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Protocole sanitaire : entre accueil de masse et protection.

 

16 octobre 2020

 

L’Etat est théoriquement garant de l’application des lois. Les entreprises privées sont sommées de respecter la règlementation en vigueur sous peine de sanctions. Cependant, quand il est question des fonctionnaires et des usagers des services publics, le gouvernement a tendance à se soustraire aux lois, sans subir de conséquence. Prenons les exemples de la médecine du travail et de la reconduction de CDD. Dans le secteur privé, l'employeur qui ne respecte pas les dispositions relatives aux examens médicaux (embauche et suivi, visites périodiques) peut être sanctionné. Pour les services publics et pour l’Education nationale en particulier, la carence en matière de suivi périodique est flagrante avec toutes les conséquences que cela engendre sur la santé des agents, sans entrainer aucune sanction. Quand dans le secteur privé le Code du Travail interdit la reconduction d’un CDD plus de deux fois, un contractuel de l’Education nationale peut voir se succéder de très nombreux CDD sans obtenir un CDI. Nous nous trouvons confrontés à cette dualité dans le cadre de la gestion de la crise de la COVID-19 au sein des établissements scolaires.

Le Ministre Jean-Michel Blanquer a fixé deux objectifs pour la rentrée 2020 : la continuité pédagogique en accueillant tous les élèves et la protection des élèves et des personnels. En réalité, la satisfaction coûte que coûte du premier objectif se fait au détriment du second.

Comment protéger les élèves et les professeurs quand le ministère écrit que « la distanciation physique n’est pas obligatoire lorsqu’elle n’est matériellement pas possible ou qu’elle ne permet pas d’accueillir la totalité des élèves » (extrait des questions-réponses COVID-19 sur le site internet du ministère) ? Cette phrase ubuesque est symbolique de la calamiteuse gestion ministérielle de la crise sanitaire.

Une doctrine pour le secteur privé, une doctrine pour l’Education nationale.

Des mesures extrêmes, sans être nécessairement efficaces ou pertinentes, sont prises dans tous les secteurs, sauf dans les établissements scolaires afin de continuer à « garder les enfants » et ainsi permettre aux parents d’aller travailler. Nous sommes loin de la propagande visant à mettre en avant le « décrochage scolaire », les « violences familiales » durant le confinement et l’intérêt des élèves confrontés à des difficultés scolaires.

L’exemple de l’éducation physique et sportive va nous permettre d’étayer notre propos. La pratique d’une activité sportive est-elle risquée ? Pourquoi était-elle limitée à 10 personnes par le gouvernement au pic de l’épidémie et autorisée pour 25 à 35 élèves dans les établissements scolaires à la rentrée 2020 ? Pourquoi la distanciation lors des activités, qui était de 5 mètres lors du pic de l’épidémie, se trouve-t-elle réduite à 2 mètres dans le nouveau protocole sanitaire ? L’aérosolisation du SARS-CoV-2 serait-elle moindre à compter du 1er septembre 2020 ?

Face au risque annoncé, le gouvernement prend des mesures qui restreignent les libertés individuelles dans l’espace public et les sociétés privées : obligation du port du masque partout (espaces clos, publics et extérieurs), limitation du nombre de personnes dans les rassemblements, distanciation d’un mètre dans toutes les situations. Paradoxalement, malgré les risques importants, tout est fait dans les établissements scolaires pour que la pratique des activités sportives soit quasiment normale : pas de distanciation lorsque cela n’est pas possible ou que l’activité ne le permet pas, pas de masque dans les gymnases et les salles d’activités. Dans le même temps, aucune dérogation n’est accordée aux entreprises privées, même lorsque des dispositifs de protection (plexiglas, séparations etc) ont été mis en place. Le protocole sanitaire et la fiche spéciale EPS de rentrée incitent à proposer des activités mettant en danger les élèves, les professeurs et leurs familles respectives.

Au vu des préconisations du gouvernement et puisque certaines municipalités ne mettent pas à disposition leurs installations sportives pour des questions de responsabilité, les cours d’EPS devraient se dérouler avec le masque, ce que nous refusons pour des raisons pratiques et de santé évidentes. Les cours sans masque à l’intérieur et à l’extérieur contreviennent aux décisions gouvernementales. Les salles d’activités de type DOJO et les salles de danse ne devraient pas être utilisées avec une classe entière à cause de l’étroitesse des locaux. Une adaptation floue au regard du protocole est demandée au chef d’établissement et à l’équipe d’EPS. Si l’administration, à quelque niveau que ce soit, souhaite passer outre les décisions relatives au protocole sanitaire national, le SIAES - SIES demande que ces décisions soient notifiées par écrit aux équipes d’EPS et invite les professeurs d’EPS à prendre leurs responsabilités : soit enseigner l’EPS en contradiction avec les recommandations scientifiques et institutionnelles ; soit remplir des fiches RRST et DGI pour mise en danger des enseignants et des élèves et éventuellement exercer leur droit de retrait.

Que penser de l’omerta qui règne dans les établissements au sujet des cas de COVID-19 ?

Notre analyse est renforcée par une tribune d’un collectif de médecins qui estime que le protocole sanitaire « ne protège ni les personnels, ni les élèves, ni leurs familles », que « l’école n’est pas prête » et que « rien ne semble empêcher les écoles de devenir des clusters ». L’économie reste et restera encore et toujours l’ennemie de la santé.

 

Christophe CORNEILLE - Secrétaire exécutif EPS, commissaire paritaire, membre du CHSCT 13

 

Article publié dans le "Courrier du SIAES" n° 86 d'octobre 2020

 

 


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