Le siaes est un syndicat d'enseignants académique indépendant et de proximité, à votre service. l'adhésion est la moins onéreuse de tous les syndicats de l'éducation nationale.


Courrier  du S.I.A.E.S. n° 32 - 14 mars 2007 -

 

Éditorial
DOSSIER "VIOLENCE"
NON MADAME, CE N’EST PAS POUR CELA QUE NOUS AVONS SIGNE !

Violences en milieu scolaire : les vrais coupables
Une autre forme de "violence"
Sans commentaires. État des lieux depuis la rentrée, à l'état brut.
Tableau noir d'un lycée de l'académie

Une journée comme les autres
Mardi matin, journée type à Chevreuil
L'âge de raison
Où va le syndicalisme ?
 

 

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ÉDITORIAL
 

En guise d'ÉDITORIAL , compte rendu du Congrès du S.I.A.E.S.
Le S.I.A.E.S. a tenu son congrès annuel le 20 février 2007 à Cabriès, réunissant un peu plus de 80 personnes dont une soixantaine ont participé au repas. Une nouvelle fois ce congrès a marqué la vitalité du S.I.A.E.S. et a été l'occasion de rencontres et d'échanges, en particulier avec de nombreux nouveaux adhérents.
Un des points majeurs des discussions ayant porté sur la situation dans les établissements et la dégradation des conditions de travail il a été décidé de consacrer un dossier sur la " Violence " dans le présent Courrier.

Compte rendu d'activités.
Jacques Mille indique que les publications du S.I.A.E.S. (Lettres et Courriers) et le site Internet (www.siaes.com) relatent régulièrement l'activité du syndicat. Pour l'essentiel on retiendra qu'après les bons résultats électoraux de 2005 le S.I.A.E.S. est plus que jamais bien positionné comme le second syndicat de l'académie pour les professeurs des lycées et collèges ( hors LP ), y compris en EPS, discipline dans laquelle on a enregistré de nombreuses nouvelles adhésions.
La reconnaissance est aussi ministérielle, via le SIES et la CAT. Elle s'est traduite par l'attribution de décharges complètes, ce que nous réclamions depuis des années, et la participation à deux audiences au Ministère (comptes rendus sur le site du SIES www.le-sies.com. Peut être faut-il voir là une compensation au refus - peu glorieux pour le Ministère - des listes nationales présentées par le SIES aux élections de 2005 ?
Sur le plan académique le S.I.A.E.S., avec ses élus et ses représentants, a participé, comme il se devait et activement, à toutes les réunions (CAPA, FPMA, GT) tenues au Rectorat. Outre le Recteur (cf CR d'audience in Lettre n° 31 du 27 janvier 2007) , le S.I.A.E.S. a rencontré à de fréquentes reprises les responsables de l'administration académique, en particulier ceux de la DIPE ( M.Bourdageau, puis Mme Brioude depuis la rentrée 2006 ) pour exposer ses points de vue, faire des propositions et traiter des cas particuliers.
Les interventions au Rectorat sont en constante augmentation, signe de la multiplication des "problèmes" concernant les professeurs. Certains, mineurs, vite réglés; d'autres, plus graves, nécessitant plus de temps et parfois même un "accompagnement" des intéressés lorsque sont en jeu des situations impliquant élèves, parents, voire administration elle-même.
Pour son fonctionnement le S.I.A.E.S. a intégré à son bureau des jeunes collègues actifs et dynamiques (Jean Luc Barral pour l'EPS , Jean Baptiste Verneuil et Virginie Voirin), a développé son outil informatique, tenu des bureaux plus fréquents et amélioré ses relations avec la presse. Un effort particulier a été engagé pour mettre en place des correspondants d'établissement (S1) et diffuser plus rapidement les informations (tracts en particulier)
L'action en direction des TZR a été poursuivie et amplifiée. Grâce à notre persévérance le S.I.A.E.S. a obtenu qu'il n'y ait pas d'affectation de TZR à l'année (AFA) en zone limitrophe, hors volontariat. Des tournées dans les établissements ont également été entreprises et seront poursuivies pour mieux faire connaître le S.I.A.E.S. Une action ciblée en direction des stagiaires IUFM, dont plusieurs nous ont rejoints, a été conduite à la rentrée.
Enfin , comme on a pu le constater, le S.I.A.E.S. s'est pleinement engagé dans la défense du métier et des personnels, dans le cadre de l'Intersyndicale académique, à propos de la modification des statuts de 1950 et pour la revalorisation des traitements, d'où l' appel à participer à deux grèves et aux manifestations concomitantes où banderoles et drapeaux du S.I.A.E.S. ont été bien visibles.
Approbation à l'unanimité.

Compte rendu financier.
René Garcin expose que l'année 2005 - 2006 s'est soldée par un déficit. L'explication est à rechercher dans les dépenses exceptionnelles liées à la propagande en vue des élections de décembre 2005. Compte tenu des réserves ce déficit n'a rien d'inquiétant et a été rapidement épongé par les rentrées de cotisations 2006-2007, laissant apparaître à la date du congrès un solde positif provisoire très encourageant.
De nouvelles adhésions ont été enregistrées, mais le trésorier déplore des retards obligeant à des rappels (coût d'un rappel = 1 euro) alors que le montant des cotisations reste modeste.
Les principales dépenses sont relatives au tirage et au routage - presse (payé au gramme près !) des Courriers (37 %) ainsi qu' au tirage et à l'envoi sous pli des Lettres (15 %). Viennent ensuite les frais de déplacements (16 %) et les frais de communications téléphoniques et Internet (9 %).
Compte tenu 1 ) des coûts croissants des frais d'envoi , 2 ) des efforts en cours et à venir en matière de propagande , 3 ) de la nécessité de constituer une réserve pour les élections de 2008, le bureau propose à l'assemblée une augmentation des cotisations à compter de la rentrée 2007. Aucune augmentation n'a été effectuée depuis 2004. La hausse de référence retenue sur la période a été celle du prix du timbre , soit 8 %. La proposition d'augmentation est une moyenne de 6, 8 %, modulée en fonction du corps et de l'échelon selon la fréquence des "services" demandés. La nouvelle grille sera publiée dans le prochain journal.
Compte rendu financier et augmentation des cotisations adoptés à l'unanimité.

Sujets à l'ordre du jour.
Remplacements de courte durée. J.M. rappelle la position du S.I.A.E.S. : refus de l'obligation, accord pour le volontariat.
Le S.I.A.E.S. avait fait appel au Conseil d'Etat contre le décret ( comme le SIES , le SAGES et le SNES ). Par décision du 27 janvier 2007 le CE a jugé le décret conforme, donc pleinement applicable .
A notre connaissance ces remplacements s'effectuent de façons très diverses selon les établissements, sur la base du volontariat. Dans quelques cas cela a entraîné des tensions entre professeurs, allant jusqu' à la mise à l'index des volontaires, voire à des menaces. Nous avons saisi le Recteur et le Ministre sur un cas précis de ce type ( affaire en cours ). Il nous a par ailleurs été confirmé que la limite des 60 heures/année ne s'appliquait qu'aux professeurs non volontaires, désignés par le chef d'établissement, et que la dotation des établissements serait abondée en fonction des besoins.
Décrets sur les obligations de service. J.M. indique que ces décrets , désormais publiés, sont applicables dès la rentrée. Les DGH ont été établies ( avant publication ! ) sur ces nouvelles bases : suppression de l'heure de première chaire en Première et pour les disciplines non obligatoires au baccalauréat, suppression des décharges pour les cabinets et laboratoires, ainsi que, sous conditions, pour les forfaits d' AS en EPS, compléments de service sur 2 ou 3 établissements, bivalence. Et , en contrepartie, attribution d'heures pour " activités autres que d'enseignement " au gré des choix des établissements.
Le S.I.A.E.S. a pris position sur ce sujet ( cf Lettres n° 30 et 31 des 11 décembre 2006 et 27 janvier 2007 ). D'ores et déjà la mise en œuvre de ces décrets a suscité remous et protestations dans les collèges et les lycées, ainsi que chez les professeurs d' EPS, très durement et souvent injustement touchés. Le mouvement doit reprendre après les vacances . Le S.I.A.E.S. a participé jusqu'ici à l'action intersyndicale dans l'académie. La question posée à l'assemblée est de savoir si l'on doit continuer , et sous quelles formes ?
Si l'avis de poursuivre l'action ( à condition que celle-ci soit bien ciblée sur les aspects négatifs de décrets ) est quasi unanime, les avis sont très partagés sur les modes d'action . Unanimité pour refuser toute nouvelle grève d'un jour. Au delà les propositions fusent : participation à des manifestations le mercredi après-midi ou le samedi, actions sur le bac et le brevet blancs, actions administratives ( mentions sur les bulletins trimestriels, rétention de notes, participation muette aux conseils de classe, faire passer tout le monde pour faire exploser les statistiques de réussite ) , journée de la bivalence, blocage de péages…
En tout état de cause il faudra s'en remettre à des actions majoritaires dans les établissements pour avoir quelque espoir de réussite. De plus le contexte pré-électoral suscite interrogations : avantage ( pression ) ou inconvénient ( récupération politique ) ?
Traitements. La revendication sur les salaires doit être inscrite dans nos demandes, car l'érosion du pouvoir d'achat des professeurs est une évidence. Remarques sur les propos de M. Copé : les 4100 € du certifié en fin de carrière ! Un intervenant fait observer qu'à suivre une candidate le professeur débutant sera bientôt payé au niveau du SMIC !
Temps de travail. La revendication est aussi d'actualité quand chacun constate que son temps de travail n'a cessé d'augmenter ces dernières années, sans contreparties financières, et que les professeurs ont été les grands oubliés de la RTT. De l'avis général la multiplication des réunions à tout propos ( au fait, lesquelles sont obligatoires ? ) y est pour beaucoup, et les 35 heures sont souvent dépassées.
Conditions de travail. J.M. souligne la montée des appels " au secours " de professeurs concernés ( victimes ) de faits de violence dans, ou aux abords, des établissements. Par ailleurs les médias se font presque quotidiennement l'écho de tels faits. De nombreux intervenants confirment ce phénomène, pour le connaître dans leur établissement, sinon l'avoir vécu ou le vivre eux-mêmes. Cela va de l'indiscipline généralisée à des actes plus graves d'atteintes verbales, voire physiques aux personnels. On rappelle que tout professeur, en tant que fonctionnaire, peut porter plainte pour " outrage à personne chargée d'une mission de service public ". Trop peu le font. Et les chefs d'établissement répugnent souvent à soutenir les plaintes, comme à signaler les faits de violence par crainte de "stigmatisation ".
Discussion. Faut-il médiatiser la violence en milieu scolaire ? On sait l'hostilité de certains syndicats à le faire, comme à faire appel à la répression… sauf quand un des leurs est concerné ! Décision d'un dossier " Violence" ( cf. page 4 à 11 ).
Autres sujets abordés : PPRE, Aide individualisée, postes Ambition réussite, Conseil pédagogique ( il semblerait que certains établissements ignorent jusqu'à son existence ! ), Note de vie scolaire.
Sur cette dernière, une intervenante fait remarquer que dans son établissement, pour qu'un élève n'ait QUE 10 / 20 il faut que l'on ait relevé 41 manquements à son propos !!!
Questions en vrac :
Comment remonter un collège en détresse ? Pourquoi certains établissements fonctionnent-ils bien et d'autres pas, alors qu'ils ne sont pas dans des secteurs défavorisés ? Réponses : le collège unique est aujourd'hui une fiction à laquelle s'accrochent les idéologues. Dans la réalité la diversité est la règle, par nécessité. Quant à la "qualité" d'un établissement elle est très liée à la "qualité" du chef d'établissement et à la cohésion des professeurs, transcendante à leur appartenance philosophique ou politique.
Quid de la carte scolaire pour affecter les élèves ? Réponse : tous les candidats en parlent. Mais plus on en parle, moins c'est clair !
Comment réhabiliter le respect, la discipline, l'autorité, les sanctions ? Que faire si l'on se sent, ou si l'on est , menacé ? Ou mis en cause par les élèves, les parents, voire le chef d'établissement ? Réponse : nous prévenir, évidemment !
J.M. signale que tout professeur a droit à consulter son dossier administratif au Rectorat, sur demande écrite. De même les chefs d'établissement doivent porter à la connaissance des professeurs, s'ils sont mis en cause, les pièces les concernant. Tout professeur peut contester, par écrit, toute décision le concernant, qu'il s'agisse de la notation administrative ou de rapport, y compris d' inspection, établi à son sujet et qui doit lui être communiqué.

Pour terminer il est convenu, après discussion, que le S.I.A.E.S. adressera aux candidats à l'élection présidentielle des questions précises sur l'enseignement. Les réponses seront publiées, comme seront signalées les absences de réponse.
Principaux thèmes proposés (non exhaustifs) : Salaires, revalorisation, avec chiffrage et calendrier. Comment lutter contre la violence et rétablir le respect envers les professeurs ? Position sur le passage automatique en classe supérieure . Idem sur un contrôle effectif pour l'entrée en Sixième. Réforme des IUFM ? Inclure les temps de trajet dans le temps de service en cas de poste sur plusieurs établissements.
Alain FRETAY Jacques MILLE

 

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DOSSIER "VIOLENCE"

Présentation : A l'heure où le problème de la violence en milieu scolaire se pose avec une acuité croissante nous avons jugé opportun d'apporter témoignages et articles à ce sujet.

Bilan 2005 - 2006 de la violence en milieu scolaire (déclarée...)
Nota : les "petites incivilités" ( sic ) ne sont pas recensées.

Violences physiques sans arme : 24 390
Insultes ou menaces graves : 21 334
Vols ou tentatives de vol : 7 022
Dommages aux locaux : 3 042
+ Hausse constatée par le Ministère des violences à l'endroit des professeurs


Ce dossier comprend deux articles d'ordre général et présente quelques témoignages et … un contrepoint qui pourra surprendre, ou choquer.
Nous aurions pu multiplier ces témoignages de la vie quotidienne dans les établissements, car nous n'en manquons pas. C'est alors un livre que nous aurions dû écrire !
Nous ne doutons pas qu'à ces seuls exemples beaucoup ne reconnaissent des situations vécues, à des degrés et sur des modes divers car le fait est très variable d'un établissement à l'autre, et au sein même d'un établissement.
Soyons clairs . Notre objectif n'est pas de " noircir le tableau " à l'envi car nous savons fort bien faire la part des choses quand nous reviennent naturellement , à titre syndical, plutôt les situations " a - normales " que celles ne faisant pas problème qui restent, du moins l'espérons-nous, majoritaires.
Mais il est de notre devoir, sans langue de bois, de dire et d'exposer cette montée de la " violence ", sous ses formes diverses, quand il ne s'agit plus d'actes isolés ou d'épiphénomènes, mais de situations qui se généralisent et se banalisent, touchant jusqu' aux établissements réputés "sans problèmes".
Ni alarmisme excessif, ni politique de l'autruche. Pour le S.I.A.E.S., parler vrai c'est ne pas occulter les réalités et c'est oser appeler "un chat, un chat". Et dire le vécu des personnels dans sa diversité, en pointant ce qui fait problème pour accomplir, dans la sérénité, notre mission d'instruction et d'éducation.
Cette violence constatée, nous convenons que les "remèdes" possibles sont loin de faire l'unanimité et que la question de la discipline et de la sanction (de la répression selon certains) se trouve ainsi posée. Certes la prévention s'impose toujours en priorité, mais quand la maladie est là, il faut bien la soigner !
Pour la réflexion sur le sujet nous vous conseillons la lecture d'un petit ouvrage
 

La sanction en éducation par Eirick PRAIRAT Que sais-je ? n° 3684 Février 2007

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L'auteur pose clairement, en perspective historique et contemporaine , la problématique des règles, de l'autorité et de la sanction et, à défaut d'apporter une réponse absolue, en définit les enjeux, en particulier dans le contexte récent de montée des incivilités et de la violence ainsi que de l'irruption du "droit " dans le règlement des conflits scolaires.

Nous vous conseillons aussi, particulièrement si vous êtes concerné(e) par un problème de discipline ou de violence dans votre établissement, de vous faire communiquer une publication du Ministère adressée à la rentrée 2006 à tous les chefs d'établissement
 

Conduites à tenir en cas d'infractions en milieu scolaire Mémento MEN Juillet 2006 consultable sur www.eduscol.education.fr
+ Circulaire interministérielle 06 - 125 du 16 août 2006 in BO n° 31 du 31 août 2006
Ce mémento définit tous les actes délictueux avec la "marche à suivre" pour leur règlement.


Vous pouvez aussi, si vous êtes témoin, ou victime, d'un acte de "violence" en milieu scolaire nous contacter pour nous signaler les faits, et vous aider si nécessaire, car l'administration des établissements n'est pas toujours très "chaude" en la matière … quand elle ne vous rend pas même, parfois, responsable de vos propres maux !
 

 

NON MADAME, CE N’EST PAS POUR CELA QUE NOUS AVONS SIGNE !
Quand on arrive au bout du pire, ça va mieux ?

Vous vous souvenez d'Orange Mécanique, le célèbre film de Stanley Kubrick ?
Dans un futur pas si lointain, une bande de jeunes goûtaient aux plaisirs de l'hyper-violence : rodéos en voitures, tabassages divers, viols, tortures... Eh bien le futur, c'est aujourd'hui !
Trois images : mars 2003, manifestations de lycéens, ces bandes qui isolent une proie, la frappent, la rackettent, avant de disparaître. Octobre 2005, les mêmes peut-être, qui inventent un nouveau jeu pour tromper l'ennui et incendient joyeusement les voitures de leurs voisins. Février 2006, l'affaire Ilan Halimi, le gang des barbares.
Et ça continue : automne 2006, on met le feu aux bus. Toujours dans le style : on s'ennuie, on est nuls, on court au plus pressé. Dernière tendance ? Organiser une tournante dans les toilettes de l’établissement ; filmer la scène avec son Nokrisson à 3,1 megapixels ; publier le best of de l’horreur sur son blog accessible à tous : www.jesuisunpetitcon.com
La plupart sont mineurs, souvent des collégiens, mais aucun d’entre nous n’est vraiment concerné. Jusqu’au jour où une chaise vide… « Machin ? Le bus, c’était lui… ». Ben oui. Car ce sont nos enfants, nos élèves, dans le monde technologique dont nous avons rêvé. Les petits enfants de mai 68, qui n'ont d'autres valeurs que celles renvoyées par la télévision ou les jeux vidéos : violence esthétique et sans conséquence, argent facile, gloire et beauté sans effort. Je veux une chose donc je la prends... Au pire, je passe à la Star Ac’. À la télé, si je crame des passagers. Même la torture n’est plus qu’un simple jeu. En 3D et bande son surround. La teuf ! Sans parler du bonus : je nique au passage mes parents, la police et les profs.
Surtout les profs, bien alignés au premier rang du grand jeu de massacre.
Méprisés, agressés, insultés, les enseignants sont de plus en plus souvent lâchés par leur hiérarchie.
Qui n’a entendu parler de cette enseignante de 35 kg, « accusée » d’avoir viré manu militari ce gaillard de 17 ans, et de s’être au passage déboîté l’annulaire de la main gauche ? Plainte des parents, « témoignages » des copains de la classe… Blâme. Ou encore ce jeune stagiaire IUFM dont la veste de cuir a été lacérée à grands coups de cutter et qui a osé parler de remboursement à la famille de l’agresseur : sanction administrative à la demande des parents, du chef d’établissement et de l’inspecteur. Motif : tentative d’extorsion. Démission de l’intéressé.
Nos élèves n’ont plus aucun repère – « Quoi, vous faites tout ce foin pour un simple vol de portable ? » - et leur parents tendent vers le modèle américain : mon fils n’a pas eu la moyenne, le prof a dit qu’il était « rêveur » ? Je colle un procès à l’enseignant, je demande une sanction, j’alerte les médias.
Car nos élèves n’ont pas le monopole de la violence : février 2007, au prétexte d’une remontrance faite à un pékélou, deux voyous vaguement parents agressent sauvagement deux institutrices en pleine récréation. Sous les yeux de leurs petits élèves, l’une d’elle est violemment jetée à terre. Elle est longuement tabassée, défigurée à coups de pied. Vous avez dit sanction ? 7 et 1 mois de prison pour les coupables. Ridicule. Insultant pour la profession, humiliant pour les victimes. Les deux hommes encouraient sept ans de prison. C’est tout simplement, délivré par l’Institution, un véritable permis de récidiver.
Je voulais consacrer cet article aux TZR. Au-delà, j’aurais voulu parler de tous ceux qui se trouvent aujourd’hui engagés en première ligne ; les plus exposés au feu dans cette guerre de tranchée qu’est devenue la mission d’enseigner.
Car cette année encore, c’est la guerre, je n’exagère rien. Et ce ne sont pas ceux de Jean Moulin, de la Belle de Mai ou d’Elsa Triolet qui me contrediront . A Frais Vallon, les comptes se règlent à coups de carabine devant le collège ; à Vallon des Pins, une surveillante est piétinée par les élèves ; autres lieux, autres mœurs, à Diderot, à St-Exupéry, les commandos pénètrent dans le lycée pour vider leurs querelles ou massacrer un prof à la barre de fer. L’administration impuissante exclut les victimes à domicile, « pour leur propre sécurité » et mute l’enseignant défiguré dans un bahut plus calme.
Il faudrait dix journaux pour raconter le pire : stagiaires insultés en présence de leur tuteur ; néo-titulaires bombardés au tableau par des billes en acier ; intimités filmées par des portables et largement divulguées…
Et ce n’est plus anecdotique : la gangrène s’étend. Le pire se généralise et se banalise. La norme n’existe plus. Chacun y perd ses repères et tente de préserver sa peau. Le prof, qui était généreux et solidaire, devient con et individualiste : « Aujourd’hui ça allait. Des insultes comme tous les jours mais moins de crachats sur ma veste et ma voiture n’a été que rayée. Les pneus sont intacts, je peux encore rouler. Dans deux ans j’ai les points pour Monticelli.»
J’en reviens aux TZR. J’en reviens à tous ceux qui exercent en services partagés sur deux ou trois établissements. Qui mangent au volant de leur voiture, parcourent des centaines de kilomètres chaque semaine. Se font engueuler s’ils osent rater une réunion d’équipe et s’entendent dire régulièrement : « Il y en a de plus mal lotis, qui ne se plaignent pas».
J’en reviens aux TZR, à ceux qui enseignent et ceux qui n’enseignent pas. Qui attendent toute l’année un bout d’affectation en classant des bouquins au fond d’un CDI. À qui on lâche avec mépris : « Vous n’allez pas refuser cette demi semaine de remplacement à 60 km de chez vous ?... Vous n’avez pas encore travaillé cette année ! ». Coupable de n’avoir pas obtenu d’affectation ; mauvaise graine de sous-prof.
Je repense à cette gestionnaire du Rectorat, fort sympathique au demeurant mais ce n’est pas la question. S’étonnant de la rétivité des jeunes enseignants à être écartelés à travers l’académie, déplacés comme des pions sur un échiquier : « Tout de même, c’est pour cela qu’ils ont signé ! ».
Non, madame. Ce n’est pas pour cela qu’ils ont signé. Ce n’est pas de cela dont on leur parlait dans le cocon douillet des IUFM.
On a laissé des pseudo pédagogues leur cacher les réalités du métier. On a laissé des universitaires fumeux mentir sur le sens de leur mission et le niveau de leurs élèves. Au sortir de la bulle dorée, on les a envoyés au casse-pipe dans les quartiers les plus difficiles, sans l’ombre d’une vraie formation. Pas sur un établissement délicat, mais souvent sur deux ou trois et pour un temps très court. Juste le temps imparti aux élèves pour démolir le prof. Pour se payer la peau du remplaçant de la remplaçante du prof.
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Beaucoup nous ont quittés cette année. Écoeurés de n’avoir été que de la chair à élèves, trahis dans leur vocation et dévalorisés dans leur image.
Alors oui madame, tout bien réfléchi, ceux qui restent ont parfaitement le droit de manifester leur mécontentement. Ils avaient imaginé leur métier autrement.
Richard TRONC – Secrétaire Adjoint. Élu CAPA certifié richard.tronc@siaes.com
Sans oublier le lycée hôtelier, établissement le plus violent de notre académie (!!!) d’après les résultats de l’enquête SIGNA (Le Point – 31 août 2006).
 

Violences en milieu scolaire : les vrais coupables.

Parmi nous, peu ont encore la chance d’exercer leur métier dans un établissement où les professeurs et les adultes en général ne sont pas régulièrement confrontés aux insultes, menaces et violences des élèves dont ils ont la charge.
Cet état de fait a gangrené la plupart des établissements y compris ceux à qui on collait naguère l’étiquette « sans problèmes ». Ce que certains appellent pudiquement les « incivilités » est devenu le quotidien, sous des formes variées certes, mais toujours aussi difficiles à vivre, des personnels et des élèves désireux de travailler et de s’instruire dans des conditions correctes.
Nous l’avons à maintes reprises dénoncé et continuerons de nous engager aux côtés de toutes celles et ceux qui conservent l’espoir de pouvoir reconquérir leur autorité bafouée et de faire travailler et progresser les élèves dans un climat serein. Si nous avons déjà tenté d’analyser dans nos précédentes publications les causes multiples de ces violences (Collège Unique, égalitarisme, pédagogisme…), je voudrais ici rendre à César ce qui appartient à César, c'est-à-dire mettre certains adultes face à leurs responsabilités dans cet énorme gâchis. Car si la montée de la violence chez les jeunes ,y compris en milieu scolaire, est un fait de société indéniable notamment lié à la démission des familles, l’Education Nationale porte également une très lourde responsabilité.

Tout d’abord, inutile de travestir la réalité, il y a toujours eu des professeurs chahutés, ceux chez qui on allait passer un moment de franche rigolade. Les enfants d’aujourd’hui sont les mêmes que ceux que nous étions, ils cherchent à toucher du doigt la limite, à la repousser pour les plus hardis, et préfèrent en général s’amuser plutôt que travailler. Ce chahut d’antan s’inscrivait dans un contexte particulier, celui d’une Ecole au sein de laquelle l’élève pouvait de temps à autre lâcher gentiment la pression dans le cours de quelques professeurs moins portés sur la discipline et qui faisaient bien inconsciemment office de soupapes de sécurité.
Ce chahut pratiqué dans les cours de certains, il y a encore dix ou quinze ans, serait aujourd’hui perçu comme une séance très calme par bon nombre de professeurs dans la plupart des établissements « difficiles » ou en passe de le devenir si rien ne change. Les enfants se sont transformés en bourreaux et les enseignants en offrandes sacrificielles sur l’autel du Collège Unique, de « l’enfant au centre du système éducatif », du pédagogisme et du 80 % d’une tranche d’âge admis au bac. Les élèves ne chahutent plus puisque le chaos est devenu leur quotidien. Ils n’ont plus d’ailleurs les fous rires incontrôlables que nous avions parfois dans le cours de certains professeurs réputés pour leur intransigeance. Les élèves d’aujourd’hui ont bien compris que le système leur permet dans l’impunité la plus totale de manquer de respect aux adultes, de les insulter, de les menacer et même de les frapper. Impunité pour ces élèves car le terme « autorité » est assimilé à un fléau fasciste dans le vocabulaire pédagogiste employé par certains gourous sévissant dans les IUFM. Vocable également proscrit sous la dictature de la pensée unique, imposée par des syndicats post soixante-huitards de la gauche bien pensante, qui sévit dans bien des salles des profs. Concept que de nombreux chefs d’établissement , ne voulant pas faire de vagues en faisant état des problèmes, estiment archaïque et dépassé, quand ils n'estiment pas, en renversant totalement les valeurs, que toute sanction est un « échec éducatif », leur échec, notre échec !!!
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Alors, quand le rappel des règles , l'appel à la raison, le dialogue n'ont pas abouti, la punition ou la sanction s'imposent. Combien de temps encore continuera-t-on d’excuser ou de minimiser les actes inadmissibles d’un collégien ou d’un lycéen au principe qu’ « un enfant est toujours innocent », « qu’il exprime ainsi sa frustration » ou que « les insultes n’ont dans sa bouche pas la même signification que dans celle d’un adulte » ? Combien de temps les irresponsables continueront-ils de refuser de sanctionner les élèves qui commettent des actes qui relèvent du délit, voire du crime sur le plan pénal ? Et de crier à la répression ?
Car après tout, mesdames et messieurs, je vous rejoins sur un point : Ce sont des enfants ! Et justement un enfant a besoin que les adultes qui l’entourent lui fixent des limites. Tous en conviennent (note 1) . En refusant de sanctionner et de vous montrer autoritaire lorsque cela est nécessaire, vous refusez de jouer votre rôle d’adulte et d’aider ces enfants à grandir.
J’ai vu repousser année après année les limites du tabou, de l’inacceptable, de ce qui relevait naguère de l’impensable. L’instauration de « commissions de vie scolaire », acclamées par les démago-pédagogues, censées traiter en amont des conseils de discipline les problèmes de comportement n’a fait qu’accentuer le sentiment d’impunité des élèves et par là même la fréquence des insultes envers les enseignants et des faits graves au sein des établissements scolaires. L’élève qui commettait un fait grave (insulte ou menace envers un enseignant, etc. …) était auparavant traduit devant un conseil de discipline. Il avait commis un acte tabou et cela était perçu comme tel par les autres élèves. Pour suivre la sacro-sainte gradation des sanctions, une « commission de vie scolaire » se réunit désormais pour tenter de remédier aux difficultés de l’enfant. Celui-ci est parfois légèrement sanctionné, mais ne peut être exclu définitivement même s’il a insulté ou craché sur un professeur. Il devra recommencer ces actes plusieurs fois à l’égard du même professeur ou d’autres (il a le choix) pour enfin passer en conseil de discipline. Et l’exclusion définitive ne tombera que si les professeurs élus au conseil se prononcent pour, ce qui n’est pas toujours le cas (réfléchissez donc bien avant de voter lors des élections du Conseil d’Administration en début d’année scolaire !).
Ne parlons même pas des consignes officieuses des chefs d’établissement zélés qui sont de « tenir bon sans faire de conseil de discipline durant le premier trimestre », de « garder le plus longtemps possible tel ou tel élève » pour « ne pas trop faire de chiffre ».
Enfin, lorsqu’il y a « le feu » dans l’établissement, après avoir « tenu bon » pendant le premier trimestre pour agir en fonctionnaire zélé et contribuer à l’obtention de bonnes statistiques par l’établissement, on exclut. On exclut à tour de bras
même ! « Les têtes tombent » lors de soirées aux allures de rites sacrificiels où on voit défiler cas après cas. Mais il est trop tard, cela n’a plus de sens. On a laissé les élèves cracher, insulter voire menacer bon nombre de collègues avant de signifier à certains d’entre eux qu’ils ont atteint leur quota. L’élève ressent même souvent un sentiment d’injustice car il ne comprend pas pourquoi c’est grave d’avoir insulté , cette fois , M. Untel alors que cela était précédemment admis et toléré.
L’Inspection Académique procède ensuite à des transferts de joueurs en réaffectant les exclus dans de nouveaux établissements selon le principe de la réciprocité. On en vire quatre, on nous en colle trois. Certains élèves feront ainsi 3 ou 4 établissements durant leur scolarité au collège. Cela aura permis aux équipes de souffler en se refilant la patate chaude.
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Ayant siégé depuis cinq ans dans le conseil de discipline de mon établissement, j’ai vu exclure près de 70 élèves. Ils étaient tous coupables, pas tous responsables, et ont été en général justement sanctionnés. Mais ils n’ont fait que payer le laxisme de certains adultes qui ont refusé d’instaurer au quotidien , dès le début de l'année, un cadre un peu plus rigide qui aurait évité à bon nombre d’entre eux de commettre l’irréparable et de sombrer dans l’échec et la violence.
Car le problème est bien là, il ne s’agit pas d’exclure tous les élèves qui commettent des faits graves, car il n’y aurait plus grand monde dans les salles de classe de certains établissements. Il s’agit de rétablir des règles strictes de vie en communauté et cela dès les petites classes. Il s’agit de restaurer l’autorité des professeurs et des personnels de l’Éducation Nationale en ne laissant rien passer, en sanctionnant lourdement les agresseurs, quand la faute est grave, et en accompagnant les victimes ,y compris sur le plan juridique. Limiter la place accordées aux fédérations de parents d’élèves afin qu’elles cessent de s’immiscer dans l’École et de s’opposer systématiquement aux enseignants en oubliant que ces derniers sont aussi des parents d’élèves. Il s’agit de réorienter les enfants qui relèvent de SEGPA y compris si l’avis des parents est négatif, car c’est pour leur bien et que nous sommes des professionnels à même de prendre la bonne décision collective pour ces enfants en souffrance. Ne plus maintenir durant quatre longues années des élèves qui ne le souhaitent pas au sein du moule du collège unique. Supprimer le passage automatique en classe supérieure. Il faut remettre la transmission des connaissances et le respect de l’adulte, et d’autrui en général, au centre du système, et non déifier l'enfant.

Quotidiennement insultés, menacés, violentés, de plus en plus souvent photographiés et filmés à leur insu, leur voiture régulièrement vandalisée si l’établissement ne bénéficie pas d’un parking sûr et fermé, certains professeurs sont attendus à la sortie par des élèves voulant régler leurs comptes. D’autres s’attendent à la fin de la journée pour sortir en groupe afin de n’être pas trop exposés individuellement aux hordes de voyous qui entourent certains établissements.
Voilà les conséquences du laxisme. Bien sûr, pour se dédouaner ils accusent en vrac, la société, la télévision, la police … qui ont corrompu ces individus. « Ils ». Inutile de les nommer. Vous les avez reconnus, ces syndicats dont les publications traitent volontiers des « bavures policières », de politique, et accessoirement de la question de l’Instruction Publique. Ceux qui excusent systématiquement les agissements délictueux des élèves-délinquants et ne prennent jamais en compte la détresse des victimes.
Nous sommes du côté des victimes – élèves et personnels de l’Education Nationale – pas du côté des voyous !
Nous sommes du côté de ces enseignants, jeunes et moins jeunes, victimes - parfois brisées à vie - de ces violences.
Nous sommes du côté de ces enfants qui, en proie à des situations sociales et familiales difficiles, se voient empêchés d’accéder au savoir par une minorité d’individus qui sèment le chaos. Notre combat est aussi pour ceux-là, pour qui l’Ecole ne remplit plus son rôle d’ascenseur social.
Honte à ceux qui cherchent à acheter la paix sociale en prônant le laxisme.
Honte à vous, syndicats pseudo-révolutionnaires, qui assimilez la règle et la sanction légitime et formatrice à la répression policière des régimes dictatoriaux.
Honte à vous qui refusez d’appliquer des sanctions et demandez des moyens, toujours plus de moyens.
Honte à toutes celles et ceux qui contribuent à traîner dans la boue l’autorité des adultes, mais qui pour rien au monde n’habiteraient, ni n’inscriraient leur progéniture dans l’école du quartier.
VOUS ETES RESPONSABLES ET COUPABLES, mais vous n’avez, contrairement à certains élèves, aucune circonstance atténuante !!!
Jean-Baptiste VERNEUIL
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Note 1. A preuve l'expérience libertaire des "maîtres-camarades" de Hambourg, ayant banni toute contrainte et toute sanction. Échec retentissant reconnu par son inspirateur même : " partout où l'on se laissa guider par une confiance sans borne dans le tact des enfants, dans leur force de volonté, dans leur persévérance ,dans la sûreté de leur instinct et dans la tolérance des individus à former une communauté… on vit se former des bandes d'indisciplinés ." E. PRAIRAT La sanction en éducation.
 

 

Une autre forme de "violence"

Lettre adressée au Recteur par un groupe ( majoritaire aux 2/3 ) de professeurs d'un collège des Bouches du Rhône, dans un secteur plutôt favorisé.

" Les soussignés ont l'honneur d'attirer votre attention sur le problème que pose l'évolution de l'attitude d'une partie des parents d'élèves du collège.
Nous sommes en effet inquiets de constater qu'ils adoptent de plus en plus une attitude de consommateurs, attribuant volontiers blâmes ou satisfecits à tel ou tel enseignant, selon des critères qui ne sont pas les nôtres, outrepassant ainsi leur rôle de partenaires éducatifs, et confondant celui d'éducateur familial avec celui de juge pédagogique. Ceci est particulièrement grave lorsque certains d'entre nous deviennent la cible de rumeurs calomnieuses, aboutissant à des lettres anonymes envoyées aux services de l'Inspection académique et dont il semble que ceux-ci tiennent compte, à notre grand étonnement.
Partisans du dialogue, nous nous élevons fermement contre cette dérive indigne d'un fonctionnement démocratique et vous prions instamment de bien vouloir nous aider à mettre un terme à cet état d'esprit afin de retrouver la sérénité nécessaire à notre fonction éducative."
 

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Sans commentaires. État des lieux depuis la rentrée, à l'état brut.
Tableau noir d'un lycée de l'académie

Les professeurs témoignent : des petites" incivilités" aux actes pénalement sanctionnables :
violence des élèves entre eux, tant verbale que physique, même pendant les cours. Intolérance des élèves entre eux. Intrusion d'un individu dans une classe, professeur bousculé, élèves terrorisés. Démission d'un élève en raison de violences à son encontre. Intrusions d'élèves en salle des professeurs. Menaces d'agression physique. Grave agression d'un professeur en cours. Insulte d'un parent envers un professeur. Consommation de drogues et d'alcool. Coma éthylique pour deux élèves. Harcèlement et violence envers un élève handicapé. Tentative de violence physique envers un professeur. Un élève est déshabillé de force et pris en photo. Utilisation de portables et baladeurs dans les couloirs et en classe. Attitudes déplacées dans les couloirs. Grossièretés et insultes entre élèves et envers les adultes. Brimades : un garçon oblige une fille à lui porter son sac. Insultes en arabe à l'égard de filles. Présence d'éléments extérieurs dans les parkings. Contestation systématique pendant les cours. Sortie d'élèves pendant les cours, sans autorisation. Retards et absences sans motifs réels. Passages injustifiés à l'infirmerie, particulièrement pour certaines classes. Cours séchés les jours de devoirs en classe. Devoirs non rendus ou copiés. Fraude. Jets de projectiles divers, dont des ciseaux. Projection d'encre sur les professeurs. Heures de colle non faites, parfois sur demande des parents. Reproches de moyennes trop faibles. Passage d'élèves très faibles dans la classe supérieure. Information aux élèves sur la non obligation de suivre les séances d'aide individualisée. Autorisation faite aux élèves de partir en vacances une semaine avant la date officielle. Départ des élèves avant la fin des cours sur simple demande des parents par fax. Menace sur la notation des professeurs. Punitions et sanctions insuffisantes. Aucune " obligation des élèves" dans le règlement intérieur. Écoute insuffisante des professeurs, mais excessive pour les élèves. Obligation de se justifier auprès des parents et de "construire sa ligne de défense ". Aggravation de la violence cette année ( un seul acte grave répertorié sur SIGNA pour 2005-2006 ! ).
Paroles d'élèves , sans complaisance :
Sur les professeurs : quand les profs et les pions seront sociables et avenants , peut être que les élèves se calmeront. Un simple regard suffit pour se prendre des réflexions, des insultes ou pire. Les réactions des professeurs sont souvent trop impulsives. Des bagarres éclatent en classe et les profs ne réagissent pas. Certains profs ne réagissent pas, ils ont peur de certains élèves qui font la loi. Les professeurs devraient être plus autoritaires. Même si certains élèves accumulent le laisser-aller, d'autres ont de réels problèmes auxquels il faudrait prêter attention.
Sur l'administration : il faut que l'administration réagisse. Il est du devoir de l'administration d'intervenir. Manque d'autorité de la part de la direction. On ne peut pas compter sur l'autorité, car si on dénonce, on risque de se faire tabasser .J'ai eu des soucis avec des élèves qui me harcelaient, j'ai prévenu les adultes qui m'ont promis de m'aider et n'ont rien fait. Faites quelque chose, bougez avec nous , pas contre nous. Les portails ne sont pas surveillés, le lycée est un moulin. A la cantine tout le monde pousse ou double et les surveillants ne disent rien;
on dirait que ce sont les élèves qui commandent.
Sur la situation générale : puisqu'ils n'ont plus de limites, certains se croient tout permis. La plupart des élèves ne respectent plus les professeurs. Il y a de plus en plus de violence dans le lycée; des élèves n'ont pas leur place ici. Depuis quatre ans j'ai remarqué l'augmentation de la violence; cela va-t-il s'arrêter ? Il y a beaucoup plus de violence que l'année dernière, et je ne parle pas de la présence de la drogue. Il est intolérable que des élèves extérieurs au lycée viennent, bousculent ou agressent des professeurs et des élèves. Le lycée a aujourd'hui mauvaise réputation. Je remarque que le lycée est de moins en moins sécurisé. On pourrait atténuer tout cela par des sanctions ou des virements définitifs. Je ne trouve pas normal que des parties du lycée soient saccagées, comme les toilettes des filles : conséquence elles sont fermées. Je suis impulsif et me bats facilement pour me faire respecter même si ce n'est pas la bonne solution. Certains élèves ont des attitudes qui ne conviennent pas au milieu scolaire et malheureusement les sanctions ne tombent pas toujours. C'est devenu un jeu : se filmer quand ils se battent. Les gens qui ne font rien en cours , il faut les sanctionner. Dans la cour il y a eu des conflits plus ou moins violents. Sanctionner toute personne qui n' obéit pas aux règles, même si les fautes sont minimes. Certains ont oublié ce qu'est le respect. Certains élèves manquent de respect envers les professeurs, ils sont là pour apprendre et non pour montrer qu'ils sont des "rebelles". Je pense qu'il faudrait passer par des renvois ou même des conseils de discipline. Les élèves sont de plus en plus agressifs entre eux mais aussi avec les professeurs. Il faut virer ceux qui agressent. Tous les matins je viens avec la peur au ventre. Un élève s'est fait agresser par des élèves de 1ère et n'en a parlé à personne. Une élève de ma classe a été attaquée dans les vestiaires. Certains se font agresser mais , par peur de se faire frapper, n'en disent rien. Il faut que ça bouge, car moi, tous les matins, j'ai une peur bleue de venir au lycée. De plus grosses sanctions doivent être infligées. On devrait installer la tolérance zéro. Les élèves qui ne se sentent plus en sécurité pourraient quitter le lycée. Cette année, ça a changé , il y a même des bagarres entre filles, des gens te provoquent dans les couloirs juste parce que tu les a effleurés. J'espère que la personne qui lira cette lettre aura le pouvoir et la force de réagir et pourra sauver le lycée. Ils tenaient un autre garçon ligoté, l'ont traîné par terre et l'ont laissé devant l'infirmerie. Un élève a été racketté, humilié, déshabillé dans la cantine par d'autres élèves.
Conclusion ( professeurs ). Il ne s'agit plus d'actes isolés que des démarches individuelles peuvent stopper. Les professeurs ne se sentent ni suffisamment écoutés , ni suffisamment soutenus. Ils lancent un signal d'alarme avant que la situation ne devienne irréversible. Ils ressentent la nécessité d'une cohésion de tous et souhaitent que l'administration engage pleinement sa responsabilité face à cette violence qui doit être désamorcée au plus vite. Leur volonté n'est pas la seule "paix sociale", ils voudraient , dans un climat plus propice, développer chez tous leurs élèves, le désir d'apprendre, dans une relation de confiance, mais aussi d'exigence. Ils voudraient tout simplement pouvoir enseigner.
 

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Une journée comme les autres
7H35 : Arrivée au collège Jean Moulin. Sac sur le dos, ordinateur en main, djembe à l’épaule. Direction la salle de musique. De l’armoire, je sors : carnet d’appel, formulaires d’exclusion, lingettes détergentes au citron, photocopies et surplus de feuilles qui serviront de cahiers aux élèves sans matériel. Je branche mes câbles. Je grimpe en salle des profs : « Bonjour ! ». Je cours vers la photocopieuse.
7H50 : Sonnerie. Pour éviter les drames dans la cour, on ne traîne pas en salle de profs. En rabattant les élèves avec les collègues, je traverse le préau, un premier niveau de cour, puis descends les escaliers vers les emplacements.
« M. Enlève ta capuche s’il te plait ! ».
Après avoir laborieusement obtenu que nos élèves soient rangés, nous rejoignons nos salles. Escalier; terrasse du haut. Les rangs commencent à se déliter. Sous le préau, ça bouchonne, les élèves se bousculent. Je tire sur des sangles de sacs au passage, pour séparer des élèves qui se battent. «Lâche-le ! Et avance dans ton rang !». Mais des rangs, il n’y en a plus et j’ai déjà perdu quelques élèves. Tant pis, on se retrouvera devant la salle.
J’arrive enfin au bout de l’entonnoir. La marée humaine se fend en deux pour éviter l’énorme pilier qui trône au milieu du petit « hall » de la Vie Scolaire. Ensuite, curiosité locale, nous nous entassons dans un couloir zigzagant. Seconde sonnerie, virage à gauche, sauvée ! Je suis enfin devant ma salle, alors que mes collègues ont encore plusieurs escaliers étroits à monter.
8H00 : Sac encore sur le dos et poubelle à la main, rituel du jetage de chewing-gum. Puis vient ma litanie préférée : « Enlevez vos vestes, s’il vous plait. Sortez votre carnet de correspondance, votre cahier et votre trousse». Tiens, aujourd’hui, personne ne bronche dans cette 3e, aucun refus. Le pli semble être pris. Soudain un cri : «Madaaaaame y’a un cafard sur ma table !». En effet. Et c’est qu’elle court vite, la bestiole ! Surtout, elle risque de compromettre mon cours ! Seule solution : l’éliminer au plus vite ! Rien à portée de main. Je remonte mes doigts dans la manche de mon blouson et CRAK ! Je balance le cadavre par terre. «Madame, y’en a des cafards dans la boite anti-cafards à côté de l’armoire ? Vous êtes sûre qu’elle marche ?» Je ne sais pas. «Allez, finissez de sortir vos affaires, il est déjà 8h15.»
Le cours commence, les élèves sont endormis mais ils suivent. Écoute, chant, percussions, on a tout fait. Je suis contente. «Ouais, mais c’est normal : y a que vous qu’avez travaillé !», me lance Y. avec un petit sourire goguenard.
8H55 : La 3e suivante arrive et ça s’entend ; ils sont au complet, 23 élèves. Je les accueille avec MA poubelle et je répète MA litanie. Je me plante au milieu du U que forment les tables et, poubelle à la main, leur demande de se taire et de sortir leurs affaires. S. refuse d’enlever sa veste : «J’ai froid ! Qu’est-ce que ça peut vous faire ! J’ai froid.» Je lui explique : c’est pour sa santé, son hygiène et par politesse qu’il faut retirer sa veste. J’insiste et la menace d’exclusion. Elle finit par s’exécuter. Je fais enfin l’appel et le cours peut commencer. Il est déjà 9h15.
Pendant l’écoute je vois M., très appliquée, écrire sur sa table. Je lui tends une lingette au citron, je lui demande de nettoyer. «Ça va pas, non ? Je suis pas femme de ménage, moi !» «Tu es une élève, tu dois prendre le cours sur ton cahier au lieu de gribouiller la table ! La dame de service a autre chose à faire que nettoyer tes cochonneries !». Blocage. J’insiste : «Soit tu nettoies maintenant, soit je fais un rapport et tu seras femme de ménage après les cours, pendant une semaine !».
Elle finit par s’exécuter, dans le brouhaha de la classe qui commente l’incident. Je demande le silence et on passe au chant. Ils finissent par y mettre un peu de bonne volonté. Deux mois pour arriver à bout d’une strophe ! Je chante la chanson en entier. Constat : les strophes 1, 2 et 4 ont la même musique. Les élèves prennent conscience du temps perdu. Devoir : se mettre en bouche les strophes 2 et 4. Certains s’exercent déjà. Dans deux semaines, nous passerons peut être à un autre chant.
Récréation. Bonne idée, la disposition en U ! Ça favorise la communication et les échanges, ça rend le cours plus vivant ! Mais avec des classes difficiles, ça amplifie l’agitation et l’agressivité. Aussi j’ai décidé de revenir, pour les 6e et les 5e, à une configuration plus classique, qui me permet de séparer les individus les plus gênants . Je sacrifie, pour ce déménagement, ma récréation et mon café.
10H00 : après avoir coursé les élèves de 6e pour qu’ils se mettent en rang, c’est le parcours du combattant pour rejoindre la classe. Devant la salle je reste vigilante : la semaine dernière N. a frappé une élève de 5e sagement rangée devant la salle d’arts plastiques. Grosse bagarre, qui m’a valu un ongle de pouce retourné, noir et douloureux pendant 4 jours !
Ça hurle, ça se bouscule, ça se lance des injures. Le couloir résonne à vous casser les oreilles et ma voix ne couvre pas le boucan des 24 sauvages. Je les apostrophe un par un pour tenter de les calmer. Puis zut ! J’ouvre la porte, je me ferai mieux entendre dans la salle. Ils râlent : « Les autres vous leur avez laissé les tables en U ! », « Normal, ils se tiennent mieux que vous ! Ce ne sont pas des bébés !».
Une fois que tout le monde sait où il doit s’asseoir, reste la phase poubelle, vestes et matériel. Je suis fatiguée. Rangée par rangée, je rabâche et je tends la poubelle. N. refuse d’enlever sa veste. Je ne comprends pas qu’il n’ait pas l’intelligence d’obéir après l’incident de la semaine dernière. « Non ! J’ai froid ! Qu’est-ce que ça peut vous faire ! Non ! Si je l’enlève, mettez moi à coté du radiateur ! Non, je sors pas mes affaires ! ». Allez ! Je prends un formulaire d’exclusion et le remplis.
A. au fond de la classe n’a toujours pas sorti ses affaires. Il lance en ricanant : « Attends, je vais te rejoindre ! ». Il se couche sur le carrelage et feint de dormir. Je m’occuperai de son cas après. N. refuse de sortir. Je donne le papier d’exclusion à F. qui court chercher un CPE sous les huées de ses camarades. Je ramasse quelques carnets et m’occupe de A. Il sera également exclu. La classe se calme. Il est 10h30. Le CPE arrive pour récupérer N. «Je commence à en avoir marre de cette classe, je n’entends parler que de vous ! Vous n’êtes qu’en 6ème !».
Il leur parle de leur avenir proche, de ce que sont devenus certains anciens élèves, morts du sida ou bien enfermés à la prison de Luynes. Un discours long et sincère, riche d’années d’expérience et de recul. Nous disons que c’est la dernière fois que nous prenons le temps de leur expliquer les enjeux, que la balle est dans leur camp.
Je conclus : «Merci. Maintenant, ce n’est pas parce que vous avez retrouvé la raison et que A. a sorti discrètement ses affaires, que je vais oublier les insolences. N. et A. vous êtes exclus».
Voilà. Il reste 10 minutes, comme d’habitude. Le temps de revoir la chanson « Mirza » de Nino Ferrer. Ils ne chantent pas, ils hurlent. J’arrête la musique. «Racontez-moi l’histoire de cette chanson…» «Bé, c’est quelqu’un qui a perdu son chien et qui demande aux gens s’ils l’ont vu» «Oui très bien. Est-ce qu’on hurle à la figure des gens quand on leur demande un renseignement ?» «Non, c’est pas bien !» «Alors vous allez me faire le plaisir de chanter plus doucement».
En dix minutes, on étudie la notion de nuance. Je vais y arriver, je vais les avoir à l’usure. Heu… Il faudra aussi que je pense à écrire les rapports, à midi. Je n’aurai encore pas le temps d’aller à la cantine !
11H05 : Une classe «normale», la 4e arrive, prête à remettre les tables en place. Ils savent qu’il me faut toujours deux minutes de vrai silence. Ils m’observent avec un sourire. «Alors ? Ils ont été comment les petits ? En tout cas ils ne sont pas sortis en se battant aujourd’hui.» En cinq minutes les tables sont rangées et le cours commence.
12H00, salle des profs : des collègues rédigent les rapports de la matinée. Jets de gommes et de bâtons de colle, insolences, menaces, bagarres. Les profs principaux écoutent les plaintes de leurs collègues, claquent leur forfait de portable pour appeler les parents. Agitation : une collègue vient de se faire courser dans le couloir par un élève qui menace de «lui faire la peau». Intervention musclée des adultes mais la collègue n’est pas rassurée.
Les trois heures de l’après-midi se dérouleront comme le matin. Deux classes de 3e et une de 5e.
La 5e, très difficile, «bénéficie» aussi d’une configuration de classe «classique». Aujourd’hui ça peut aller : 10 élèves sont absents ! A peine une exclusion et une poignée de rapports.
16H50 : fin de la journée. Je débranche les câbles, je redispose les tables en U. Tout en rangeant le matériel, je discute avec la dame de service. Je lui demande si les élèves continuent à uriner dans les escaliers. «Oui » . Et on en a marre de nettoyer leurs saletés ! C’est de pire en pire. Aujourd’hui ils ont étalé de la m… sur les murs ! » Je n’en reviens pas : de la m… ?! Ben oui, sur plusieurs murs. Là on se rend compte que le message de ces enfants est très clair : « On vous emm… ! ». Il me vient une comparaison à l’esprit : lorsque certains chats sont frustrés ou vexés, ils vont faire caca dans le lit de leur maître. A méditer.
17H15 : J’enlève mon armure d’éducatrice et musicienne intervenante. Ce soir, c’est avec grand plaisir que j’irai à mon cours de yoga ! Après les vacances de février,  le Conseil de Discipline va se réunir pour la 22ème fois cette année.
Fabienne CANONGE
fabienne.canonge@siaes.com
 

Collège Jean Moulin, Marseille 16ème. 597 élèves, 88 profs dont 70% ont moins de 35 ans. Origines sociales des élèves : défavorisés actifs 24,8%, défavorisés inactifs 65,7% soit un total de 90,5% (79,4% pour Marseille littoral nord, 41,1% pour le département 13).

 

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Mardi matin, journée type à Chevreuil
Avertissement avant lecture : les faits rapportés ici se sont réellement déroulés. Certaines sensibilités pourraient être choquées
NDLR. Nous pouvions anonymer ce témoignage, tant pour l'établissement que pour son auteur, car la situation décrite pourrait être, aux détails près, celle de certains professeurs de lycée et collèges publics. Nous en connaissons en effet "bien dans leur peau" et dans leurs classes, et très satisfaits du travail de leurs élèves. C'est ainsi la réalité d' une Éducation Nationale qui fait voisiner le meilleur et le pire, dans le Public, comme dans le Privé. Et quand on proclame le principe d'égalité, ce sont les différences, et les inégalités, qui s'imposent à nous, de façon dérangeante et provocante. D'où notre choix de publier ce témoignage, dût-il surprendre ou choquer.
Un beau jour de décembre, nous rencontrions l’un de nos collègues, enseignant à l’École Chevreul. Tous deux en poste dans des établissements APV des quartiers nord de Marseille, nous avons été sidérés par ce que nous découvrions, au fil de notre visite et de nos entretiens. Une autre planète Éducation, telle que nous la rêvons dans le Public.
Nous avons demandé au collègue d’écrire un article pour vous présenter une journée type dans son établissement, non pour faire l’apologie du Privé – tous les établissements privés ne ressemblent pas à celui-ci, loin s’en faut, et nous avons le service public chevillé au corps – mais pour vous permettre de rêver à ce que pourraient être demain nos collèges et nos lycées, si nous avons la volonté de nous unir et d’exiger qu’il en soit ainsi.
Richard TRONC - Fabienne CANONGE

7h45, j’arrive aux abords du lycée: quelques élèves me saluent en tirant sur leur dernière cigarette de la matinée; ils sont moins énervés que certains collègues : jamais les élèves n’ont eu le droit de fumer à Chevreul...
7h55 : je passe la “porterie” en même temps que la sonnerie; je manque d’être bousculé par les derniers attardés. Le règlement est sévère : ils seront considérés en retard s’ils entrent dans l’École après 7h55, bien que les cours ne commencent qu’à 8h05 !
En fait, je ne suis pas pressé : je n’ai cours qu’à 9h, mais je suis venu à 8h pour accompagner ma fille, qui, comme ses soeurs aînées - et comme la plupart des enfants des collègues - est élève de l’École. Je passe déposer mon sac de sport en salle des professeurs, puis je monte à l’étage, au CDI du lycée. Misère, hier soir j’avais laissé tous mes livres et tous mes cours en vrac sur “mon” bureau; bon, en théorie, ce n’est pas le mien, mais tout le monde sait que, depuis 22 ans, je travaille à cet endroit-là, et personne n’oserait s’installer à “ma” place.
Je range... et je termine la préparation de mon cours de grec; chance (encore !), Dominique, “ma” documentaliste, a déposé sur le bureau les deux livres sur Diderot que je lui avais réclamés hier matin. Il est vrai qu’elle habite non loin de la Fnac... Elle a aussi reçu le Mazenod sur l’art Baroque que je lui ai commandé. Quelques élèves de première qui traînaient dans le CDI - eux aussi ont dû amener à l’École des petits frères ou des petites sœurs - entendent mes cris de joie et viennent se placer autour de moi pour feuilleter ce beau livre. Nous “délirons” de conserve sur la transverbération de Ste Thérèse...
9h00 : c’est l’heure de mon cours de grec : 11 élèves, essentiellement en TS, alléchés par le coefficient 3 de la langue ancienne, tous plus charmants les uns que les autres : ils prennent des notes comme des fous sur la comparaison d’Hélène (“la chienne”) et d’Andromaque (l’épouse parfaite); gageons que tout cela sera réinvesti sans peine pour briller dans les dîners en ville dans quelques années...
10h10 : après ma revue de presse au CDI, c’est l’heure d’aller donner mon cours de Littérature en TL; évidemment Chloé n’est pas là: elle a encore raté le train qui nous amène les élèves de St Cyr ou de La Ciotat... Ah, naturellement, Manon a oublié son livre; tiens, comme par hasard Ludivine et Johanna aussi... C’est parti : visiblement, ces jeunes filles se moquent de Diderot comme de leur premier chemisier; heureusement, nous arrivons à l’histoire de Mme de la Pommeraye : le début les émoustille; mince, il est déjà 11h05 : elles commençaient juste à se passionner pour les infidélités du marquis des Arcis...
Je me rends au CDI, et je commence à corriger un paquet de copies que j’avais laissé là. Tiens, quelques élèves qui vaquent sont concernés par ce devoir, mais ils me voient m’énerver sur leurs copies, ce qui les dissuade de venir assister à la correction, comme je les y autorise parfois.
12h00 : les choses sérieuses commencent : je passe en vitesse à la salle des professeurs, j’attrape au vol mon sac de sport, sans oublier la clé du stade et mon ballon de rugby : c’est que depuis près de 20 ans, mes élèves, ayant appris que je jouais au rugby à Aix, me demandent de les entraîner : cette année encore, c’est le mardi; je les retrouve au vestiaire du stade Vallier. Nous nous hâtons de nous équiper; aujourd’hui, ils ne sont que 9, avec moi, cela fait un 5 contre 5 dans un coin du stade. Je joue mon rôle de prof-qu’on-a-le-droit-de-détruire à plein; ils s’en donnent à coeur joie, surtout les hellénistes de terminale, qui n’ont pas apprécié l’interro-surprise de jeudi denier. Qu’on se rassure: je rends coup (de boule) pour coup (de poing)... Tout cela finit par une rigolade générale sous la douche. La “Pizza Marseillaise” étant fermée aujourd’hui, je me hâte de revenir au self du lycée. Chance encore, il est toujours ouvert, et pour 5 euros - pas de subvention pour les cantines privées - je déjeune avec quelques professeurs retardataires. Il est 13h45; les petits saligauds du rugby m’ont réellement épuisé, je rejoins ma tanière au CDI, je pose la tête sur ma mallette, je dors. Je dors dix minutes, silence complice et goguenard de quelques élèves présents; en tout cas, j’ai droit à quelques commentaires ironiques quand sonne la reprise de 14h00 : “C’est Connor qui vous a mis dans cet état, Monsieur?” (Ça ne s’invente pas, Connor est notre élève écossais, géant des Highlands.)
Cours de français 1L : c’est parti pour deux heures, je commence à lire la première des Lettres de la Religieuse Portugaise. Laurie se pâme de plaisir, et quand j’ai fini la lecture, j’ai droit à un rafraîchissant “Ô, Monsieur, moi, s’il m’écrit une lettre comme ça, je l’épouse de suite !” Et c’est parti pour un commentaire; je croyais pouvoir terminer avant 16h, mais juste après la récréation de 15h, j’apprends qu’une de nos élèves allemandes, à Marseille pour 6 mois, doit partir un peu plus tôt que prévu, et il n’y a plus rien à tirer de la classe : ils ont beau n’être que treize (quinze avec les deux Allemandes), nous voilà partis pour une interminable discussion sur la France et l’Allemagne, les Français et les Allemands, etc... Bises et photos en fin d’heure. Tant pis pour la Religieuse...
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16h05 cours de latin : j’emmène mes 17 élèves de première à la salle multimédia, pour un travail sur le site d’infos en latin de la radio finlandaise: je papillonne plus que je ne fais cours, mais tous les élèves jouent plus ou moins le jeu, et puisque l’inspecteur a aimé... Aujourd’hui, il s’agit de la démission du président de la république d’Israël, et je m’aperçois qu’ils connaissent encore moins la géographie que le latin...
17h00 : je rejoins ma fille à la sortie du collège. Dans 50mn, nous serons à la maison; ce soir, mon seul travail pour le lycée consistera à laver mes affaires de rugby. Je finirai mon paquet de copies jeudi, dans “mon” CDI.
Yves LEFAUCONNIER
 

Située dans le quartier de la Blancarde à Marseille, l’Ecole Chevreul est un collège-lycée privé sous contrat d’association. Fondée par des religieuses “de spiritualité ignacienne” (jésuite), elle accueillait jusqu’au début des années quatre-vingts les jeunes filles de bonne famille de Marseille. Devenue mixte, elle rassemble des élèves dont le milieu socioculturel reste supérieur à la moyenne, mais qui se rapproche chaque année davantage de cette moyenne. La scolarité coûte environ 1000 euros par an, hors cantine, aux familles.

 

 

 

Tribune libre

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Ils ne sauraient engager le S.I.A.E.S.
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L'âge de raison

L’union - qui fait la force - est bonne. Cette année, sur des mots d’ordre précis, tous les syndicats d’enseignants ont su se regrouper. Un exemple de ce que doit être le syndicalisme de demain. Mais si l’union est nécessaire, elle n’est pas suffisante : 9 actifs sur 10 ne sont pas syndiqués, nous sommes représentatifs de pas grand-chose. Les gouvernements successifs l’ont bien compris : feignant de négocier, ils restent convaincus au fond de tout pouvoir nous imposer.
Nous devons expliquer aux collègues que pour être plus forts et être entendus, il nous faut être plus nombreux. Il faut absolument se syndiquer, de préférence au SIAES.
L’union - qui fait la force - est bonne… Mais prenons garde de ne pas y sacrifier notre spécificité : le bon sens, la raison.
En 2003, beaucoup se sont arc-boutés dans une opposition sans compromis à la réforme des retraites. Suicidaire : ce régime avait été mis sur pied à une époque où 10 actifs cotisaient pour 1 retraité ; nous tendons vers 2 actifs cotisant pour 1 retraité.
Ce combat perdu d’avance nous contraint à la prudence et à la réflexion, y compris à propos des décrets de 1950. Le SIAES n’a pas pour habitude de s’acharner dans des oppositions de principe. Il faut savoir dire adieu au « bon vieux temps » ; réfléchir aux moyens de sauver ce qui peut l’être raisonnablement, accepter de renoncer à ce qui ne peut plus être sauvé.
Reste l’amertume. C’est vrai : nous avons perdu l’espoir, nous ne goûtons plus à la satisfaction simple de rendre nos élèves, aujourd’hui meilleurs qu’hier et bien moins que demain. La fatigue et le découragement gangrènent progressivement les plus vulnérables d’entre nous : les plus jeunes et les plus anciens.
Pour retrouver l’espoir et le goût de notre métier, le chantier est immense. De la maternelle à l’université, tout doit être mis à plat et entièrement repensé. Le temps de la nostalgie et des manifestations systématiques est révolu. La rue, nous l’avons bien arpentée ; il faut chercher d’autres moyens d’action. Des actions efficaces et qui ne coûtent rien. Il faut savoir ranger les banderoles et mettre les pieds dans la négociation : quelle école, quels élèves, quels enseignants pour demain ?
Pas pour hier.
Richard TRONC

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Où va le syndicalisme ?
Curieux pays que la France ! La moyenne des salariés syndiqués s'y établit autour de 6 %. De 2 % dans le privé commercial à 14 % chez certains fonctionnaires. Quatre constatations s'imposent :
- le monde des travailleurs fait assez peu confiance aux centrales syndicales, ou tout au moins peu se reconnaissent dans leurs démarches ou leurs idéologies ( 94 % non syndiqués ).
- Curieusement , ce nombre bien que petit, est porteur de légende. Il conserve une aura, une empreinte médiatique et des capacités de blocage énormes.
- Ce sont finalement ceux dont les emplois sont les plus sûrs, les mieux organisés, les moins précaires qui sont les plus motivés dans ce domaine.
- Les revendications sont plus d'ordre " conservateur " que "réformateur ". Dans le sens du " non changement " , du " maintien des avantages acquis " hier, plutôt que dans le sens d'une évolution et d'une vision de ce que sera le travail dans la société de demain.
Dans l'Education Nationale, co-gestion oblige, le " syndicalisme pépère/assurance carrière" est notre oxygène. Il fait partie de notre quotidien. Lorsqu' arrive un nouveau venu, personne ne l'informe de l'organigramme de l'établissement, du plan des lieux, des "problèmes" locaux… Par contre il trouve dans son casier force brochures sur les "revendications" en cours , sinon sur le planning des futures grèves…Et se fait "harponner" par le délégué local.
Le mode opératoire est toujours calqué sur le romantisme d'une époque révolue. Discussions interminables, assemblées générales, arrêt de travail, défilés , slogans… Comme en 36. Nous sommes des syndiqués du siècle dernier, des révolutionnaires en banderoles, des nostalgiques de mai 68. J'allais oublier notre aveuglement : le bilan du lendemain de fête, toujours positif même si l'échec est patent.
Depuis quelques temps, il est vrai, ce genre d'actions a, semble-t-il, moins de succès.
Pourquoi suis-je alors syndiqué ? Voilà une bonne question. La réponse serait trop longue, mais ma confiance dans l'action syndicale ne m'interdit pas de me poser certaines questions politiquement incorrectes, voire sacrilèges.

En premier lieu, comment peut-on défendre une profession qui n'est pas vraiment définie ?
N'oublions pas que nous ne signons aucun contrat de travail. Nous ne sommes engagés par aucun protocole qui préciserait les tâches que nous devons accomplir et celles que nous serions en droit de refuser. Nous sommes simplement tenus d'obéir aux instructions ministérielles… à perpétuité ! Et l'on attend beaucoup de nous, si ce n'est tout, à en lire le cahier des charges des IUFM rénovés. La seule limitation légale est celle de notre temps de présence formelle sur le lieu de travail ( 15, 18 , 20 heures ) . A ne pas confondre évidemment avec nos horaires réels sur place, ni chez nous, dépassant souvent les 40 heures…
Dès le départ une confusion s'instaure ainsi entre notre mission de service public , qui est celle du ministère, et notre travail personnel, qui est de participer à une partie seulement de cette mission, chacun dans notre spécialité. Confusion soigneusement entretenue par certains idéologues qui ont laissé s'installer une situation en cul de sac.
Le ministère a pour fonction de scolariser, former, instruire, éduquer tous les enfants de France. Mais comment apprécier la part de chacun ? Celle de Madame X, professeur d'école au CP, de Monsieur Y, professeur d'EPS en 6ème ou de Madame Z, professeur d'économie en Terminale ?
N'ont-ils pour obligation que d'assurer leurs cours , dans leur discipline, ou de gérer, au mépris de la qualité de leur travail et de leur vie, toutes les situations qu'une fantaisie administrative voudra leur imposer ? Ont-ils le droit de refuser ce qu'ils jugent inacceptable ? Ou sont-ils tenus d'y satisfaire , sous couvert de l'intérêt de l'enfant et du service public ? A qui doivent-ils rendre des comptes ? Et s'ils sont " notés " par leur hiérarchie, pourquoi ne peuvent-ils en retour noter cette dernière ?
Tant que ces questions ne seront pas réglées, comment envisager une réponse syndicale à des abus non codifiés, donc qui n'existent pas ?
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Autre problème majeur : quelles sont au juste nos revendications ?
Pendant combien de temps allons-nous encore radoter les mêmes rengaines sur la "défense du service public ", "l'égalité des chances " , " le droit à l'éducation ", " la réussite pour tous "… Questions essentielles, mais lorsque je rentre chez moi, le soir, ce ne sont pas celles que je me pose. Plutôt celles sur les raisons de ma fatigue, de mon découragement, de la médiocrité de mon traitement. Comment faire pour que demain se passe mieux ? A quelles conditions accepterais-je les contraintes du métier, pour qu'il soit moins pénible et que je sois plus efficace ? Là sont les vraies revendications, nos besoins . Le pragmatisme, plutôt que les grands principes. Je connais nombre de collègues prêts à travailler un peu plus et mieux, si on accordait davantage de considération à leurs efforts, un autre salaire, ou même la seule garantie qu'une équipe de déminage nettoie le terrain des "peaux de bananes " que notre société leur glisse hypocritement sous les pieds.
Se contenter de revendications fourre-tout, c'est courir à l'échec. Elles finissent toutes par se raccrocher à une impasse idéologique et à surfer sur une vague politicienne étroite et sans avenir.

Et puis il y a la litanie du " manque de moyens "…
Incantation commode quand il est clair que l'on en manquera toujours. Et, sans limites, la protestation peut durer éternellement. Admettons cependant que l'on puisse abonder notre budget. Mais alors le bon sens nous dit que si l'on veut vêtir plus chaudement l'Education Nationale, il faudra prendre à ailleurs, sur d'autres postes. Or la Justice, les Affaires sociales, le Logement…et d'autres, ont aussi des besoins pressants. Déshabiller Pierre pour habiller Paul. On connaît. Ou alors augmenter les salaires et donner du travail aux chômeurs . Yaka, yaka …Ou augmenter les impôts. Mais je suis aussi contribuable et déjà assez pressuré. Ah, oui, j'y suis, aller chercher l'argent chez les gros revenus, les nantis, les privilégiés, les entreprises ultra-capitalistes qui ne paient pas de taxes et délocalisent à tour de bras. Ah oui, mais ça ne va marcher qu'un temps et gare au retour de manivelle, dans une France ouverte à l'Europe et à un monde libre où tout se négocie, se sait, se compare et circule. Alors ? On discute et on tourne en rond…
Mais nos problèmes sont bien réels et n'y aurait-il aucune solution ? Si, mais tellement douloureuse qu'elle en devient taboue. Puisque l'Etat n'a pas les "moyens" de financer une politique éducative ambitieuse et coûteuse, il serait logique d'en changer et d'en adopter une autre, moins onéreuse et plus réaliste.
Laquelle ? J'en entends murmurer une, dans la honte et la discrétion, chaque fin d'année lors des conseils de classe. Lorsqu'on reconnaît avec gêne que tel élève avec 3, 5 de moyenne ne peut pas "passer " , mais qu'ayant déjà doublé il ne peut pas non plus tripler sa prestation. Qu'en faire ? C'est le moment pour certains courageux de regarder le plafond ou le bout de leurs chaussures. D'autres, de plus en plus nombreux, osent briser le tabou et poser les questions qui fâchent : ces enfants que nous devons instruire ont-ils tous besoin de connaître l'antiquité égyptienne, la structure de l'ADN, les déclinaisons latines ou la physique quantique pour se préparer à leur vie de citoyens ? Certains sont-ils vraiment à leur place au collège ou au lycée, où ils s'ennuient et mettent le bronx ? Admettre cela , en multipliant le nombre de chemins possibles, et dès 14 / 15 ans donner des choix de sortie du système scolaire traditionnel , c'est le plus sûr moyen de ne laisser personne au bord de la route. Créer des 6èmes adaptées, des 5èmes d'orientation , plutôt que des enseignements individualisés à la carte. Diriger certains vers des formations moins gourmandes en moyens , plus simples. Développer l'alternance dans les entreprises avec des financements à repenser. Voilà , à mon sens, de quoi ne pas alourdir la facture sans rogner sur les investissements d'avenir .
Mais veut-on vraiment sortir de ce discours sur les "moyens" ? Le quantitatif est tellement commode, et plus porteur que le qualitatif qui nous implique directement . Et puis , de quoi parlerait-on alors en salle des professeurs ?

Dernier point : quelles armes syndicales pouvons-nous utiliser ?
Qui croit encore, à moins d'une naïveté sans bornes, à la grévounette de 24 heures ? Et qui est capable d'organiser un arrêt de travail de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois ? Personne. Et pourtant on ne sort pas de ces réponses, perinde ac cadaver .
N'avons-nous aucun autre moyen efficace de faire entendre notre voix dans ce qu'on appelle poliment le "dialogue social " ?
Nos capacités d'imagination seraient-elles à ce point atrophiées que nul n'ait songé à d'autres actions ? On entend murmurer des propositions… jamais suivies d'effet. Ou au contraire sommes-nous capables d'imaginer de telles possibilités de "nuisance" que notre propre pouvoir nous fait peur et que nous hésitons à l'utiliser ? La grève du bac par exemple ?
Ce qui est en jeu vaut-il la peine de prendre d'énormes risques ? Ou faisons- nous semblant ?
Je n'ai pas les réponses à ces questions, mais je ne m'interdis pas pour autant de me les poser avec insistance.
Que voulons-nous vraiment ? Et quel prix sommes-nous prêts à le payer ?
Alors où va le syndicalisme ? Où irons-nous dans les années futures ?
- si nous sommes incapables d'exiger de notre employeur qu'il définisse les limites de notre métier ?
- si nous mêmes ne parvenons pas à préciser et hiérarchiser nos besoins et nos revendications ?
- si nous n'arrivons pas à nous accorder sur les modalités d'une action juste et efficace ?
Michel AUTHEMAN
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