.
NDLR. P.Fauconnier ayant centré son propos sur le bac, thème du débat, nous vous conseillons de lire son ouvrage ( La fabrique des meilleurs ) où il expose plus complètement sa critique du système et son point de vue, en particulier sur la nécessité de revaloriser les voies professionnelles et techniques sous toutes leurs formes :apprentissage, alternance, intérim, formation sur le tas, lycées des métiers, écoles parallèles, de la seconde chance…
Le débat qui a suivi , dont nous ne pouvons rapporter toutes les facettes, a permis aux participants de poser de multiples questions, ou à exposer des points de vue contradictoires favorables au maintien du bac. L'argument essentiel en ce domaine tient au fait de l'anonymat de l'examen et à sa vertu "d'objectivation" des résultats, alors que le contrôle continu peut être source de pressions, ou favoriser la poursuite de l'hypocrisie scolaire par des notations artificielles. On émet l'idée que l'on pourrait maintenir le bac en l'adaptant et en lui redonnant de la valeur pour l'accès au Supérieur, en renforçant les disciplines essentielles, et en rendant les cursus secondaires et supérieurs plus lisibles.
Pour P.Fauconnier des réponses sont à chercher dans l'encouragement des élèves à partir de leurs motivations ( behavourisme ), dans le développement des classes relais, des Segpa , avec des éducateurs, des assistants, des "coaches" pour récupérer les élèves faibles ou en difficulté. Certes cela a un coût , mais certainement moindre que celui de la délinquance. Il faut aussi changer les mentalités des employeurs pour qui le bac est un moyen commode de sélection en évitant les entretiens de motivation. Il faut aussi renforcer les liaisons entre Secondaire et Supérieur , rapprocher les Grandes Ecoles de l'Université, et tout le système du monde des entreprises. Et revenir en Primaire à des instituteurs "ancien style" pour donner effectivement aux jeunes élèves les connaissances nécessaires et fondamentales pour l'entrée au collège. Au final, substituer au système actuel " gagnant / perdant " , un système "gagnant /gagnant ".
J.O / G. Z
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Un pichot tèste en lengo nostro pèr galeja…
La Calculadouiro
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Vaqui un pichot animau (Calculatrix vulgaris) que se n’en troubara jamai lou foussile dins quauque jas que siegue, estènt qu’a creba l’iòu (se de cop que i’a es ouvipare) i’a soulamen un trentenau d’annado. Aquelo bestiouno, se sort pas de l’Arco de Nouè, es pas pèr acò qu’a ges de parentage, que, li vièi n’en soun li temouin, sis aujòu an noum Règlo de Calcula e Taulo di Lougaritme. Quàuquis especialiste de la genealougìo scientifico i’an meme trouba, se dis, de liuenchen cousin dins li Boulié di Chinés, mai acò sarié puro ipoutèsi.
Que sant que siegue, n’en avèn à l’ouro d’aro, un pau d’en pertout, e i’a ges d’oustau de segur ounte se n’en atrovo pas un vo meme dous o tres escapouloun. Fau dire que l’animau, rare à la debuto, s’es fa mai courrènt, e à flour e à mesuro que s’aliscavo e s’amenudavo, devenié, fau lou recounèisse, mens carivènd.
Assajen un pau de lou retipa ; es grand coume la man, en generau de coulour soumbrenco, pas tant negro que verdo o bluio ; sa formo reitanglo es arredounido i cantoun ; sus lou davans duerb un grand iue, reitangle tambèn, e tout en dessouto uno moulounado de boutoun que sèmblo l’esquino d’un grapau. Sus chasque boutoun destriarés un ierouglife, e entre li boutoun n’i’a perèu, mai o mens segound lis espèci.
En generau l’animau es siau ; semblo que dor. Mai se quichas un pau sus « on », d’un det lóugié, sènso lou brusqueja, lou veirés vous sourrire, que soun iue chanjo de coulour e parpelejo dins lou cantoun d’aut e de gaucho. Pèr lou moumen li raço que se vendon au nostre soun muto ; mai li boutoun ramplaçon la paraulo que ié manco, e se pòu charra emé la bèstio que resto manso pèr pau que sachés la prèndre coume fau. Mai mèfi ! fau pas tout ié demanda ! Se vesès que chifro trop long-tèms (parpelejo alor au cantoun d’aut e de drecho) es que saup pas vous respondre ; de cop que i’a respondra uno messorgo, pèr eisèmple que 941664/665857 es egau à . D’autre fes es tuclo : voulias que vous faguesse veire la figuro de exp(-500t) e vous mostro pas rèn…zóum ! faudra ranja tout acò !
N’i’a qu’an bèn adoumestica l’animau ; soun li jouine que l’an toujour à man, que lou caresson , que lou calinejon, que ié manejon doucetamen li boutoun ; bounias, se laisso faire ; podon ié demanda tout ço que volon ; éu respoundra toujour, sènso boulega, sènso reguigna. I‘a que quand ié demandon 23 que li causo viron mau. Oh, vèn pas de la bèstio, bravo, que respond sènso se plagne. Noun, es lou gros ome, eila, au founs, davans lou tablèu negre que se bouto à brama : « Leissas aquelo proutèsi qu’avès toujour à la man e aprenès li taulo de multiplicacioun ! »
Jan Peïre MAZET

Lecture…
Marie DURU - BELLAT
L'inflation scolaire
Les désillusions de la méritocratie
Seuil janvier 2006
Nous vous conseillons vivement la lecture de cet ouvrage qui a le mérite de dire tout haut ce que beaucoup savent et n'osent dire, même tout bas.
Etude lucide, documentée, faisant réfléchir, stimulante même si l'on peut ne pas être d'accord sur tout.
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" Les études, plus on en fait, mieux on se porte".
L'auteur montre qu'on peut en douter, mais que de multiples intérêts , politiques, économiques, syndicaux, individuels convergent pour appliquer ce dogme du "toujours plus " conduisant à des effets pervers d'une "over-education " qui fonctionne comme un piège et accroît les inégalités, quand "trop d'éducation , tue l'éducation ".


L'inflation scolaire

" Il reste qu'au bout du compte, ce sont aujourd'hui comme hier les moins diplômés, les derniers de la "file d'attente", qui seront les moins bien servis. On est donc en présence de ce que R.Boudon appelle un effet pervers, c'est à dire un effet "macro-social" non voulu ( la dévalorisation des diplômes) engendré par l'accumulation de stratégies individuelles "raisonnables", puisque l'intérêt de chacun est de se classer au mieux. " p. 30.

" Alors même que la lutte contre l'inflation monétaire est devenue une obsession, l'absence de préoccupations pour l'inflation des diplômes est frappante. A moins qu'on estime que le solde des effets, toujours ambivalents, de cette inflation - paix sociale, camouflage du chômage, création d'emplois publics, apparente égalisation des destinées scolaires … - est en l'occurrence positif. Comme dans d'autres domaines, les jeunes paieront … plus tard ." p.69.

L'inflation scolaire.
" Quand le "tout scolaire" tue l'éducation.
C'est ainsi qu'en France on s'accorde sur l'objectif consensuel de 50 % d'une classe d'âge diplômée du Supérieur, sans s'inquiéter du fait qu'on ne dispose d'aucune évaluation précise et fiable sur ce que savent les jeunes qui sortent des universités…
Ce n'est pas un hasard si le thème de la démotivation des élèves ou de l'ennui à l'école…nourrit tant de recherches et tant de déplorations. A Barrière décrit ( chez les lycéens ) cet "instrumentalisme" qui se nourrit des incertitudes quant à l'utilité des études et " permet de travailler précisément sans autre motivation que la note, ou plutôt la moyenne, le passage, l'orientation, le diplôme." Mais dès lors que le but - la note - ou "l'utilité" promise - les emplois - ne sont plus au rendez vous, toute motivation s'effondre vite." p.75 / 76.


 

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