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Protocole sanitaire : la pensée magique ministérielle.

 

16 octobre 2020

 

Notre pays, absolument pas préparé à faire face à la pandémie de COVID-19, a été plongé dans un état de sidération de mars à mai. Rentrée 2020, bis repetita. La gestion catastrophique de la crise sanitaire qui conduit également la Nation à la faillite, par des dirigeants qui, depuis six mois, n’ont tiré aucun enseignement de leurs erreurs, se poursuit : impréparation totale, absence d’anticipation, mensonges d’Etat, décisions incohérentes voire absurdes, absence de stratégie globale et mesures inadaptées.

Les incantations - « nous sommes prêts » - du ministre de l’Education nationale illustrent la pensée magique présidentielle et ministérielle. Les personnels et les élèves en font les frais !

L’histoire retiendra-t-elle que le président de la République et ses gouvernements successifs auront été les tragiques généraux Gamelin de la « guerre » qu’ils ont déclarée au coronavirus SARS-CoV-2 ?

Un syndicat n’est évidemment pas compétent pour prendre position sur un sujet éminemment scientifique et médical qui divise les spécialistes mondiaux. Le SIAES - SIES se limitera à une approche pragmatique visant à préserver la sécurité des personnels de l’Education nationale, des élèves et par extension de leurs familles et entourages respectifs.

Il est impossible de dissocier la sécurité au travail des professeurs et des autres personnels de l’Education nationale de la sécurité au travail des autres fonctionnaires et des salariés du secteur privé. Si les particularités de l’Education nationale doivent être prises en compte, une stratégie nationale globale est impérative.

Identifier rapidement les sujets positifs afin qu’ils ne contaminent pas d’autres personnes est la meilleure façon de protéger les personnels et les élèves. Ne pas permettre à sa population d’avoir accès à un test PCR dans la journée en cas de suspicion de COVID-19 ou de contact avec une personne malade est indigne de la sixième puissance économique mondiale et symptomatique du manque de volontarisme de ceux qui ont la charge de diriger le pays. Tester massivement la population et communiquer le résultat du test PCR plus d’une semaine après le prélèvement n’est d’aucune utilité pour lutter contre la propagation de la maladie. Il faut que tout personnel de l’Education nationale et tout élève faisant l’objet d’une suspicion de contamination ou ayant côtoyé un sujet positif puisse être testé dans la journée et obtenir le résultat sous 24 heures. Le gouvernement s’obstine à refuser de s’inspirer d’organisations et de stratégies qui font depuis dix mois quotidiennement la preuve de leur efficacité, telles celles mises en place à l’IHU Méditerranée Infection de Marseille qui teste quotidiennement des milliers de personnes et qui délivre le résultat en moyenne sous 8 heures (en 20 minutes si urgence), jamais au-delà de 24 heures.

Quelle est l’origine du problème ? Une pathologie particulièrement mortelle causée par un virus extrêmement virulent ou bien un cruel manque de lits d’hôpitaux et de places dans les services de réanimation combiné à un nombre insuffisant de personnels soignants ? Le nombre de lits dans les services de réanimation est totalement dérisoire par rapport à la population d’une région (seulement environ 450 lits en réanimation et 700 lits de surveillance continue pour les 6 départements de la région PACA, soit une population de plus de 5 millions de personnes). Les effets de plusieurs décennies de fermetures de lits, de suppressions de postes, de restrictions budgétaires dans le domaine de la santé se font durement sentir. Cela interroge également sur la capacité des structures hospitalières de notre pays à faire face à une catastrophe industrielle de grande ampleur ou à une attaque terroriste bactériologique ou chimique.

Cette crise met en lumière des sujets extrêmement terre à terre, régulièrement évoqués par les professeurs et les élèves, que notre administration n’a jamais pris au sérieux : l’hygiène des locaux, l’hygiène des toilettes et l’accès à des points d’eau en nombre suffisant permettant de se laver régulièrement les mains. La mise à disposition, en quantité suffisante, de gel hydro-alcoolique dans chaque salle est impérative. L’administration devrait également fournir quotidiennement des masques chirurgicaux jetables et des FFP2 aux personnels.

Il est aisé de mettre en parallèle la crise des vocations qui affecte l’Education nationale et la difficulté que rencontre notre ministère lorsqu’il s’agit de recruter des lauréats ayant un bon niveau disciplinaire avec la crise du recrutement à l’hôpital public, le manque de médecins, d’infirmières, d’aides-soignants. Mêmes causes, mêmes effets. Ces deux crises résultent de rémunérations misérables sur fond de dégradation des conditions de travail.

Nous assistons à une attaque en règle contre les sachants et une volonté de les transformer en de simples exécutants : scandaleuses tentatives de remise en question de la liberté académique lorsque des universitaires ont exprimé des théories scientifiques ou exposé des faits avérés qui n’allaient pas dans le sens de la politique conduite par les dirigeants du pays ou qui étaient contraires aux intérêts économiques de grands groupes pharmaceutiques ; atteintes à la liberté de prescription des médecins. Cela n’est pas sans rappeler les entraves à la liberté pédagogique individuelle du professeur que le SIAES - SIES dénonce régulièrement.

Depuis la rentrée, les professeurs et les autres personnels de l’Education nationale sont particulièrement exposés et ne peuvent malheureusement pas compter sur un ministre dogmatique qui n’a pour eux aucune considération.

 

Jean-Baptiste VERNEUIL - Secrétaire général du SIAES, Président du SIES

 

Editorial du "Courrier du SIAES" n° 86 d'octobre 2020

 

 


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