Le siaes est un syndicat d'enseignants académique indépendant et de proximité, à votre service. l'adhésion est la moins onéreuse de tous les syndicats de l'éducation nationale.


Courrier  du S.I.A.E.S. n° 30 - Septembre 2006 -

 

Editorial
Des rapports inquiétants
Un secrétaire académique du SNALC …rejoint le S.I.A.E.S.
Prévision de séisme majeur sur les lycées d'Avignon pour la rentrée 2007
BIENVENUS DANS L’ARENE
TZR Premier remplacement de courte durée : ne pas être dépassé par les événements
Hors classe
CERTIFIES
MOUVEMENT TZR

COTISATION SYNDICALE
PREMIER POSTE…
En prouvençau…
HORS CLASSE des AGREGES 2006
 

 

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EDITORIAL

En ce début d'année scolaire 2006-2007, le S.I.A.E.S. aborde sa neuvième année d'existence, fortifié par les excellents résultats électoraux de décembre 2005 et l' arrivée de près d'une centaine de nouveaux adhérents.
Désormais deuxième syndicat de l'académie pour les lycées ( hors LP ) et les collèges - soit 80 % des personnels enseignants de l'académie (agrégés, certifiés, professeurs d'EPS ) - le S.I.A.E.S. voit dans ces résultats la reconnaissance du travail syndical fourni pour la défense des personnels, comme pour celle de ses valeurs et de ses idées sur l'enseignement.
Mais il voit surtout dans ces résultats et cette reconnaissance un puissant encouragement à continuer dans la voie prise depuis sa création.
Il assure donc tous les personnels de sa détermination à accomplir sa mission syndicale avec une équipe renforcée et rajeunie.
Il le fera d'autant mieux que le Ministère a , enfin, et après plus de six années de "combat" , accordé au S.I.A.E.S. les décharges syndicales auxquelles il était en droit de prétendre au vu de ses résultats électoraux.
Clairement parlant l'attribution de décharges complètes, à l'égal des autres syndicats - nationaux -, et non plus des décharges amputées de moitié après division par deux des voix obtenues aux élections (* Note 1 ).
Par ces moyens le S.I.A.E.S. pourra œuvrer mieux encore en faveur des personnels, tout en comptant aussi sur le bénévolat de quelques uns. Bénévolat dans lequel se sont forgés l'esprit d'équipe et l'action - désintéressée, sinon au profit des personnels - qui nous a tous animés depuis les débuts du syndicat.
Il le fera également d'autant mieux que, conformément aux décisions prises lors du dernier congrès, le S.I.A.E.S. fait partie désormais de structures syndicales nationales par l'intermédiaire du SIES ( Syndicat - national- Indépendant de l'Enseignement du Second degré ) et de la CAT ( Confédération Autonome du travail ). Confédération à laquelle se sont également associés le SAGES ( Syndicat des Agrégés ) et le SNAIMS ( Syndicat national des infirmier(e)s en milieu scolaire ).
Par ces moyens le S.I.A.E.S. pourra pleinement faire entendre sa voix au niveau ministériel, en particulier pour faire connaître et défendre ses idées sur l'enseignement.
Ajoutons que ce regroupement syndical s'opère dans un contexte politique où sont remises en cause les règles de représentativité et de financement des syndicats.
Pour le financement , nulle inquiétude, puisque le S.I.A.E.S. n'émarge à aucune subvention de l'Etat ou de la Région, à la différence d'autres syndicats ( * Note 2 ). Gage de liberté et d'indépendance, faut-il le dire ?
Pour la représentativité, la tendance serait à ne reconnaître que les organisations "suffisamment "représentatives ! Ce qui ne laisse pas d'inquiéter quant au principe républicain et constitutionnel de liberté syndicale ( entre autres la liberté de choix des travailleurs lors des élections ) … si ne pouvaient se présenter aux élections professionnelles que les organisations syndicales… déjà bien en place !
Se regrouper est donc apparu comme une nécessité pour se renforcer, en synergie, en bénéficiant des effets positifs du regroupement sans devoir en supporter les effets négatifs que l'on observe souvent dans les grandes "centrales".
Dans cette optique l'adhésion à la CAT , via le SIES , nous offre cette synergie : utilisation des locaux parisiens de la Confédération, mise à disposition de matériel et de compétences techniques, participation aux audiences ministérielles… Cela dans un cadre souple et libéral, n'aliénant en rien l'indépendance et la liberté de pensée et d'action du S.I.A.E.S. au sein de la Confédération, tant que sont respectées ses valeurs - qui sont aussi les nôtres - :
- d'indépendance vis à vis de l'employeur ( Etat et Ministère pour nous ), des religions et des partis,
- de défense des seuls intérêts matériels et moraux des personnels,
- de refus de tout sectarisme ou de tout extrémisme.
La contrepartie n'en sera qu'une participation modeste ( 5 € par adhérent )à la Confédération. Somme qui sera prélevée sur chaque cotisation perçue, sans augmentation de cette dernière. En rappelant au passage que les cotisations du S.I.A.E.S. ( voir page 12 ) sont les plus basses du "marché syndical" ( il suffit de comparer ! ) pour des services dont nous pensons - sans modestie ! - qu'ils ne sont pas inférieurs à ceux de nos "concurrents".
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Chacun(e) a donc bien compris que le S.I.A.E.S. entend bien poursuivre sa route et son action, et élargir son audience.
A cette fin il a décidé de se faire connaître plus largement encore dans l'académie, par la diffusion de tracts et de publications.
Il a également décidé de s'adresser aux stagiaires IUFM - nos futurs collègues - et a participé à la réunion d'information tenue les 30 et 31 août au siège de l'IUFM à Marseille. Un livret d'accueil a été remis à tous les stagiaires qui le désiraient.
C'est pourquoi vous trouverez dans ce Courrier , outre le Mémento de rentrée, des articles/témoignages "ciblés" sur les "jeunes profs", plutôt que les " lamentu " traditionnels de rentrée sur le manque de moyens, les réformes en cours, la dégradation de notre pouvoir d'achat et de nos conditions de travail…
Tous les syndicats vous en parlerons à longueur de presse, et , pour les vivre au quotidien , vous connaissez tous ces problèmes.
Sachez que le S.I.A.E.S. les connaît évidemment tous aussi, et les prend en compte pour agir tant au plan académique que national, dans le sens de ce qu'il pense être bon pour les personnels et pour un enseignement de qualité, c'est à dire pour les élèves.
Dans cette optique notre prochaine publication abordera tous les sujets relatifs à la rentrée scolaire et aux "novations" qui y ont été mises en œuvre, avec un peu de recul.

En ce début d'année scolaire, après le "feu" de la rentrée, nous souhaitons à tous la meilleure année possible ( ou la moins mauvaise ! ) et rappelons que toute l'équipe du S.I.A.E.S. est à votre disposition pour vous servir et vous défendre.
Jacques MILLE

• Note 1 Rappelons que, dans un premier temps ( 2000 ), le Ministère avait refusé toute décharge au S.I.A.E.S. , mais avait dû finalement ( 2001 ) se plier à une décision de justice lui imposant d'en accorder. Ce qu'il avait fait en divisant par deux les voix obtenues par le S.I.A.E.S.
• Note 2 Pour information en 2005 : la FSU ( SNES, SNEP and Co ) , la CFDT ( SGEN ) , l'UNSA ( SE ), FO ( SNLC ) et la CGT ont perçu, chaque, 363 Keuros , la CFTC et la CFE/CGC 181 Keuros. Au niveau régional 45 Keuros ont été attribués à chaque syndicat représenté au Conseil économique et social ( FSU, CFDT, FO, CGT ).

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Des rapports inquiétants


Deux rapports ont été remis au Ministre à la veille des vacances.
En avril, un rapport de l'IG des Finances et de l'Administration sur les "Décharges statutaires des enseignants du 2d degré "
En mai, un rapport ( Hadas-Lebel ) " Pour un dialogue social efficace et légitime : représentativité et financement des organisations syndicales". Pour ce dernier nous renvoyons à ce qui en est dit dans notre Editorial. Pour le premier , deux points doivent retenir l'attention :
** En premier, une proposition, apparemment anodine, d'ordre sémantique.
Il s'agirait de modifier le décret du 4 / 7 / 1972 disant que " les professeurs participent aux activités d'éducation principalement en assurant un service d'enseignement ", en remplaçant " principalement " par " notamment ".
Les mots ayant encore un sens, le glissement sémantique n'est bien sûr pas innocent. Il vise, en fait, à officialiser subrepticement ce que nous constatons tous, à des degrés divers selon les établissements, à savoir, sous couvert " d'évolution à laquelle il faut s'adapter " , la dénaturation de notre métier quand l'enseignement ( l'instruction ) cède de plus en plus le pas aux tâches d'éducation et de socialisation.
On passerait ainsi du primat absolu ( principalement ) de l'enseignement à une réalité où l'enseignement pourrait n'être qu' accessoire ( le professeur devant, entre autres tâches, " notamment " enseigner ) .
Le glissement pouvant se poursuivre , l'étape suivante risque d'être : " les professeurs participent aux activités d'éducation en assurant EVENTUELLEMENT un service d'enseignement ". Mais n'est-ce pas déjà parfois le cas ?
** En second, la remise en cause, toujours sous couvert d'adaptation aux évolutions et de modernité (mais aussi de gros sous ! ), des heures de première chaire et des heures pondérées en STS (en lycées ), des heures de laboratoire ou / et de cabinet , des heures d'animation sportive ( UNSS ) pour les professeurs d'EPS ( en collèges et lycées ).
Supprimer ces heures, jugées archaïques et inutiles - et coûteuses- , pour les utiliser à d'autres fins. Ce qui reviendrait concrètement à alourdir le travail des professeurs concernés tout en réduisant leur rémunération, puisque ces heures, si elles ne sont incluses dans le service, sont payées en heures supplémentaires. Soit selon le corps et le grade entre 1500 et 1800 € / an en moins ! Travailler plus, tout en gagnant moins pour un grand nombre de professeurs : voilà la nouvelle donne proposée… qui avait déjà pointé son nez dans le rapport Thélot .
D'ores et déjà nous savons que des chefs d'établissements zélés et "anticipateurs" ont supprimé ( ou tenté de le faire ) des heures de labo ou de cabinet ( DGH aidant ) , sans respect des textes, ou refusé de prendre en compte les heures de première chaire.
Rappelons qu'en l'état, ces heures de décharge sont dues, conformément aux textes, et doivent être intégrées dans l'état VS, soit en décharge horaire effective ( diminution du maximum de service ), soit en HSA. Prévenez nous au plus tôt s'il n'en était pas ainsi. Affaires à suivre.
 

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Un secrétaire académique du SNALC …rejoint le S.I.A.E.S.

Elu secrétaire académique du SNALC Aix-Marseille, délégué à l'information lors du congrès 2006 , Jean Baptiste VERNEUIL, après une réflexion lucide et raisonnée sur le fonctionnement, tant académique que national du SNALC , a décidé de quitter ce syndicat et de nous rejoindre.
Il a , ce faisant, renoncé aux "avantages" ( décharges ou heures supplémentaires ) qui lui étaient proposés en contrepartie de sa soumission, et préféré reprendre sa liberté et son service complet dans son collège ZEP
Nous accueillons évidemment avec grand plaisir ce jeune collègue dans nos rangs, certains que ses compétences seront utiles et profitables à notre syndicat.
S'étant déclaré disponible pour l'action syndicale au sein du S.I.A.E.S. , et au service des personnels comme il l'a toujours été, J.B.Verneuil a, d'ores et déjà, participé à nos côtés, et pris une part active, à l'accueil des stagiaires IUFM fin août, et s'est porté volontaire pour les tournées que le S.I.A.E.S. va faire dans les établissements pour se faire connaître plus largement.
Qu'il soit ici remercié pour le choix qu'il a fait et l'aide , bénévole, qu'il va nous apporter.

 

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Voici la rentrée /  Petits conseils aux profs débutants.

Vous venez d'entamer une carrière…Voici votre première rentrée…Bienvenue à vous !

La rumeur (invérifiable) affirme haut et fort que vous avez choisi le plus beau métier du monde. Sauf à les avoir toutes essayées, qui peut dire que telle activité est plus belle que telle autre ? Aussi acceptez en l'augure. Mais craignez les jugements péremptoires de ceux qui n'ont jamais exercé ce métier.

L'important est d'assumer ses choix… car il faut espérer que votre venue chez nous résulte bien d'un choix réfléchi.

Notre travail est enrichissant (pas en Euros, bien sûr !). Il s'inspire en effet des valeurs du siècle des Lumières.  Corrigées par les principes républicains. Et réactualisées par les tendances de la modernité tolérante… C'est beau; mais c'est, hélas aussi, devenu un fourre-tout qui se résume en deux mots hideux : "service public".

Premier piège. Attention ! Il pourrait laisser penser que nous sommes sur un pied d'égalité avec la Poste ou la SNCF. C'est faux ! Aucune loi n'oblige à prendre le train ou envoyer du courrier. Par contre tout enfant résidant en France est tenu de fréquenter l'école et d'y réussir. Nous sommes peut être un service public, mais surtout un service obligatoire !, comme le fut en son temps la conscription militaire, et comme le reste encore avec nous un seul grand corps de l'Etat : celui des impôts.

Nous avons obligation légale de scolariser non pas le public , mais tous les publics…Quels qu'ils soient. A l'égal du Fisc, nul ne peut, nul ne doit échapper à notre emprise !

Au-delà de ces valeurs de base, l'Ecole, comme tout système organisé, possède aussi ses règles internes de fonctionnement. Par exemple accepter un élève en Seconde implique qu'il doit avoir acquis les savoirs des années précédentes, arriver à l'heure, avoir son livre, un classeur, écouter les cours , etc…

Lorsque ce n'est pas le cas, on se doit de lui en faire la remarque. Il n'est pas supposé y répondre par une attitude violente, un je m'en foutisme hilare ou une mauvaise humeur menaçante.

 Que faire lorsque ce n'est pas le cas et que les réalités du terrain rendent impossible le respect des grands principes créateurs ? Comment  réagir lorsque les grandes idées que développent les différentes "loi d'orientation " sont en contradiction avec le mode d'emploi quotidien ?

Première ( mauvaise ) idée : solliciter l'avis de ses collègues. Dès votre premier conseil de classe vous serez surpris de constater que dans notre métier, et sauf les établissements très difficiles où l'on ne peut que se serrer les coudes pour survivre, franchise, esprit d'équipe et solidarité ne sont pas l'oxygène de notre existence. Ces qualités passent très souvent après le "sauve qui peut" et le "chacun pour soi" indispensables à une carrière tranquille. Ce pékin qui vous pourrit la classe, curieusement ne semble pas déranger les autres !  Seraient-ils meilleurs pédagogues que vous ? Nul , ou presque , ne semble avoir de reproches à lui faire.  Insister et soulever des interrogations gênantes revient, au milieu d'un silence pesant, à se sentir bien seul et isolé. N'en soyez pas offusqué. Beaucoup en aparté vous avoueront qu'ils pensent comme vous, mais le dire en conseil de classe, vous n'y pensez pas !  Ils préfèrent courageusement se taire et, pour certains, négocier la "paix sociale" à coups de bonnes notes.

Deuxième ( très mauvaise ) idée : s'en plaindre à sa hiérarchie . D'abord il faut bien comprendre le sens de ce mot. Pour un enseignant ordinaire accéder aux fonctions de Chef d'établissement ou d'Inspecteur est une promotion recherchée. Il faut pour cela montrer de grandes capacités. Pour l'un passer des concours très sélectifs et pour l'autre prouver qu'on possède bien le "profil" de la fonction ( vous comprendrez mieux cette notion après quelques années d'expérience ). Dans l'enseignement c'est comme ça qu'on avance : plus on est reconnu compétent pour s'occuper des élèves, moins on enseigne !!! En clair cela signifie que , sauf quelques rares exceptions ( si, si, il y en a ! ) , peu se mouilleront pour vous . Vous comprenez aisément que vos chefs n'ont pas vocation à mettre en cause l'idéologie prônée par les super-chefs qui les ont nommés à leur poste. La priorité se résume alors pour eux à "surtout pas de vague"… et encore moins de tsunami. Conséquence : on saura très vite vous culpabiliser. Et vos récriminations risquent fort d'être interprétées comme un signe d'incompétence, ne plaidant pas en votre faveur.

Troisième ( grossière ) erreur : compter sur le soutien des grands syndicats omniprésents qui, depuis un demi-siècle, font et défont les ministres. A la RATP ou chez EDF ( autres services publics ), il suffit qu'un agent soit agressé sur son lieu d'activité  et vous verrez les fonctionnaires de tout un secteur en arrêt de travail ou défiler dans la rue. Chez nous il n'en est rien. Qu'un professeur soit empêché de remplir sa mission , même à coups de couteau, n'entraîne pas de grandes réactions. D'ailleurs, lors de la prochaine manif, cherchez et comptez les banderoles à ce sujet … vous n'en verrez pas . Oh , bien sûr, on en parle dans les revues syndicales bien pensantes, mais uniquement pour stigmatiser le "manque de moyens"  responsable de ce dérapage… Jamais pour condamner le coupable, s'il n'est élevé au rang de "victime" indirecte ! Ne vous faites donc pas trop  d'illusions sur le rôle de ces grandes centrales plus promptes à fournir le laudanum que le scalpel !

Autre piège à éviter : le contact avec les parents d'élèves. Bien sûr leur objectif est identique au nôtre. Ils sont avec nous et nous soutiennent à 100   % …à condition d'éviter les mots qui fâchent. Vous établirez vite la liste des sujets tabous. Déjà on peut citer : "redoublement ", "comportement à revoir", "niveau insuffisant", "réorientation", "mauvais résultats"…ce sont là des points qui ne peuvent que générer des conflits. Si vous voulez rester en bons termes avec les familles il faudra apprendre à reconnaître les frontières de l'autocensure dont vous entourerez vos propos. N'exagérons pas cependant; la grande majorité est faite de personnes agréables et responsables…que vous ne rencontrerez jamais ! Car nous sommes un peu comme les médecins, contraints à recevoir plus souvent des gens perturbés que des bien portants…même si ces derniers sont les plus nombreux .

Enfin et surtout soyez toujours présent à votre poste. Si un fou du volant devait vous clouer deux mois à l'hôpital… veillez à ce que ce soit début juillet . Essayez de planifier vos troubles de santé de façon à les cantonner aux périodes de congés scolaires. Crachant, mouchant , titubant, venez remplir votre sacerdoce quoi qu'il vous en coûte. Soyez absent le moins souvent possible. Vous pénaliseriez vos élèves et vos collègues. Mais attention, n'en attendez aucun remerciement. En effet , nous faisons un travail harassant qui devrait de temps en temps nous laisser sans force et nous contraindre au repos par des absences récupératrices. Mais si vous êtes très peu absent, on risque de penser que, n'étant pas fatigué, c'est que vous ne devez pas vous épuiser à la tâche, et que vous négligez vos élèves. Et finalement un doute planera toujours sur votre conscience professionnelle, que vous soyez malade ou bien portant.

Voilà ! J'ai presque tout dit des surprises qui vous guettent. Il suffira d'y ajouter vos découvertes personnelles.

Surtout ne prenez pas mes propos pour de l'aigreur mal placée, ou une ultime tentative de règlement de compte personnel. Il ne s'agit que de quelques mises en garde qui vous éviteront bien des déconvenues.

Et lorsque vous passerez la porte du bahut chaque matin, ne laissez pas votre espoir au dehors. Venez vous battre !

Nous sommes quelques uns, et de plus en plus nombreux, à ne pas vouloir baisser les bras. Nous avons besoin de sang neuf (rassurez-vous cette idée de sang versé n'est qu'une image ! ), de vos idées, de vos expériences , de votre soutien.

Un syndicat existe, qui est en mesure de vous aider. Le S.I.A.E.S. dit haut et fort ce que beaucoup pensent sans oser l'exprimer. Il y a de la noblesse dans le combat que ses adhérents mènent au nom du bon sens. Il se bat pour vous. Il compte sur vous comme vous pouvez compter sur lui.

 

Si vous êtes de ces nouveaux professeurs qui estiment que tout va bien et qui sont prêts à en prendre pour plus quarante ans comme ça… déchirez ce journal ! Si vous faites partie de ces jeunes collègues qui, dès le départ, refusent de marcher sur la tête, qui veulent voir changer la donne, secouer l'arbre, et aller dans la bonne direction … nous vous attendons. Et soyez les bienvenu(e)s.

Michel AUTHEMAN

 

 

 

Prévision de séisme majeur sur les lycées d'Avignon pour la rentrée 2007

L'ouverture , à la rentrée 2007, d'un lycée à Villeneuve les Avignon ( Gard, académie de Montpellier ) va provoquer un séisme majeur dans les lycées d'Avignon, avec contrecoups possibles jusqu'à Tarascon et Orange.
Cette ouverture va inéluctablement réduire le nombre d'élèves scolarisés dans les lycées d'Avignon par suite des affectations sur ce nouveau lycée d'élèves résidant dans l'Est gardois.
Cette réduction d'effectifs va inéluctablement réduire le nombre de sections dans les lycées de cette ville et tout aussi inéluctablement entraîner des suppressions de postes à traiter en mesures de carte scolaire.
Selon les règles en vigueur jusqu'ici le schéma serait alors le suivant :
- le, ou les derniers arrivés seront touchés par les mesures de carte scolaire
- leur réaffectation prioritaire ne pouvant évidemment s'effectuer sur des lycées d'Avignon, ce sont les collèges de cette ville et des environs qui serviront de points de repli, ou des lycées lointains ( Carpentras, Cavaillon…).
On peut donc d'ores et déjà prévoir un blocage du mouvement "normal" sur tout l'Ouest du Vaucluse au prochain mouvement Intra… et un fort mécontentement de nombreux collègues concernés, en particulier ceux mutés ces dernières années sur un vœu géographique "Avignon" et risquant de se retrouver à plusieurs kilomètres… en étant éloignés pour certains… du Gard où ils résident !
Une solution de bon sens vient alors à l'esprit de chacun : le repli de ces collègues sur le nouveau lycée de Villeneuve. Simple transfert de poste d'une rive à l'autre du Rhône.
Mais hélas, le bon sens ne faisant pas toujours bon ménage avec les règles administratives , cette solution est , en l'état des règles du mouvement déconcentré, IMPOSSIBLE.
L'Administration ne pouvant pas , ne sachant pas , ou ne voulant pas appliquer une telle solution qui reviendrait à faire des mesures de carte scolaire d'une académie à une autre !!!
Horreur!
Resterait donc aux intéressés à passer par l'Inter, avec toutes les incertitudes et tous les risques que cela comporte.
A moins que ne leur soit attribuée une priorité "carte scolaire" à l'inter et à l'intra sur l'académie de Montpellier et le lycée de Villeneuve .
Nous avons évoqué l'an dernier cette solution qui permettrait de réduire significativement les conséquences du phénomène … pour nous entendre dire son impossibilité technique .
Nous ne sommes pas persuadés qu'il en soit ainsi et proposerons à l'Administration que les modalités en soient, au moins , étudiées, et non rejetées a priori.
Après tout, pourquoi notre Ministère, si "novateur" par ailleurs, serait-il incapable de " s'adapter" à une telle situation et infoutu de trouver une solution qui satisfassent les personnels sans attenter à la légalité ?
Et la frontière entre Empire et Royaume serait-elle plus hermétique aujourd'hui , aux temps de la décentralisation, qu'elle ne l'était … au Moyen Age ???
 

 

HORS CLASSE

Les CAPA d'accès à la Hors Classe ( certifiés, professeurs d'EPS, PLP, CPE ) se sont tenues à la veille des vacances scolaires, avec application du nouveau barème académique, longuement discuté au cours de l'année, en particulier à propos des " 90 points Recteur " donnés après avis des IPR et des chefs d'établissement.
Nous vous avons régulièrement tenus informés de la mise en place de ce barème et de ses conséquences.
Jusqu'au dernier moment il a fallu intervenir pour que soit respecté le principe d'équité entre les disciplines, compte tenu des disparités existant entre elles, précisément au niveau de la notation pédagogique, et malgré les points attribués pour en atténuer les effets.
Au final l'équilibre entre les disciplines a pu être établi et 230 certifiés , ainsi que 35 Professeurs d'EPS ont été promus.
Au constat que pratiquement tous les promus étaient au 11ème échelon et bénéficiaient des" 90 points Recteur "… ce qui était , somme toute, prévisible.

CERTIFIES : 230 promus Barre : 312 points
Profs EPS : 35 promus Barre : 325 points
Autres corps , ou précisions : nous consulter.

 

 

MOUVEMENT TZR
Les affectations des TZR en AFA ( service à l'année, sans indemnités ) ont été effectuées début juillet ( 1ère phase d'ajustement) et f in août ( 2ème phase ). Au total ce sont près de 45 % des TZR qui ont été ainsi affectés.
Lors de la première phase 37 % des TZR ont été concernés, avec des proportions d'affectation très variable d'une discipline à l'autre : très faible en EPS , Anglais, Lettres classiques, mais à plus de 50 % en Documentation, Education musicale , Arts plastiques, Technologie, quelques disciplines techniques, Provençal.
De nombreuses affectations ont été faites sur deux établissements, avec des couplages parfois difficiles à assurer pour les intéressés ( distance, moyens de transport …) , ainsi qu'en sous-service.
Lors de la deuxième phase, un reliquat de 7 % a pu être affecté dans des conditions similaires, en allant parfois jusqu'à trois établissements.
Cette situation de "services partagés" se banalise ainsi pour les TZR, en venant compléter celle des titulaires nommés - derniers arrivés - sur poste en établissement et devant assurer des compléments de service plus ou moins lointains.
Certains prévenus dès leur affectation ( en ayant cru arriver sur un poste complet ) ou, pour ceux déjà en poste, à la fin de l'année scolaire ( ce qui est le moindre mal ), mais quelques uns découvrant à la veille de la rentrée leur nouveau service… à cheval ! Forme de mépris pour les personnels ayant le sentiment d'être traités comme de vulgaires "pions".
Inutile de dire que cela a justifié de nombreuses interventions de notre part, avec une écoute attentive du Rectorat, et permis ainsi de corriger quelques situations, mais hélas! pas toutes, quand aucune disponibilité horaire n'existait pour modifier les choses.

COTISATION SYNDICALE : les moyens pour vous défendre

Le S.I.A.E.S. ne vit que par les cotisations qu'il perçoit, sans aide ou subvention, garantie de son indépendance.
Ces cotisations ( p. 12 ) sont les plus modiques de tous les syndicats présents dans l'Académie . Il suffit de comparer.
Mais nos services ne sont en rien inférieurs à ceux des autres syndicats.
Si vous appréciez nos idées, notre action, nos publications, apportez nous votre soutien.
Votre cotisation nous sera précieuse pour poursuivre notre mission de défense des personnels et d'un enseignement de qualité pour tous les élèves.

Ne tardez donc pas à la régler : ce sera chose faite et un souci de moins.
Et si vous n'êtes pas adhérent, rejoignez nous au plus tôt … si vous le désirez.
D'avance nous vous en remercions.

 

 


PREMIER POSTE…
Cette première année a été dure.
D’abord à cause de l'affectation : on m'a changée 2 fois d'affectation avant que j'aie enfin la chance d'être définitivement nommée dans le 15ème. J'estime que c'est une chance, même si j’en ai bavé, parce que c'était un bel établissement, avec une assez bonne ambiance, raisonnablement loin de chez moi. Bonus : je n'étais affectée que sur ce seul établissement. Ce qui ne sera pas le cas cette année…
Malgré cela, je me suis sentie assez vite débordée et épuisée physiquement : bien que commençant à 9h, je devais me lever à 6h30 et ne rentrais chez moi qu'à 19h, ce qui faisait de longues journées. Après 19h, il me fallait encore préparer mes cours du lendemain et attaquer mes corrections.
La préparation de mes cours a été très difficile, par manque d'expérience. Je ne savais pas du tout que faire, ni comment le faire, si bien que j'ai à peu près tout essayé ! Il n'y a pas vraiment eu de suivi tout au long de l'année…
Au stress de l'adaptation à la vie active et au métier s'est ajouté celui d’une relation particulièrement délicate avec les élèves. Je pense ne pas avoir eu les classes ou les niveaux les plus faciles et j’ai immédiatement demandé conseil à tout le monde, dès le premier jour de la rentrée. J'ai beaucoup appris des autres, bien qu'en même temps, la diversité des conseils donnés m'ait plus désorientée qu'aidée. Ceux qui ont essayé de m'aider ont sûrement fait de leur mieux, mais je ne pense pas que cela ait suffit.
J'ai rapidement eu le sentiment d'être placée dans une position inconfortable, celle de la " pauvre petite jeune qui ne s'en sort pas", position assez dévalorisante et dure pour l'estime de soi. Je n'avais pas forcément envie de toujours parler de moi ni de mes problèmes, mais il m’était difficile d’y échapper : en salle des profs, tous venaient observer la cancéreuse en stade terminal et lui parler de son malheur. Pourtant, j'avais aussi de petites victoires, et je m'en sortais plutôt bien avec deux ou trois classes. Je n'étais donc pas si nulle que ça !
Ce n'est qu'en fin d’année que certains ont admis avoir rencontré les mêmes problèmes que moi, avec les mêmes classes, reconnaissant ainsi que tout ne venait pas forcément de moi.
J’aurais apprécié qu’ils le disent plus tôt : en fin d’année, le mal était fait…
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est lorsque j'ai appris, à partir du mois de mars, que l'on "abordait mon cas" en Conseil d’Administration. Certains m'ont fait comprendre qu'il valait mieux pour tout le monde que je m'en aille, que je me fasse porter pâle. En gros, je gênais plus qu'autre chose et mon remplaçant – expérimenté – était déjà sur orbite. Cela a marqué un tournant dans mon année.
Dans un premier temps, cela a signifié pour moi un échec terrible. Le tout premier échec de ma vie, et je l'ai assez mal supporté. Un moment, j'ai pensé tout arrêter. Mais cela aurait constitué un autre échec. J'ai donc fini par m'endurcir et me dire que l'échec, ce n'était pas le mien, mais celui de mes élèves. J'ai alors commencé un long travail de prise de distance. Toute seule, puisque je m'en voulais d'avoir trop parlé aux uns et aux autres. Mon orgueil était à vif et je me suis fermée comme une huître. A partir de là, j'ai envisagé l'année sous un autre angle : j'ai d’abord pensé à moi. Je me suis dit que je n'étais pas là pour faire des miracles, mais pour apprendre mon métier. Si certains élèves apprenaient la littérature avec moi, c'était tant mieux pour eux, mais ce qui comptait avant tout, c'était ce que, moi, j'apprendrais. J’allais faire ce que je pouvais pour progresser dans ma tête et dans ma pratique. Ni plus ni moins.

En conclusion, j'aurais apprécié pour cette première année :
- De pouvoir commencer à temps partiel, avoir le temps de comprendre ce qui m'arrivait.
- D’avoir un référent pédagogique pour me conseiller.
- D’avoir des classes moins dures ou en demi groupes.
- Surtout, ce que je n'ai cessé de réclamer en vain : des heures de vie de classe avec TOUS les enseignants présents pour officialiser l'équipe pédagogique en tant qu'équipe soudée et prendre des mesures collectives. Parce que ce n'est pas avec une visite éclair du PP ou du Principal, de temps en temps, qu'on renvoie l’image d'une équipe soudée. Au contraire, on renforce l’idée que certains profs sont plus vulnérables que d'autres. Que certains profs ou personnels sont plus importants que d’autres.

Un petit mot sur l’IUFM :
Il est évident que tous les professeurs stagiaires n'ont pas les mêmes besoins, la même capacité d'adaptation, ni la même résistance émotionnelle.
Mes copines de l'IUFM trouvaient la formation pénible, trop longue et inutile; pour ma part, je la trouvais insuffisante, trop courte et ne répondant pas à mes préoccupations principales. Dans le fond, nos points de vue convergeaient vers l'idée que l'IUFM ne répondait pas à nos attentes, il manquait à nos yeux l'essentiel : on nous parlait comme à des professionnels expérimentés, on nous gavait de points de détails pédagogiques, alors que nous n'étions - pour la plupart - que des universitaires sans expérience professionnelle.
Pour ma part, j'aurais souhaité aborder les questions de base, telles que :
- Quel est le rôle du professeur ? Quel est le but de notre enseignement ?
- La relation professeur / élèves / parents / autres personnels de l'Education Nationale.
- La confiance en soi et la discipline.
- Comment bâtir un cours ? Quelles sont les étapes obligées d'un cours ? Quelles activités différentes peut-on mettre en place ? Combien de temps consacrer à chaque activité ?

Épilogue :
Je suis contente d'être affectée ailleurs, même sur plusieurs établissements difficiles. J'envisage cette année qui commence comme un nouveau départ. Une autre année de formation, pendant laquelle je vais pouvoir tirer profit de ce que j'ai appris et affiner ma petite expérience. Et si c'est trop dur, je passerai à autre chose, mais ce ne sera pas un échec parce que j'aurais toujours appris quelque chose.
Advienne que pourra !

Propos recueillis auprès d'un tout jeune professeur, fraiche émoule de l'IUFM, par Fabienne CANONGE.
Sans commentaires.



BIENVENUS DANS L’ARENE
On ne naît pas prof, on le devient .

Un enseignant qui sort d’IUFM est un jeune conducteur qui vient d’obtenir son permis : il ne lui reste plus qu’à apprendre à conduire.
Validé par un stage, le CAPES est votre permis d’enseigner. Ou si vous préférez, votre ticket pour entrer dans l’arène. Pas l’assurance de savoir enseigner ; juste l’autorisation d’aller vous y frotter.
Deux remarques avant d’entamer avec vous la visite des lieux.
Même si votre cours a été soigneusement préparé, il ne va pas passer « comme une lettre à la poste » devant un auditoire subjugué. Oubliez les délires de J.P. Brighelli : les élèves ne sont pas là pour vous admirer dans l’exercice de vos fonctions; pas là non plus pour s’abreuver à la Fontaine du Savoir. Les élèves sont là pour prolonger – autant que faire se peut - les délices de la récréation. Les élèves sont là pour vous « manger ».
Tout l’art va consister pour vous à contrarier ces penchants naturels.
Deuxième remarque : ce n’est pas parce qu’ils sont meilleurs que vous dans la matière, que les Anciens échappent aux problèmes de discipline. S’ils n’ont pas de problèmes de discipline, c’est parce que les vieux soldats ont appris à survivre.
L’entraînement à la survie est donc prioritaire. Qui dure, gagne. Dans cette affaire, le temps est avec vous : chaque année sera plus réussie que celle qui l’a précédée.
Par ici, la visite !

Prenons d’abord le temps d’examiner les fauves, avant qu’ils ne bondissent.
Il n’y a pas de classes détestables. A peu de choses près, j’aime toutes mes classes. Mais, au risque de choquer, j’appréhende chaque groupe d’élèves avec une méfiance instinctive : celle de l’individu isolé face à une meute hiérarchisée. Une meute prête à « bader » mon cours ou à me chahuter sans pitié, selon les circonstances. Selon que j’ai su m’imposer comme chef de ce clan, ou succombé, victime de mes maladresses. Victime de ma peur. Car une classe, ça sent la peur. Les élèves ont le goût du sang, la peur ça les excite.
Ces élèves, individuellement adorables, sont potentiellement dangereux pour l’équilibre de mon cours, dès lors qu’ils sont en groupe. Opportunistes et polymorphes, ces virus s’adaptent à toutes les situations : ils sont ce que le Maître est capable d’en faire. Lui seul en portera la responsabilité. Il n’y a pas d’élèves « gentils » ou d’élèves « méchants ». Il n’y a que des profs qui maîtrisent ou non leur métier, des profs qui assurent ou non leur survie. Telle classe, adorable et attentive de huit à neuf, se déchaînera avec férocité – filles comprises – de neuf à dix, cours dirigé par quelque jeune collègue débutant.
Rien d’amoral à cela : la tendance naturelle de nos « têtes blondes » est au chahut et à la rigolade, comme leur tendance culinaire les portent vers les frites, les pâtes ou les bonbons. C’est aux adultes que nous sommes, aux Maîtres que nous devenons, de leur montrer - leur imposer au besoin - les vertus du travail, de l’attention et de la discipline.
Caméra à 180 degrés, tournons-nous vers Blandine.

Même si votre jeunesse s’en offusque, vous voilà de l’autre côté de l’estrade, dans le camp des adultes. Finie l’insouciance, vous voilà responsable. Examinons l’arène.
Une classe, c’est un lieu où l’on apprend pour les uns, où l’on enseigne pour l’autre; le plus petit chahut y est inadmissible. À graver dans le marbre, juste au dessus de votre tableau noir : « Je suis la Patronne des lieux, je suis le Grand Maître du jeu. Ce n’est pas une poignée de boutonneux qui va faire la loi».
Car ces adolescents qui vous observent ne seront plus jamais vos copains. Vous vieillirez, ils auront toujours le même âge; vous serez payé(e) pour faire ça, pas eux; et si complicité il doit y avoir, ce sera une complicité de façade, une illusion de complicité que vous entretiendrez pour atteindre vos objectifs.
Car tout, dans l’enseignement, est représentation et mise en scène.
Un bon enseignant est un bon comédien. Un camelot capable de vendre n’importe quelle marchandise à n’importe quel public.
Capitaine d’un bateau qui ne demande qu’à tanguer, vous jouerez tous les rôles : Fouettard, Marie Noël, Bozo le Clown… Le meilleur et le pire. Vous jouerez selon les circonstances, selon que vous soyez un gaillard de deux mètres ou une jeune fille amoureuse des livres. A chacun selon ses moyens, il y a mille façons de réussir son enseignement. Pas de recette miracle à vous proposer mais un conseil : adaptez-vous au public, avancez, reculez, devenez polymorphe. Au final, ne lâchez rien; gardez le cap. Tous les moyens sont bons pour amener l’équipage à bon port, si possible plus cultivé que lorsque vous en avez pris livraison. Tous les moyens, sauf l’injustice.
La seule chose que les élèves ne pardonnent jamais.

Zoom maintenant sur la pauvre Blandine.
Démunie, isolée, attachée au poteau… Avec tous ces lions qui s’approchent !
Un bon enseignant doit connaître et accepter ses faiblesses. Et s’il le faut, il doit les mettre en scène... Pour mieux les masquer ! Car parfois, pour démarrer, il est plus facile d’utiliser ses « défauts », qu’essayer d’inventer des qualités que l’on n’a pas encore. Trop abstrait ? Prenons un exemple.
Vous êtes une jeune fille plutôt mignonne. Bien éduquée, respect des enseignants, ex-bonne élève appliquée. Des idées généreuses plein la tête, des illusions colorées sur votre mission d’enseignante. Premier poste dans le XVème à Marseille.
Là, vous allez vite comprendre quel regard les gosses de banlieue portent sur la femme… Surtout la femme soupçonnée de détenir le pouvoir et de vouloir l’exercer. Au lieu de se contenter – en toute modestie - d’être une poupée désirable.
Inutile bien sûr, de tenter la crise d’autorité. L’épreuve de force à la Rambo, le moulin à sanctions. Soyez réaliste : la nature ne vous a pas taillée pour ça. À l’inverse, il vous faudra attendre quelques dizaines d’années avant de pouvoir utiliser cette rassurante image maternelle que renvoient les enseignantes plus âgées. Oubliez également les punitions, les colles, les rapports à répétitions. Ricanement narquois des récidivistes, surenchère des jeunes mâles de la meute, youyous des pom-pom girls. Alors ?
Alors, pourquoi ne pas jouer cartes sur table ? Provoquer, à la première occasion, un débat avec les élèves sur leur vision de la femme. Discuter de sa place dans notre société - vous aurez rapidement les filles de votre côté. Leur demander franco ce qu’ils attendent d’un enseignant, ne pas cacher que vous débutez, ils le savent déjà. Vous pourrez séduire avec élégance et gentillesse – contre-feu à leur désir agressif - jouer sur les points faibles du code « macho », établir les bases d’un contrat et, par la suite, leur rappeler régulièrement la parole donnée…

Si vous êtes assez malin(e) pour survivre aux trois premières années – le SIAES et ses délégués sont à votre service pour vous y aider - vous serez probablement sauvé(e). Car d’année en année vous enrichirez votre base de donnés « élèves ». Vous perfectionnerez vos rôles, vos « trucs et manigances », votre piège à enseigner. Vous éviterez les erreurs de l’année précédente, transformerez l’essai de vos réussites. Vieux loup de mer, vous saurez prévoir les tempêtes, anticiper les chahuts, contourner les écueils de la provocation. Vous consacrerez moins de temps à rétablir la discipline.
Vous aurez plus de temps pour peaufiner vos cours.
Richard TRONC – Secrétaire Adjoint. Élu CAPA certifié
richard.tronc@siaes.com
 

 

En prouvençau…
De proufessour pas ourdinàri.

Quouro ai passa moun Capes i’a quauquis annado d’acò , me sariéu jamai douta qu’un jour i’aurié uno questioun que me farié ferni … La vaqui :
« Sias proufessour, e de queto matèri ? »
Es à parti d’aquéu moumen que coumence à susa à gròssi gouto.
Assaje de respondre emé l’èr lou mai serious dou mounde (meme se siéu deja entrin de rire de la responso que va veni)
-« De prouvençau. »
E me creirès se voulès, nautri li proufessour de prouvènçau n’en avèn ausi de bono !
Li mai courènto estènt : « Acò es pas ourdinàri ! » « Acò eisisto ? » « Fasès de benevolat »….
E pièi quauquis un van meme mai liuen e countunion la charadisso pèr de questioun pèr lou mèns estrange !
D’ùni nous demandon pèr de que venèn pas trabaia vestido emé lou coustume. Pèr ié respondre, ai chausi de dire que lou farai quand lou proufessour d’anglès fara soun cous en kilt !
D’autri soun estouna de vèire que i’a d’escoulan de Z.E.P. que fan de Prouvènçau (coume s’aprendre la lengo e la culturo de sa regioun sarié marrit pèr aquéli jouine o coume se faudrié èstre prouvènçau despièi tres generacioun pèr s’interessa à-n-aquelo lengo !)
Alor, se à la rintrado, rescountras de proufessour de prouvènçau, anas parla em’éli saran ravi de vous esplica sa passioun, i’a un mouloun de causo de dire ; car d’efet sian bèn de proufessour d’uno matèri pas ourdinàri…
Sandrino HUYNH
Traduction.
Quand j'ai passé mon CAPES il y a quelques années je ne me serais jamais doutée qu'un jour j'aurais une question qui me ferait frémir … la voici : " De quelle matière es-tu professeur ?"
C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à transpirer à grosses gouttes. J'essaie de répondre avec l'air le plus sérieux du monde ( même si je ris déjà de la réponse qui va venir) : " De provençal".
Et vous me croirez si vous voulez, nous autres, les professeurs de provençal, on en a aussi de bonnes ! Les plus courantes étant " Ca , c'est pas ordinaire !" " Ca existe ? " " Tu fais du bénévolat ? "…
Et quelques uns vont même plus loin et poursuivent la conversation avec des questions pour le moins étranges.
Les uns nous demandent pourquoi nous ne venons pas travailler en costume ! Pour leur répondre j'ai choisi de dire que je le ferai quand le professeur d'anglais fera son cours en kilt !
Les autres sont étonnés de voir qu'il y a des élèves de ZEP qui font du provençal, comme si apprendre la langue et la culture de sa région serait mauvais pour ces jeunes, ou comme s'il fallait être provençal depuis trois générations pour s'intéresser à cette langue !
Alors , si à la rentrée, vous rencontrez un professeur de provençal, allez parler avec lui, il sera ravi de vous expliquer sa passion, et il a un " moulon" de choses à dire. Car , en effet, on est bien des professeurs d'une matière pas ordinaire…

 

HORS CLASSE des AGREGES 2006

La CAPA hors classe des agrégés s'est tenue le 29 mai au rectorat. Il s’agissait d’établir la liste des propositions académiques pour la CAPN (ministère) du mois de juillet. Préalablement, un groupe de travail s’est tenu le 24 mai afin de parvenir à un meilleur équilibre entre les différentes disciplines, par rapport aux années précédentes.
D’un commun accord, nous avons ajusté le barème en jouant sur les "90 points recteur", pour tenir compte du poids relatif de chaque discipline en terme d'effectif. A l'issue de la CAPA les disciplines initialement déficitaires (Mathématiques, Lettres modernes, Lettres classiques, Histoires Géographie, Espagnol) sont correctement représentées.
Le travail s'est concentré sur les 166 premiers promouvables de la liste académique.
Les disparités constatées initialement sont essentiellement dues à la différence de pratique de notation pédagogique par les IPR-IA des différentes disciplines. Il existe bien une harmonisation nationale des notes pédagogiques mais uniquement dans chaque discipline, et pas entre elles.
Par exemple pour notre académie, la note pédagogique moyenne au 11ième échelon est de pour 57 les STI et de 47 pour les Lettres modernes. Le S.I.A.E.S. compte intervenir lors d'une prochaine audience avec le Recteur pour demander une harmonisation de la notation pédagogique entre les différentes disciplines de notre académie.
Le 12 juillet est paru sur SIAP la liste des promus à la Hors classe, suite à la CAPN. Voici l'analyse que nous pouvons en faire. 84 collègues ont été promus pour l'académie d'Aix-Marseille pour 70 attendus (prévision rectorale d'après données du ministère).
Il y a 62 collègues promus parmi les 70 premiers de la liste académique, soit 88%.
Tous les promus sauf deux (rangs 213 et 228), soit 98%, font partie des 166 premiers de la liste académique, objet du travail en CAPA. Ceci valide, à notre sens, le travail de rééquilibrage engagé pour les années futures. Frédéric BOGEY Commissaire paritaire "Agrégés"

 

 

 TZR Premier remplacement de courte durée : ne pas être dépassé par les événements

Un lundi de mi-septembre vers 16h00. Cela fait déjà plusieurs jours que Mlle Prune, TZR, traîne ses tongs tous les après-midi sur la plage désertée par les touristes. Soudain, ce qu’elle n’attendait plus arrive : sonnerie du portable !
C’est le Principal du Collège Tarte. Ce monsieur lui annonce d’un ton sec (il ne doit pas aimer les TZR ) qu’elle doit faire une suppléance de trois semaines dans son établissement, qu’elle doit prendre son service dès le lendemain 8h 00. Il lui demande de prendre note : 8 à 10h la 3ème E, 10 à 12h la 6ème B et de 16 à 17h la 4ème H. Il répète... puis lui raccroche au nez sans qu’elle ait pu placer un mot. Prise de panique Mlle Prune se précipite chez elle, cherche l’adresse du Collège Tarte, scrute une carte routière, reprend ses cours d’IUFM, révise les programmes de 6ème et 3ème, se demande quels manuels ont les élèves, passe la nuit à préparer ses cours, part à 5h du matin pour ne pas arriver en retard dans ce collège qu’elle ne connaît pas.... bref c’est une catastrophe !
Vous allez me dire que j’exagère. Mais non. Même si cela est rare, sachez que vous risquez un jour de vous retrouver dans la même situation que Mlle Prune. Certains chefs d’établissements, au prétexte que vous n’effectuez que des remplacements, oublient que vous êtes des professeurs certifiés, ou agrégés, comme les autres. On vous dira que votre mission est d’assurer la continuité du service public d’éducation. Certes, mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une continuité PEDAGOGIQUE. Autrement dit : vous êtes des professionnels de l’enseignement, des pédagogues, et non des surveillants ou des sous profs. Et ça, il faut en convaincre les chefs d’établissement, par vos propos et votre attitude ( être courtois et professionnel est la meilleure arme qui soit contre les dérives de certains chefs d’établissement ).
Pour accomplir votre mission efficacement, voici les étapes à suivre :
1. Normalement, c’est le Rectorat ou votre établissement de rattachement qui annonce votre suppléance et non le chef d’établissement comme dans notre exemple. Dans le cas contraire, faites confirmer l’affectation par le Rectorat avant de passer à l’étape 2.
2. Contact téléphonique : téléphonez à la direction de l’établissement pour signaler que vous venez de prendre connaissance de votre suppléance. En général vous apportez une bonne nouvelle ! ils seront ravis et vous communiqueront jours de service et niveaux de vos classes. Demandez si on peut vous recevoir le lendemain matin pour prendre connaissance des lieux et préparer votre suppléance.
3. A compter de ce jour, vous disposez de 48h de délai pédagogique. Si vous êtes contacté un lundi, vous prendrez donc en charge vos classes le jeudi matin. Ce délai est indispensable pour vous rendre dans l’établissement, contacter le collègue que vous allez remplacer (continuité pédagogique oblige) et préparer correctement vos cours. S’il vous est refusé malgré ces arguments, prévenez nous.
4. Premier contact avec l’établissement :
• Entretien avec la direction : vous devez en ressortir, ayant rempli une fiche de renseignements, avec votre emploi du temps et la liste de vos élèves. Vous demanderez à être mis en relation avec le collègue que vous remplacerez.
Visite guidée de l’établissement : c’est souvent le chef d’établissement lui-même ou son adjoint qui vous accompagnent. S’ils ne sont pas disponibles ce peut être un surveillant.
A repérer : la salle des profs, votre casier, la photocopieuse, la vie scolaire, votre salle et son matériel, l’emplacement dans la cour qui correspond à votre salle.
• L’intendance : retirez votre trousseau de clés, demandez le code pour la photocopieuse ainsi que des craies ou feutres ( vous éviterez perte temps, cafouillage et agitation des élèves ), demandez où il faut retirer un carnet d’appel.
• Vie scolaire : vous présenter, voir le CPE, demander le trombinoscope que vous utiliserez pour faire l’appel ( cela dissuade certains élèves de répondre à la place d’un autre, un "classique" ), selon l’établissement demandez quelques exemplaires de rapport et fiche d’exclusion ( certaines classes peuvent vouloir vous faire craquer dès la première heure ! )
• CDI : vous présenter et demander un exemplaire des manuels d’élève si besoin.
5. Préparation des cours à partir des informations données par le collègue que vous remplacez et / ou des cahiers de textes.
6. Premier jour de remplacement :
• L’arrêté d’affectation : à signer le premier jour. Si vous ne l’avez pas dans votre casier il faut le réclamer au secrétariat. Ce document est à conserver impérativement. Indiquez bien votre droit aux ISSR.
• Les élèves : personnellement j’agis comme s’ils étaient mes propres élèves. J’attends d’eux la même attitude, que ce soit dans le travail ou le comportement. Je me présente, dis combien de jours nous allons travailler ensemble, fais un plan de classe en même temps que l’appel. Ensuite, au travail !
7. Dernier jour :
• Rendre les clés, même si le chef d’établissement vous dit que le collègue n’a pas donné de ses nouvelles et qu’il risque de ne pas reprendre le travail (sous entendu : " venez quand même " !). À chacun son boulot et ses responsabilités : le collègue doit avertir sa hiérarchie, qui elle-même fait une demande de prolongation de suppléance au Rectorat, et ce dernier vous avertira si vous devez y retourner. Vous constaterez que bien souvent les choses ne se font pas dans les temps. Ce n’est pas à vous de pallier aux dysfonctionnements de l’administration ! Vérifiez que les formulaires de paiement des ISSR ont bien été remplis.
• Normalement le collègue doit vous contacter pour connaître votre progression et reprendre le flambeau dans les meilleures conditions possibles.
Maintenant il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bon courage et une année scolaire aussi bonne que possible !
Fabienne CANONGE – Responsable TZR