Deuxième syndicat de l'académie tous corps confondus.

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Le SIAES - SIES, LE syndicat indépendant !


Réouverture des établissements scolaires à compter du 11 mai.

 

Le 26 avril 2020

 

Depuis de trop longs mois, le président de la République, les ministres et les secrétaires d’Etat, communiquent au sujet de la maladie à coronavirus (Covid-19), puis réfléchissent ensuite à la façon de mettre en pratique leurs annonces, se contredisent entre eux et finissent par se contredire eux-mêmes.

Les désormais régulières et interminables déclarations, pour ne rien dire, du chef de l’Etat rythment les interventions quotidiennes des membres du gouvernement et de leurs affidés. Tous se livrent à un stakhanoviste exercice de communication, souvent mensonger, pour occuper l’espace médiatique, donner l’illusion qu’ils sont capables de résoudre les problèmes, mais aussi pour tenter de relativiser leur part de responsabilité dans la dramatique situation sanitaire et économique dans laquelle ils ont collectivement placé, puis laissé s’enliser, la Nation.

Les professeurs et les autres personnels de l’éducation nationale, traités comme toujours avec mépris, découvrent dans les médias les décisions du ministre de l’éducation nationale, qui varient au fil des jours, lorsqu’il n’est pas désavoué par le président de la République.

Dans cette dystopie qui devient progressivement réalité, nous assistons à des situations orwelliennes où les dirigeants du pays affirment avec aplomb exactement l’inverse de ce qu’ils exprimaient avec conviction quelques semaines auparavant et pratiquent sans vergogne une forme de révisionnisme historique lorsqu’il s’agit de rendre des comptes au peuple au sujet de leur impéritie face à la pandémie.

Les commissions d’enquête, les historiens, voire la justice, permettront peut-être de connaître le nombre exact de morts du Covid-19 en France, le nombre exact de sacrifiés dans les EHPAD, le nombre exact de malades privés de soins et d’accès aux services de réanimation notamment en raison de leur âge, le nombre exact de morts à domicile, le nombre exact de malades (qui garderont parfois d’importantes séquelles) et de déterminer la part de responsabilité de ceux qui gouvernent le pays.

En temps de crise, le SIAES - SIES est évidemment favorable à l’unité nationale, mais pas autour des responsables de cette situation auxquels il n’accorde certainement pas sa confiance.

 

Alors que la France fait partie des cinq pays au monde comportant le plus grand nombre de décès du Covid-19, Emmanuel Macron a surpris tout le monde en annonçant la réouverture progressive des établissements scolaires à compter du 11 mai. Il s’agit d’une décision strictement idéologique et économique, contraire au bon sens le plus élémentaire et aux préconisations de la communauté scientifique et du conseil scientifique Covid-19, qu'il a lui-même mis en place, qui propose dans son avis n° 6 publié le 20 avril « de maintenir les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités fermés jusqu’au mois de septembre ».

Comment croire que ceux qui ont totalement raté la préparation du pays à une épidémie annoncée depuis janvier, puis le confinement, notamment en repoussant la fermeture des établissements scolaires, réussiront un déconfinement couplé à la réouverture des établissements scolaires sans provoquer une deuxième vague de contaminations et de décès ?

 

Fidèle à sa stratégie de division des Français, la décision politique d’Emmanuel Macron constitue également un redoutable piège tendu aux professeurs, déjà accusés par certains de manquer de courage en refusant de prendre des risques par rapport aux travailleurs d’autres secteurs professionnels : en témoignent notamment les consternantes déclarations d’un ex-ministre ou celles d’un ex-commentateur sportif qui s’essaye désormais à la pensée sur une chaîne de télévision d’information continue.

 

Pour le SIAES - SIES, la protection de la santé des personnels de l’éducation nationale et des élèves (qui a une incontestable incidence sur la santé de leurs familles respectives) prime sur toute autre considération. La vie passe avant tout !

La réouverture des établissements scolaires ne pourrait être envisagée qu’à la condition que des masques professionnels FFP2, du gel hydroalcoolique et des équipements de protection (gants, lunettes ou visières de protection etc.) soient fournis - en quantité suffisante - à TOUS les personnels (professeurs, CPE, personnels de vie scolaire, personnels administratifs, techniques etc...) et aux élèves, lorsqu’ils sont en âge de les utiliser.

Le SIAES - SIES est donc totalement opposé à la réouverture des établissements scolaires dans un contexte de pénurie qui prive les soignants et l’ensemble de la population de protections élémentaires.

Le « système D », les masques « fait-maison » ou « grand public » ne sont qu’un pis-aller et ne constituent pas une protection efficace, a fortiori lorsqu’une quinzaine de personnes sont réunies dans un lieu clos pendant plusieurs heures.

 

La réouverture des établissements scolaires pose par ailleurs une série de problèmes totalement insolubles dans un contexte de pénurie de masques : transports scolaires en milieu rural, transports en commun en zones urbaines, restauration collective, enseignement de l’EPS et de certaines disciplines en atelier, etc.

Le SIAES - SIES exprime également ses plus vives inquiétudes quant à une « souplesse locale » et une « autonomie laissée aux établissements » pour organiser la reprise des cours. Nous savons d’expérience que cela se traduit souvent par l’autonomie du chef d’établissement. L’autoritarisme, exacerbé en période de crise, de certains personnels de direction s’est exercé sur les personnels durant la deuxième moitié du mois de mars (ce que le SIAES - SIES avait dénoncé dans ses communiqués des 15 et 16 mars).

 

Parmi la longue liste d’arguties développées pour tenter de justifier la réouverture des établissements scolaires en mai, l’accroissement des inégalités scolaires durant le confinement est largement évoqué. Or, le ministre de l’éducation nationale a contribué à accentuer ces inégalités en voulant faire croire à l’opinion publique que l’enseignement se ferait normalement durant la période de confinement. Il fallait admettre que la priorité était la vie et rester modeste quant aux missions de l’éducation nationale durant le confinement en fixant comme objectif à l’enseignement réalisé à distance de consolider les points du programme déjà abordés en classe, plutôt que d’inciter les professeurs à poursuivre le programme. Il n’est jamais trop tard pour reconnaître ses erreurs et changer de cap. L'annonce d'un retour en classe sur la base du volontariat pour les familles détruit l'argumentaire pédagogique.

 

Le fondement de la volonté politique du président de la République de rouvrir les établissements scolaires à compter du 11 mai est essentiellement économique. Considérer que, dans un contexte sanitaire et économique aussi exceptionnel, l’Ecole a vocation à devenir, officiellement, essentiellement une garderie pour les élèves les plus jeunes pendant quelques semaines ou quelques mois afin de permettre la reprise de l’activité professionnelle de leurs parents peut se discuter. Dans ce cas, il faut que les gouvernants aient le courage d’exprimer et d’assumer leurs choix.

Vouloir limiter la catastrophe économique pour le pays est évidemment légitime :

- à la condition de mettre à la disposition des travailleurs du privé et du public des moyens de protection efficaces et un cadre de travail qui ne les expose pas au danger de la contamination ;

- à la condition de mettre en œuvre une stratégie de réouverture des écoles, collèges et lycées, adaptée à une reprise de l’activité professionnelle des parents d’élèves.

Ces conditions ne sont actuellement pas réunies. La stratégie est totalement inadaptée aux fratries scolarisées dans différents niveaux de la maternelle, de l’école primaire ou du collège. En effet, comment feront les parents de ces enfants pour reprendre le travail puisqu’il faudra garder à la maison une partie des enfants, tandis que l’autre partie sera en classe ? Le dispositif de reprise par demi-groupes en semaine A et semaine B ne ferait qu’amplifier le problème de garde et rendre impossible la reprise du travail pour les parents de jeunes enfants.

 

La Direction Générale de l'Administration et de la Fonction Publique cherche à rendre quasiment inapplicable l’exercice du droit de retrait (note DGAFP de mars 2020).

 

Nous refusons de nous soumettre au jeu de la roulette russe que le président de la République tente de nous imposer.

Nous ne resterons pas sans réagir face à ceux qui sont disposés à sacrifier nos vies et la vie des membres de nos familles.

Si le Premier ministre devait confirmer mardi 28 avril, lors de la présentation du plan de déconfinement  devant l’Assemblée nationale, la réouverture des établissements scolaires à compter du 11 mai, le SIAES - SIES appellerait alors les professeurs et les autres personnels de l’éducation nationale :

- à ne pas mettre leurs enfants à l’école ;

- et à exercer leur droit de retrait.

Enfin, le SIAES - SIES déposera un préavis de grève reconductible à compter du 11 mai afin de permettre aux personnels à qui l’exercice du droit de retrait serait refusé par l’administration de ne pas s’exposer au virus en exerçant leur légitime droit de grève.

 

Jean-Baptiste VERNEUIL - Secrétaire général du SIAES, Président du SIES

 

Annexes :

- Note de la DGAFP de mars 2020 « Covid-19 : droit de retrait dans la fonction publique ».

- Avis n° 6 du Conseil Scientifique Covid-19 du 20 avril 2020 « Sortie progressive de confinement - Prérequis et mesures phares »

- Note du Conseil Scientifique Covid-19 du 24 avril 2020 « Enfants, écoles et environnement familial dans le contexte de la crise Covid-19 »

 

Lire également la lettre ouverte à Jean Michel Blanquer de l'interfédérale nationale datée du 17 avril 2020, signée par la FAEN, fédération à laquelle le SIAES et le SIES sont affiliés.

 

Lire également le communiqué du SIAES - SIES du 16 mars 2020 : "Covid-19 : Responsables et coupables ?"

 

Lire également le communiqué du SIAES - SIES du 15 mars 2020 : "Face aux injonctions contradictoires et aux pressions hiérarchiques, une priorité, la protection des personnels."

 


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